Je me méfie des solutions anti-jitter comme de la peste ! Généralement, quand on parle d'un anti-jitter, c'est un ASRC (Asynchronous Sample Rate Converter). Module portée aux nues pour son action bénéfique.
Je le rappelle : l'ASRC est un transcodeur
lossy ! Avec pertes ! Comme le mp3 !!!Il détruit le flux audio en entrée, et les données originales sont irrémédiablement perdues. Il reconstitue ensuite, avec sa propre horloge, un flux nouveau, qui est une copie approximative de l'ancien, mais avec des différences, qu'il essaie de rendre aussi petites que possible.
J'ignore l'ampleur de ces différences. Le seul exemple que j'ai entendu était un ASRC expérimental appelé Reclock. C'était un filtre logiciel destiné à la lecture de DVD sur PC. Celui-là dégradait fortement le son.
Ah si, j'en ai entendu un autre : le logiciel VLC, dans d'anciennes versions, utilisait un ASRC pour se caler sur les diffusions en streaming. Je parle ici de véritable streaming, c'est-à-dire de radio en direct, par exemple. Youtube, d'un point de vue technique, c'est de la vidéo à la demande plutôt que du streaming.
A l'époque, VLC laissait l'ASRC activé en permanence, même pour lire une vidéo sur le disque dur. Le résultat était un pleurage audible ! La hauteur des notes variait pendant la lecture. Affreux.
J'ose espérer que les modules ASRC utilisés pour faire du mixage numérique (et complètement détournés de cet usage par certaines marques qui les revendent en s'imaginant que cela va réduire le jitter) marchent mieux que cela. Mais dans tous les cas, cela ne peut que dégrader le signal.
J'apprend avec consternation que certains DACs incluent maintenant un ASRC. Il y a un MiniDSP dans ce cas de figure. Ce dernier n'est donc pas capable de lire du numérique en bit-exact
Revenons au cas classique, sans ASRC : un DAC se soumet à l'horloge de la source qui lui envoie les données. Pour cela, il utilise une PLL. C'est un circuit électronique qui prend un signal d'horloge en entrée et qui redonne un signal d'horloge en sortie.
La différence entre l'entrée et la sortie, c'est que les "tops" de l'horloge sont régulièrement espacés en sortie, même s'ils sont irrégulièrement espacés en entrée.
Lorsqu'un top arrive trop tôt en entrée, la sortie est accélérée de façon infime et avec beaucoup d'inertie. Si la source ne corrige pas son avance, la PLL rattrape son retard un peu plus tard.
Les irrégularités de l'horloge en entrée sont ainsi lissées et réparties sur une durée plus grande.
La PLL sert d'horloge maitresse pour cadencer les circuits du DAC. Son efficacité se caractérise par la durée sur laquelle elle est capable de répartir les sursauts de l'horloge d'entrée. Plus cette durée est grande, mieux les sursauts sont lissés.
C'est donc la bande passante de la PLL (en termes de durée de lissage) qui détermine la capacité du DAC à supprimer le jitter ( = les sursauts de l'horloge en entrée). Quant au buffer, sa présence est obligatoire, aussi petit soit-il, pour la simple raison que le flux S/Pdif n'est pas convertible en tant que tel. Il faut supprimer les bits de contrôle intercalés entre les bits audio pour recopier ces derniers dans l'entrée du DAC.
Par contre il est vrai que plus l'inertie de la PLL est grande, plus son buffer doit être grand, pour stocker les valeurs numériques que la source envoie "en avance" lorsque cette dernière accélère brutalement et que la PLL refuse d'accélérer tout de suite pour conserver un rythme régulier.
Donc si on vous dit que tel DAC "contient un buffer", ben oui, évidemment. Tous les DACs contiennent un buffer. Ils ne pourraient pas lire le flux en entrée, sinon.
Si on vous dit que le DAC contient un anti-jitter, sortez et allez voir ailleurs.
Si vous voulez un DAC qui
élimine le jitter, demandez le spectre de réjection de sa PLL... Mais dans la pratique, cela n'a pas d'importance. Je peux vous garantir que ce n'est pas de là que vient le "son des DACs".