Bonjour à tous,
En ces jours moroses, je publie mon feedback sur le Kennerton Odin, généreusement prêté par Pierre PAYA.
Pendant quelques jours, j’ai pu écouter une partie de ma discothèque, et comparer l’Odin à mes deux casques, l’Audeze LCD-X et le Sennheiser HD800.
En préambule, je tiens à vous avertir que ce feedback est complètement subjectif, et surtout non professionnel. Je m’excuse donc d’avance pour les éventuelles approximations, et le vocabulaire d’audiophile du dimanche.
PROTOCOLE
MatérielLes casques sont branchés sur mon rack Hi-Fi composé de:
- PC Asus Eeebox (Foobar 2K)
- DAC Aqua Hifi La Scala MKII
- Ampli casque Eddie Current Zana Deux SE
Les câbles USB et modulation utilisés sont de marque Atlas, milieu de gamme.
Le Zana Deux étant particulièrement sensible à son tube d’entrée 6SL7, j’ai choisi d’utiliser un tube « neutre », à savoir le fameux Tung Sol 6188, dans sa version plutôt rare 6U7GTY Brown Base Black Glass. C’est un tube militaire, années 50 pour le mien, offrant un son très équilibré, ainsi qu’une transparence et dynamisme remarquables.



MusiqueJe suis un passionné de musiques extrêmes (Punk, Metal) mais je m’ouvre aussi à d’autres genres tels que la musique classique et l’Electro Dance Music.
Ma playlist de test est au format Flac.
STAY HUNGRY – Against The Wall – False Reality: groupe suédois, jouant du Hardcore Old School / Youth Crew. Le genre, né dans les années 80, est caractérisé par des titres courts, une section rythmique très rapide, bien sautillante et groovy, une voix éraillée mais peu puissante, ainsi que des lyrics positifs. Stay Hungry a splitté en 2014 après un album et un EP.
COLDBURN – The Harsh Fangs Of Life – Losing Game: groupe allemand, jouant du Hardcore Modern. C’est le genre de Hardcore que l’on retrouve le plus aujourd’hui, il se caractérise par des titres plus longs, et un durcissement du jeu (section rythmique, riffs, voix).
KID DYNAMITE – Shorter, Faster, Louder – Living Daylights: groupe US, jouant du Melodic Punk Rock. Ce genre offre également une musique punchy et directe, tout en incorporant des riffs et voix plus mélodiques. KD était un des groupes phares du genre fin des années 90.
DROPKICK MURPHYS – The Warrior’s Code – I’m Shipping Up To Boston: groupe US, ayant démocratisé le Celtic Punk Rock dans les années 90. Ce genre incorpore des instruments cuivrés aux traditionnels instruments Punk Rock. DKM, toujours en activité, a écrit l’hymne des Boston Red Sox, et le titre ici en question est présent dans Les Infiltrés de Scorsese.
SYSTEM OF A DOWN – Mesmerize – BYOB: groupe US, fer de lance du Neo Metal depuis les années 90. Le Metal est un enfant extrême du Rock, popularisé dans les années 80, ayant lui-même engendré d’autres petits dont le Neo Metal, plus accessible grâce à l’apport d’éléments Hip-Hop, électronique, MTV, etc.
INFEST – Moshroom – Rent A Wife: groupe basque, un des meilleurs groupes francais de Grindcore / Powerviolence. Ce genre est ce qui se fait de plus brutal en Metal, de par la vitesse d’exécution, les blast beats ainsi que les vocaux gutturaux, sans compter les lyrics ultra engagés ou complètement second degré (gore/porno Grind).
EPTIC – Immortal – Spellbound: jeune prodige belge, spécialisé en musique électronique et particulièrement en Dubstep. Ce genre de musique électronique est apparu fin des années 90, et se caractérise par un rythme syncopé et une ligne de percussions accompagnée de basses impressionnantes.
JOHNNY HALLYDAY – Rester Vivant – Seul: la légende du Rock français, avec une voix extraordinaire.
JAY-Z & ALICIA KEYS – The Blueprint 3 – Empire State Of Mind: on ne présente plus le couple, stars du Rap et R&B.
VIVALDI – RV315 – Presto: le violoniste et compositeur italien, est particulièrement fameux pour son œuvre des 4 Saisons. J’ai choisi l’interprétation exceptionnelle de Carmignola accompagné par l’Orchestre Baroque de Venise.
COMPARATIF
Matériaux et design – Odin > LCD-X > HD800Le
HD800, bien que bien construit et fini, passe pour un playmobil à côté des deux planar.
L’
Odin utilise des matériaux de qualité: bois, cuir, metal. Pas l’ombre d’une pièce en plastique. C’est beau, solide avec une finition exemplaire.
Le
LCD-X est dans la même veine avec des matériaux de qualité et une finition tout aussi exemplaire.
