» 12 Juin 2011 12:25
Je me suis rendu chez Igor après plusieurs tentatives ratées.
À ce stade de développement du fil, un CR de plus n’aurait aucun intérêt.
Il se trouve toutefois qu’à la suite des mesures effectuées par Ohl, une nouvelle égalisation a lieu, si bien qu’il m’a été donné de comparer l’égalisation TMS et celle de Ohl.
Je ne décrirai pas de nouveau le système d’Igor , maintenant bien connu, mais il faut tout de même remarquer qu’on est surpris par la taille très raisonnable de la pièce (22 m²), du fait qu’elle ne ressemble en rien à un studio (les traitements sont dissimulés). On l’est aussi de la présence de la baie vitrée (non-sens acoustique a priori), de la porte vitrée spéciale pesant 160 kg (qui a parfaitement passé le test de l’aspirateur).
Je partage les avis d’autres forumeurs sur la très grande qualité générale de l’écoute et ne m’attacherai ici qu’à la comparaison entre l’égalisation TMS et l’égalisation OHL en abordant au passage deux points saillants pour moi, L’incroyable profondeur du grave et les caractéristiques de l’écoute 5.1.
Je n’ai jamais, ni chez un particulier, ni dans aucune manifestation audio, entendu dans une pièce de dimension domestique un extrême grave présentant les qualités de profondeur,d’impact et de lisibilité du système d’Igor, le tout parfois avec une pression sonore parfaitement démente. Un disque test de percussions prêté à Igor par Fafa et des extraits du sacre du printemps de Stravinsky descendant à 20 Hz ont montré à très haut niveau de pression sonore les possibilités du système, sans pour autant en atteindre les limites. On peut penser que la capacité du système à simuler en partie le volume des salles de concerts (quand la prise de son le permet) trouve une explication dans la reproduction de l’extrême grave.
Aucun haut-parleur n’a rendu l ‘âme, ce qui m’apparaît incroyable sur le disque de percussions, aucune distorsion audible n’est apparue, le plus étonnant restant la définition intacte à ces niveaux dans une pièce aussi petite.
Précisons, pour apprécier la performance, qu’il s’agit d’enceinte de plus de 20 ans, d’un bon rendement mais pas extraordinaire, associé à des amplificateurs certes puissants (150 W/6 ohm par ampli) mais pas délirants et d'un prix particulièrement contenu. Il serait par ailleurs rigoureusement impossible, dans un immeuble d’habitation collectif, d’approcher le niveau atteint.
La comparaison entre les égalisations TMS et Ohl a montré des différences significatives :
-égalisation TMS : sensation spontanée (première écoute non comparative) de halo dans le bas médium, sans toutefois grossir les voix, et équilibre légèrement montant donnant une pointe d’agressivité mais au profit de l’intelligibilité. Curieusement, pour moi, un test de voix a montré un déplacement vers l’enceinte gauche.
-Égalisation ohl : disparition du halo (s’apparentant à une forme d’écho), équilibre plus descendants, moins fatigant mais moins intelligible (observation faite que j’ai un soucis d’oreille qui de manière générale me fait moins bien comprendre les conversations en milieu bruyant).
Il m’a été relativement difficile de choisir entre les deux égalisations. L’égalisation Ohl est clairement plus satisfaisante pour la partie moyenne et basse du spectre et donne une stéréo plus précise, mais j’ai parfois été gêné par une moindre lisibilité dans la partie haute du spectre. Un disque de jazz, que j’ai l’habitude d’utiliser, prise de son de proximité, a montré que le système + Ohl donne un résultat significativement différent de mon propre système (lui-même réputé pour une certaine crispation dans le médium aigu. J’y suis habitué depuis plus de 20 ans, et c’est peut-être la disparition de ce défaut qui m’a un peu gêné). Toutefois, habitué notamment du jazz « en cave », je pense que le Système d’Igor peut apparaître un peu en retrait sur le haut medium/aigu, notamment dans le dernier réglage retenu (Ohl-6).
La comparaison stéréo/5. 1 a eu lieu sur le BR d’un concert donné à Saint-Pétersbourg. La qualité de l’enregistrement stéréo était flagrante (au passage la Soprano est admirable, et je ne parle pas que de sa voix). Le passage en 5.1(avec centrale virtuelle) n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Rien de ridiculement spectaculaire provenant des enceintes arrières que, d’une certaine manière, on n’entend pas du tout.
Mais la sensation de volume de la salle s’élargit incontestablement, il y a un je ne sais quoi difficile à décrire mais très net qui reproduit mieux la sensation de la salle. Curieusement la précision du placement sur la scène avant est moins remarquable que dans la version stéréo, sans que je sache si c’est une particularité de la prise de son ou une conséquence de l’absence de véritable voie centrale chez Igor. Dans tout les cas de figure, cette prise de son était spectaculaire au bon sens du terme.
J’ai beaucoup apprécié la patiente précision du travail de Jean-Luc Ohl qui mesure, et mesure encore, et puis mesure de nouveau, si bien qu’en définitive, ça surprend, il n’a que peu semblé écouter, sinon et surtout du bruit rose et des applaudissements. Je comprends, en discutant avec lui, qu’il peut à partir du bruit rose et à force d’expérience caractériser l’équilibre et anticiper les défauts qui apparaîtront dans l’écoute musicale. C’est après tout très concevable. Il est bien plus facile d’apprécier une colorimétrie ou une définition en regardant une mire qu’en regardant des photos.
Enfin une observation qui, dans mes modestes expériences, notamment lors de quelques ABX kangourous, est une nouvelle fois confirmée.
Il est définitivement illusoire d’espérer caractériser avec certitude des différences si les niveaux ne sont pas alignés. Nous en avons fait l’expérience en comparant deux égalisations successivement effectuées par Jean-Luc. La différence sautait aux oreilles. Mais une fois ramenées au même niveau, elle devenait si subtile que seuls nos deux professionnels l’entendaient encore, mais moi je n’entendais plus rien avec certitude.
Vérification faite, il ne s’agissait pourtant que d’une correction de 0,5 dB sur une plage de fréquences étroite. Ce que nous avions entendu auparavant, notamment un luxe de détails supplémentaires (pour moi) n’était que la conséquence d’une différence de niveau mal interprétée.
Grand merci à Igor pour son accueil et ravi de revoir Ohl.