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Les installations HiFi des forumeurs de HCFR.

Mon installation évolue

Message » 24 Avr 2023 19:45

Merci à vous deux de partager votre savoir et surtout votre culture musicale : un vrai plaisir à lire !
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Message » 26 Avr 2023 9:22

Dominique-Tanguy a écrit:
haskil a écrit:Elle est magnifique, cette version de la Cinquième de LVB par Reiner. Je ne raffole pas de celle de Dohnanyi que je préfère vraiment dans la 3e qui est à mon sens un des grands enregistrements de cette symphonie, dans la veine Toscaninienne plus que Furtwanglérienne.


Je n’en reviens pas ! 1955, en stéréo ! L’interprétation est magnifique, et parfaitement rendue par la qualité de l’enregistrement ! En harmonie avec mes pavillons Altec 1505B, qui doivent dater de cette époque ! :)


Nous utilisons les mêmes pavillons Altec 1505B (avec en dessous également une compression). Cependant, je n’utilise pas de twitter, ce qui a pour conséquence la nécessité d'égaliser sa courbe de réponse par un filtre passe-bande de -6db à 1750 c/s. J'ai préféré cette solution à la présence de twitter qui, dans mon installation et l'acoustique de mon grenier en tout cas, m’était apparue comme destructrice de l'unité de l’ensemble des fréquences aigues. Il est vrai que j’avais fait appel à des twitter à ruban, ce qui n’était sans doute pas la meilleure des solutions et nécessitait une voie DSP et un ampli supplémentaire.

Comment les twitter sont-ils alimentés dans ton installation ? As-tu fait appel un filtre analogique ? Seulement passe-haut, ou également passe-bas pour les compressions des pavillons 1505B ?

Cordialement Olivier

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Le daim
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Message » 26 Avr 2023 16:26

Les tweeters sont coupés en FIR à 8000 Hz. Les 1505B couvrent de 500 à 8000 Hz.

Cordialement,

Dominique T
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Message » 09 Mai 2023 18:08

Beethoven Reiner.jpg
Beethoven Reiner.jpg (3.3 Kio) Vu 1281 fois
Beethoven von Dohnanyi.jpg
Beethoven von Dohnanyi.jpg (3.08 Kio) Vu 1281 fois



L’idée m’est venue de poursuivre la comparaison entre les enregistrements des symphonies de Beethoven dont je possède une exécution dirigée par Reiner et une autre dirigée par von Dohnànyi. Après m’être penché sur la 5ème, j’ai entrepris la 6ème. J’en ai écouté les deux enregistrements plusieurs fois, coup sur coup, pour mieux m’en pénétrer.

Je suis un audiophile un peu passionné comme vous pouvez vous en rendre compte mais qui ne veut surtout pas se faire passer pour un musicien ou un connaisseur averti. Je me contente de décrire avec des mots, tant bien que mal, les sensations que le plaisir d’écouter de la musique m’apporte par les oreilles (qui ne sont plus toutes neuves il est vrai). Cela me permet également de meubler agréablement les quelques heures de ma journée de retraité que je consacre quotidiennement à l’écoute de mon installation où je taquine du classique comme d’autres vont à la pêche ou jardinent.

Cette 6ème symphonie qui est dite la Pastorale, et parce qu’elle a été nommée comme telle par Beethoven lui-même, devrait m’apporter par les sons des sensations équivalentes à celles que l’évocation de la nature pourrait tracer dans mon imaginaire ; comme les sensations que Beethoven retrouva dans son imaginaire en la composant, telles qu’il les a décrites pour compléter l’indication des tempi des 5 mouvements de l’œuvre.

Ainsi pour le premier mouvement : allegro ma non troppo (2/4, blanche = 66, fa majeur) - Erwachen heiterer Empfindungen bei der Ankunft auf dem Lande (Éveil d'impressions agréables en arrivant à la campagne). Il y a donc une double indication, celle métronomique de la mesure et celle du climat que l’œuvre doit pouvoir créer dans la sensibilité de ses auditeurs.

L’exécution de Dohnànyi à la tête de l’Orchestre Philarmonique de Cleveland est plus rapide, plus légère, que celle de Reiner avec le Philarmonique de Chicago. Elle emmène notre imagination vers les impressions délicates d’une nature qui s’éveille dans l’air frais d’une aurore ensoleillée ; la version Reiner vers l’impression d’une nature plus grandiose et plus apaisée comme celle d’un soir où le soleil se couche sur une chaude journée, dans une certaine allégresse certes mais ma non troppo.

Cette différence d’allure se retrouve également dans le second mouvement de la symphonie qui porte les mentions « Andante molto moto (allant assez rapidement) - 12/8, noire pointée = 50, si♭ majeur - Szene am Bach (Scène au bord du ruisseau)».