Côté design, affaire de goût personnel, l’Odin me séduit par son côté vintage, suivi de près par le LCD-X. Le HD800 me laisse dubitatif.
Confort – HD800 >> Odin > LCD-XL’
Odin et le
LCD-X sont lourds (650g)…toutefois l’Odin assure plus que le LCD-X grâce à son système simple, ingénieux et ultra précis de réglage des pads (hauteur, rotation horizontale 380°, rotation verticale de quelques degrés), son double bandeau, et ses pads bien calibrés.
Après une demi-journée à le porter sans break, je peux dire que son poids se répartit mieux donnant la sensation d’être plus léger et mieux stabilisé au port, n’engendrant ni point de pression, ni sensation de confinement faisant parfois défauts au LCD-X.
Attention quand même aux petites têtes qui risquent d’avoir les oreilles hors des pads de l’Odin!! En effet sur moi, l’Odin est réglé au minimum contre la moitié sur le LCD-X. Le bandeau élastique de l’Odin mériterait à être plus tendu pour les petites têtes.
Le
HD800, deux fois moins lourd, est sans surprise le casque le plus confortable, n’exerçant aucune pression, et laissant les oreilles respirer.
Câble – LCD-X > HD800 > OdinJe ne jugerai pas ici la qualité des câbles, faute de benchmark et de compétence technique.
A minima déjà, très bon point :
- Les 3 câbles sont détachables
- Les connecteurs casque sont solides
Nb: l’Odin et LCD-X partagent les mêmes connecteurs casque, les câbles sont donc interchangeables.
Côté
Odin, je ne comprends pas le choix de proposer un câble de seulement 2m…cela est complètement inadapté pour chez moi. Même constat pour la terminaison 3.5mm. Mince on est en sédentaire !
Le
HD800 propose une configuration logique avec un câble de longueur importante (3m) terminé en 6.5mm.
Le
LCD-X domine la catégorie grâce à un câble suffisamment long (2.5m), et surtout deux types de terminaison (6.5mm, XLR).
Basses – Odin = LCD-X >> HD800Le
HD800 est clairement en deçà, avec des basses certes dynamiques, mais bien moins de matière et de profondeur que les deux planar.
Les
planar offrent une restitution des basses bien descendante et pleine de matière. Le constat est flagrant sur du Dubstep (ôde aux basses et infra basses), lors des vibrations générées par l’orchestre de Venise, la basse de Stay Hungry (break à 1min10) ou encore enfin au démarrage du titre de DKM.
Difficile de les départager, l’écart se faisant sur l’impact (j’en parlerai plus tard).
Mediums – Odin = LCD-X >> HD800La technologie planar fait encore des merveilles. Les mediums de l’
Odin et du
LCD-X sont exquis.
Le
HD800 ne peut rien face à leur épaisseur et onctuosité.
Pour s’en convaincre, écoutez les refrains de SOAD, où le jeu de guitare est rendu avec un naturel déconcertant (palm mutes, bend), ou le break final de Coldburn (2min10), et aussi les samples Electro d’Eptic.
Les voix également reçoivent toute l’attention qu’elles méritent. Alicia Keys, Johnny Hallyday, SOAD, et tous les gangs vocals en sont les meilleures preuves.
Encore difficile de départager les deux planar, l’écart se faisant non pas sur la matière, mais sur le dynamisme et la séparation des instruments (j’en parlerai plus tard).
Aigus – Odin >> HD800 > LCD-XLe
LCD-X est clairement le moins bien loti car les aigus les plus hauts sont clairement atténués. Ainsi, les cris de SOAD, les cuivres et accordéon de DKM, et autres cymbales manquent d’extension.
Ce n’est pas gênant sur des styles extrêmes (Punk, Metal) du fait de la quantité d’informations sur le spectre inférieur.
Le
HD800 s’en sort mieux, avec un aigu bien présent, non coupé, mais qui a tendance à être légèrement sibilant, comme sur les cris de SOAD, les envolées d’Alicia Keys, ou encore les percussions d’Eptic.
L’
Odin, lui assure, proposant un aigu plein d’extension, avec de la matière, n’agressant jamais. En résumé, je redécouvre tous les albums de Punk avec ce haut du spectre accessible.
Cohérence spectre – Odin = HD800 > LCD-XLe
LCD-X avec son aigu un peu en retrait, et sa légère mise en avant des basses et mediums est un poil déséquilibré. Encore une fois, cette approche fait un tabac sur les musiques extrêmes, et les genres à voix.
L'
Odin et le
HD800 sont particulièrement bien équilibrés, le match nul s’impose.
Transparence – HD800 > Odin > LCD-XLe
HD800 est le champion de cette catégorie avec sa restitution hyper chirurgicale. Chaque instrument est isolé, offrant tous les détails de l’enregistrement. Objectivement top, d’où la tête du classement. Cependant, je trouve cela trop analytique, entrainant à mon sens un manque de vie, d’émotion, sans compter sa totale intolérance aux mauvais enregistrements ou production peu généreuses (Infest, Stay Hungry).
