dgohyeres a écrit:Il n'est même pas besoin de parler de la reproduction d'un orchestre symphonique avec chœur, un simple saxo et une batterie "n'entrent pas" tout simplement dans une pièce même de 60m² à volume réel.
Philippe Muller a écrit:soit on transporte les musiciens dans le salon quand la formation est petite, soit on transporte le salon dans la salle de concert (c'est le mode d'enregistrement qui décide) et pas forcément au premier rang.
Philippe Muller a écrit:L'enregistrement contient toujours une part d'acoustique qui fait que nous entendons deux locaux couplés avec leur acoustique propre + un mélange de tout ça. Les deux deux enceintes déterminent une espèce de passage entre deux pièces. Sans être tout à fait exact, on peut dire que les deux pièces s'ajoutent et fusionnent en partie. La prise de son joue un grand rôle ainsi que l'acoustique du lieu d'enregistrement.
haskil a écrit:installées dans une pièce dyssimétrique, encombrée comme c'est pas permis de choses et d'autres : quand on écoute un orchestre symphonique, les murs tombent et n'existent virtuellement plus : les cuivres sont dans la pièce derrière le mur du fond,
Intéressant, tout ça.
Tout d'abord, pourquoi ne pourrait-on pas reproduire un orchestre symphonique dans une pièce de 20 m2 ? Un niveau sonore réaliste est tout de même plus facile à obtenir quand on est près des enceintes que quand on est loin, non ?
Peut-être est-ce dû à l'acoustique de la pièce d'écoute, qui rajoute des colorations propres à un petit espace, et qui ne sont jamais présentes dans un auditorium pour orchestre symphonique ?
La piste à suivre serait alors d'écouter en chambre sourde, sans acoustique. Seulement il faudrait pour cela que l'orchestre soit enregistré dans le public, pour avoir toute l'acoustique de l'original.
La notion de mélange des acoustiques est intéressante. On a toujours l'acoustique de la prise de son plus l'acoustique de la pièce. Pour éviter d'avoir "trop" d'acoustique (deux fois plus de réverb et de résonances que pour l'original), on va minimiser l'une et l'autre, de sorte que le total des deux corresponde à une acoustique crédible.
On enregistre alors avec les micros proches des musiciens, plutôt qu'au fond du public, ou sur chaque instrument, et on ajoute ensuite un poil de réverb au studio. On alors sur l'original un petit fragment d'acoustique, très inférieur à toute l'acoustique d'une salle de concert ou d'un auditorium.
Chez soi, on encombre la pièce, on cherche à éloigner les enceintes des ventres des ondes stationnaires, on minimise le plus possible l'effet de la pièce, mais ce n'est guère pratique.
Au total, on devrait donc avoir dans l'idéal 80 % de l'acoustique de notre pièce, plus 20 % de l'acoustique originale = 100 % d'une acoustique hybride.
N'est-il alors pas normal d'avoir l'impression que l'orchestre ne "rentre pas" dans une petite pièce ? L'acoustique dominante étant celle de la pièce, ce n'est pas naturel pour un orchestre complet.
Mais il y a autre chose : la compression de dynamique. Je n'écoute guère, voire pas du tout, de classique. Y a-t-il beaucoup d'orchestre dont les enregsitrements sortent sans compression ? N'est-il pas normal de ne pas avoir l'impression que l'orchestre rentre dans la pièce si la dynamique n'est pas respectée ?
J'ai deux enregistrements de Peer Gynt (Grieg / Ibsen, musique de scène), par Neeme Jarvi, et par Guillaume Tournaire. L'enregistrement de Neeme Jarvi est bien plus dynamique que l'autre. C'est d'ailleurs sans doute le CD le plus dynamique de ma discothèque. La première note jouée dans "La halle du roi de la montagne" et 55 à 60 dB en-dessous de la dernière. Et pourtant, d'une plage à l'autre je me demande s'il n'est tout de même pas compressé. Enfin, pas beaucoup, sans doute, car quand j'ai été à l'opéra voir Sigfried, de Wagner, le son réel était bien moins dynamique que sur ce CD de Grieg !... Sauf pour la soprano qui interprétant Brünnhilde, qui me faisait penser à la Castafiore.
Pour enregistrer un CD ou un DVD, il est clair que la dynamique réelle n'aurait jamais été respectée, car il aurait fallu maintenir tout le reste du spectacle enregistré très bas, juste pour respecter la dynamique de ce passage.
Et enfin, une troisième chose : lorsqu'on enregistre les instruments ou les chanteurs de près, n'a-t-on pas plus de grave que de loin, en raison d'un effet de masque acoustique du corps de l'instrument ou du chanteur ? Si la chaîne est correcte, alors on aura de loin le même grave que si on écoutait avec l'oreille dans l'instrument ou devant l'interprète. Cela ne manque-t-il pas de naturel ?
Je n'ai pas l'expérience nécessaire pour juger, de ces trois problèmes, lesquels sont importants et lesquels le sont moins.