Une scène au bord d’un ruisseau, voilà qui rappelle certains tableaux de la fin du XVIIIème siècle où l’on peut voir, dans la fraicheur d’une cascade, à l’ombre d’un arbre protecteur, de jolies jeunes femmes à ombrelles en train d’écouter une flute de pan se mêler au bruissement de l’eau. Est-ce là l’image souriante que Beethoven avait à l’esprit lorsqu’il entreprit de composer ce second mouvement ? En tout cas, il s’agit d’une musique qui a traversé les siècles et où chacun peut imaginer en l’écoutant ce qui lui vient aujourd’hui à l’esprit. C’est pourquoi il est d’autant plus intéressant de pouvoir l’écouter dans deux interprétations qui renvoient à deux imaginations opposées d’une scène au bord d’un ruisseau.

Ce qui frappe immédiatement et agréablement l’oreille dans cette audition comparative, c’est la somptuosité de l’Orchestre Philarmonique de Chicago qui nous est transmise par une prise-de-son exceptionnelle. Elle est vraiment exceptionnelle cette prise-de-son, et pas seulement pour sa date de réalisation (1961), exceptionnelle car elle nous transmet à la fois la sonorité collective, ici magnifique, que les musiciens s’efforcent de construire ensemble pour façonner l’identité d’un orchestre, ce qui est généralement le cas des enregistrements effectués avec un couple de micros, mais en même temps –et elle fait penser en cela aux meilleures prises-de-son à multiples captations- elle souligne la présence des différents pupitres qui interviennent tour-à-tour et se répondent dans l’espace stéréophonique pour une plus grande lisibilité du discours musical.

On comprend qu’avec un tel instrument, Reiner ait été tenté de transposer en un large spectacle ce qui était le lit du ruisseau beethovénien, en laissant s’exprimer avec force mais sans hâte toutes les ressources de ses superbes cordes et de ses bois éclatants. Ce n’est donc moins à une scène intime au bord d’un filet d’eau qu’il nous renvoie qu’au panorama d’une rivière coulant entre collines boisées et larges ouvertures. C’est patent dès les premières mesures et il tient ce climax de grande sérénité sans faiblir jusqu’à l’accomplissement final du mouvement.

Seulement voilà, la magnificence en concert d’un tel orchestre ne peut se transmettre complétement dans un enregistrement et, quelle que soit la qualité de cet enregistrement, la beauté sonore captée ne sera hélas que le reflet assez lointain de sa plénitude originale, avec la conséquence pour la version Reiner, que sa trop grande envolée s’essouffle un peu dans ce second mouvement et qu’elle risque peut-être de lasser par manque de renouvellement. Même le chant des oiseaux (j’ai lu que Beethoven avait noté sur la partition quels étaient les oiseaux dont il entendait traduire le chant), agrandi par la mise au premier plan des pupitres de la petite harmonie, perd de son origine volatile en accompagnant les cordes dans leur description grandiose du paysage musical.


Contrairement à un Reiner imposant sa magnifique empreinte dès les premières mesures, le discours musical de Dohnànyi commence plus modestement. Avec un tempo plus allant (certainement plus conforme aux indications métronomiques de la partition), Dohnànyi éveille en nous une impression plus intime de la nature où la fluidité du thème initial rappelle l’écoulement de l’eau et du temps qui s’écoule quand on s’assied pour la regarder couler, d’une nature accueillant le chant des oiseaux dans sa ramure, d’une nature campagnarde avec une sensation tonifiante d’air pur comme on peut croire que Beethoven aimait à la respirer. Cette retenue initiale lui laisse de la marge pour imposer graduellement une vision orchestrale plus large avec des pulsations rythmiques de plus en plus profondes et avec une progression discursive de l’intensité de son rayonnement qui entretient mieux l’attention.


Le 4ème mouvement noté : Allegro (3/4, blanche pointée =108, fa majeur) - Allegro (2/4, noire = 112) - (mesure et tempo primo) - Lustiges Zusammensein der Landleute (Joyeuse assemblée de paysans) et le 5ème noté : Allegro (4/4, blanche = 80, fa mineur) - Gewitter - Sturm (Orage - Tempête) sont une suite d’allégro décrivant la scène d’une gaillarde humeur paysanne qui finit par s’évanouir comme tout l’environnement sonore dans l’attente d’un terrible orage.

Ces deux mouvements constituent dans la version Reiner un morceau d’anthologie qui sera apprécié par ceux qui aiment mettre en valeur leur belle installation. Le rythme dansant de la fête au village sonne sans doute merveilleusement. Il semble cependant un peu trop appuyé pour être vraiment joyeux. Il est d’abord accompagné par un cor très couleur locale puis souligné par une captation rapprochée des violoncelles et contrebasses, repris enfin par tout l’orchestre jouant fortissimo dans une démonstration plus théâtrale que paysanne. Il est suivi d’un orage terrifiant où les percussions lancent des coups de tonnerre qui roulent ses échos dans la vallée, où les bruits saccadés des cordes abattent sur nos tête la rafale des éléments, où une spirale orchestrale traverse toute la scène stéréophonique dans un tourbillon de vent et de pluie.