Le
LCD-X est pour le coup moins transparent, avec une moins bonne séparation des instruments. Certes moins fidèle, cela le rend adapté pour les genres extrêmes dynamiques, qui cumulent assez régulièrement avec un enregistrement peu avenant.
Le planar d’Audeze propose également une très légère matité, qui peut rendre certains titres froids (Kid Dynamite, musique classique).
L’
Odin quant à lui se rapproche de l’HD800 sans toutefois tomber dans son extrémisme. Il permet de profiter d’un excellent niveau de détails et de séparation des instruments, sans être trop analytique ni totalement intolérant aux mauvais enregistrements. Je cite le titre d’Infest, où la production compacte-étouffée gagne en aération, tout en restant écoutable.
Dynamisme – HD800 > Odin > LCD-XLe
HD800 est encore une fois au-dessus des planar. Hyper dynamique, tout est tenu, tendu, affuté, mais il tombe dans l’extrême, le rendant peu polyvalent.
A contrario, le
LCD-X souffre d’un léger côté pataud dans ses basses et bas mediums.
L’
Odin propose le bon compromis. C’est un pur régal sur la section rythmique, coquin, puncheur, ne tombant jamais dans l’extrême. C'est particulièrement flagrant sur les basses, tendues comme un arc. Cet impact n’engendre jamais d’agressivité...Il n’y a qu’à entendre la fluidité des palm mutes de Stay Hungry, ou le glissement de l’archer de Carmignola sur son violon.
Soundstage – Odin > LCD-X > HD800Le soundstage de l’
HD800 est déséquilibré, en étant bien plus large que profond (x2 au moins), avec un placement de l’auditeur loin devant la scène. Pour moi, cette restitution n’est uniquement adaptée qu’à la musique classique.
Celui de l’
Odin et
LCD-X est particulièrement équilibré, proportionnel. La seule différence réside à quelle place vous êtes assis. Le LCD-X est une dizaine de rangs devant la scène, vous ressentez donc toute l’intensité du jeu comme à un concert. Avec l’Odin, vous êtes 3 ou 4 rangs derrière le LCD-X, ce qui lui confère une polyvalence accrue en donnant d’excellents résultats sur de la musique classique.
Importance de l'alimentationIl m’est difficile de me prononcer car je ne possède pas une armée de DAC et amplis.
Tout d’abord, je n’ai pas testé les 3 casques sur mon Colorfly C4 Pro, ne comprenant pas le concept de brancher un casque Hi-Fi sédentaire sur un DAP (principe de mettre un cube dans un trou carré et une boule dans un trou rond).
Je peux à minima fournir ces éléments:
- Je prends tout autant de plaisir à écouter l’Odin ou le LCD-X avec mon rack qu’avec l’ensemble Viva (Numerico, Egoista) que j’avais pu tester 2 heures il y a quelques semaines.
- Le DAC La Scala, comparé au Wyred4Sound, apporte un supplément de chaleur (tubes), dynamisme, soundstage, et détails, en bref un supplément de musicalité. L’impact de l’upgrade de DAC est plus net sur l’Audeze que sur le Kennerton.
CONCLUSION
Pour conclure, ce round 2 avec l’Odin a confirmé mes premières impressions, tant je me suis régalé ces quelques jours.
L’
Odin est pensé et produit avec beaucoup d’amour: il est beau, bien fini, proposant une musicalité magnifique (spectre audio équilibré, dynamisme fluide, soundstage proportionnel)…personnellement, je n’étais jamais allé aussi loin dans la justesse de la restitution. Cette justesse lui permet d’être d’une polyvalence étonnante, et surtout de vous faire vivre de belles émotions (effets foot taping et dressage de poils garantis).
On regrettera seulement quelques défauts, finalement physiques, qu’on mettra sur le compte de la jeunesse: câble beaucoup trop court, terminaison 3.5mm, réglage des pads inadapté aux petites têtes.
Par rapport au
HD800, l’Odin surclasse par sa polyvalence sur tous les genres musicaux et par son soundstage cohérent.
Par rapport au
LCD-X, le match est particulièrement serré, jouant des coudes sur les musiques extrêmes; mais ma préférence va également à l’Odin, au final un peu plus réaliste (équilibre spectre, supplément détails et dynamisme) et polyvalent (classique).
Pour finir, j’exprime tout mon respect aux fondateurs de Kennerton pour afficher là aussi un prix réaliste compte tenu des prestations. Je leur souhaite de bousculer et percer sur le marché de la Hi-Fi haut de gamme qui s’auto-caricature de plus en plus.
Enfin je remercie encore Pierre PAYA pour m’avoir permis cette expérience ainsi que son sens aiguisé du service client.