SEM a écrit:il est également amusant de constater que le mouvement soixante huitard qui a ringardisé le général, a finalement beaucoup plus mal vieilli que lui.
On croirait lire Sarkozy dans le texte. Sarko est viscéralement opposé à Mai 1968. Forcément un mouvement aussi spontané, contestant l'autoritarisme sous toutes ses formes, c'est la manifestation du Diable pour lui.
poilau a écrit:Le mouvement 68ard a aussi très mal vieilli en même temps que ses meneurs aujourd'hui embourgeoisés et rentrés sans même s'en rendre compte dans le moule de la pensée unique, type Cohn Bendit ou Kouchner. Un journal comme Charlie Hebdo, déjà cité ici, rentre aussi tout à fait dans cette définition. Finalement les rebelles n'étaient pas ceux que l'on croit ...
Le rebelle c'était de Gaulle selon toi ?... Allons, il faut arrêter les contre-vérités. Charlie-Hebdo, un journal de bourgeois !... et Le Figaro, le journal de la rebellion !... probablement ?...
Mai 1968 a été une vraie révolution. Une révolution comme on les aime, spontanée, culturelle, politique, sociale, libertaire, festive... initiée par les étudiants parisiens, peut-être fils de bourgeois (et alors ?) qui s'étaient vu refuser l'accès aux chambres des filles dans les cités universitaires (d'accord ce n'est pas sérieux, mais c'est ce qui fait son charme), qui a fini par s'étendre aux ouvriers qui l'ont imposée aux syndicats par leur base, puis qui s’est généralisée à plusieurs couches de la population. C'est le plus important mouvement social de l'Histoire de France du XXe siècle et qui a gagné les autres pays (USA, Mexique, Japon, Allemagne, Brésil, Italie etc...)
Les partis politiques traditionnels (PC en tête) ne comprenaient rien au mouvement mais prenaient le train en marche, bon gré mal gré.
Et la libération des moeurs et de la sexualité, l'émancipation des femmes (avec le MLF), la contestation de l'autorité dans les écoles. Auparavant, il arrivait que les maîtres punissent les élèves récalcitrants ou chahuteurs en les forçant à rester agenouillés les mains croisées sur la tête, et les punitions corporelles (coups de règles sur la tête) n'étaient pas rares.
Pendant Mai 1968, les candidats aux concours d'entrée aux Grandes Ecoles d'Ingénieurs pouvaient constater qu’il y avait des absents dans les places affectées aux candidats dans les tables d'examen, absents qui n'avaient pas pu se rendre au concours du fait des grèves de transports.
Au lieu de profiter de ces absences pour augmenter leurs chances de réussite à ces concours, ils se mettaient tous à déchirer leurs feuilles et boycottaient l'épreuve pour qu'elle soit remise à une date ultérieure, afin de redonner une chance aux absents, quitte à les voir passer devant eux et intégrer la Grande Ecole à leur place. Honnêteté et générosité, toujours.
Après Mai 1968, et malgré le raz-de-marée électoral de la grande trouille en faveur de de Gaulle, le ver était dans le fruit... L'année suivante, les Français dirent " non " pour la 1ère fois à un référendum de de Gaulle, provoquant enfin le départ du dinosaure.
Mai 68 a influencé aussi les pays du bloc de l'Est avec le Printemps de Prague qui a entraîné le coup de force des Soviétiques en Tchécoslovaquie... Là aussi le ver était dans le fruit des Soviétiques et ceux-ci n'allaient pas s'en remettre. En Pologne, le syndicat "
Solidarnosc " allait provoquer 10 ans après la 1ère faille dans le carcan soviétique et les prémices de son explosion.
Et le mouvement "
Hippie " qui a découlé de Mai 1968. La Paix comme valeur fondamentale... La musique, et le concert de Woodstock l'année suivante qui a duré 3 jours devant un public de 450.000 personnes (dont une bonne partie à poil).
Mai 1968 et ses slogans graffités sur les murs, libertaires, enthousiastes, qui ne se prenaient pas au sérieux, tel le fameux "
Marx est mort, Dieu aussi, et moi-même je ne me sens pas très bien ".
40 ans après, l'influence de Mai 1968 reste toujours salutaire. Maintenant, il est certainement plus difficile de prendre les Français pour des "
veaux" selon l'expression de de Gaulle (rapportée par son propre fils).
Ses effets sont toujours visibles, et on comprend l'hostilité tenace des gaullistes, des droiteux traditionnels, et des ringards de tout poil qui n'ont jamais rien compris à cette libération.
Mai 1968, c'était l'Utopie... dans toute sa splendeur et sa générosité.
... Le Monde changeait... et rien ne serait plus comme avant.