La vision de la fête au village suivie de l’orage est beaucoup moins spectaculaire dans la version Dohnànyi et par là même un peu pâle si on compare les deux interprétations l’une après l’autre, sans les remettre dans le contexte de la symphonie toute entière. Elle donne une vision de la fête au village proportionnelle à l’humanité de ses villageois et proportionnée à la conception qu’a Dohnànyi de l’ensemble de l’œuvre, avec des villageois que l’orage moins tonnant a dû aussi moins effrayer (tant mieux pour eux, tant pis pour les audiophiles).

Le 5ème mouvement est la conclusion de cette 6ème symphonie. Beethoven l’a noté : Allegretto (6/8, noire pointée = 60, fa majeur) - Hirtengesang. Frohe und dankbare Gefühle nach dem Sturm (Chant pastoral. Sentiments joyeux et reconnaissants après l'orage).

Le tempo choisi par les deux chefs semble être à peu près semblable et pourtant l’impression qu’on en retire diverge. On remarque peut-être plus dans ce mouvement qui est l’aboutissement du développement symphonique que dans les mouvements précédents combien des deux orchestres sonnent différemment et combien ils expriment à leur manière le même élan dans la joie de vivre transcrit par Beethoven dans sa musique. Chez Reiner, il s’agit d’un joie éloquente et communicative qui vous convainc en vous entrainant ; chez Dohnànyi, c’est plus la sensualité du phrasé et la subtilité des nuances qui tissent un sentiment d’achèvement joyeux dans la paix retrouvée de la nature.

Voilà : Ce ne sont que les quelques divagations de ma plume qui ne cherchent pas à prouver mais à entrainer ceux qui me lisent à écouter comme moi cette magnifique symphonie et d’en tirer leur propre plaisir musical dans leur propre imaginaire.

Cordialement Olivier

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Message » 25 Mai 2023 23:13

0886443943544_600.jpg
0886443943544_600.jpg (83.88 Kio) Vu 1155 fois


La Symphonie Fantastique par l'Orchestre Philarmonique de Boston sous la direction de Charles Munch, une musique extraordinaire, un merveilleux orchestre sous la conduite d'un chef qui est un maître dans l'interprétation de la musique française, une prise-de-son hors du commun (en SACD) où l'orchestre se révèle dans sa dimension symphonique comme dans les détails de sa petite harmonie, avec des cordes (si importantes dans la texture harmonique de l'oeuvre) parfaitement captées qui s'imposent par une présence primordiale mais sans acrimonie. Peut-être partagerez-vous mon enthousiasme. Cordialement Olivier

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Message » 27 Mai 2023 21:33

Bonsoir Olivier
Je partage ton enthousiasme :bravo:
Deux versions sur Qobuz :
http://open.qobuz.com/album/0886443943544
http://open.qobuz.com/album/0886446120621

Et je propose celui ci chez living stéréo :
http://open.qobuz.com/album/0886443852648
Image
Anonyme65
 
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Message » 28 Mai 2023 8:22

Je possède également la version LIVING des Tableaux de Mussorgsky en SACD. Je vais l'écouter et je te donnerai mes impressions. Cordialement

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Message » 28 Mai 2023 9:06

roland_de_lassus a écrit:En parlant d’étalage de bêtise, merci de nous en avoir fourni un exemple de première qualité :bravo:

j'aurai pas dit mieux
glamsam
 
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Message » 28 Mai 2023 10:17

A mon avis, il y a une erreur d'aiguillage.

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Message » 29 Mai 2023 11:10

glamsam a écrit:
roland_de_lassus a écrit:En parlant d’étalage de bêtise, merci de nous en avoir fourni un exemple de première qualité :bravo:

j'aurai pas dit mieux


J'ai de prime abord cru qu'il s'agissait d'une erreur d'insertion mais à la réflexion je crois plutôt qu'il s'agit d'une mise en cause critique de mes récentes interventions.

Je conçois parfaitement que ma manière de m'exprimer, mes longues digressions qui peuvent paraître quelque peu verbeuses, en un mot ma manière d'être, puissent ne pas plaire à Glamsam (comme peut-être à d'autres) et qu'il désire le faire savoir.

Je suis tout prêt à entendre ses arguments et à en discuter. Si je m'expose en donnant mon opinion sur ce forum, je dois être capables de recevoir avec fair-play les critiques de ceux qui ne les partagent pas.

Il n'empêche que je trouve moche la manière de faire de Glamsam qui cache sa façon de penser derrière une citation utilisée à contre-sens. Si Glamsam avait lu mon sujet avec un peu d'attention, il aurait comprit que la réflexion de Roland de Lassus ne visait pas mes écrits mais constituait au contraire une réponse cinglante à un commentaire de Gigolo peu flatteur à mon égard (installations-haute-fidelite/mon-installation-evolue-t30036361-525.html). Citer ce commentaire aurait donc été plus intelligent.

Ce n'est une nouvelle fois que mon avis.

Cordialement Olivier

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Message » 29 Mai 2023 12:16

Non, Il répond juste a un message posté le 05 Nov 2022 10:46 (page 36)
stephane092
 
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Message » 29 Mai 2023 18:19

velozerien48
 
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Message » 30 Mai 2023 9:21

Ce Pierre Schneider doit être un audiophile qui se moque de lui-même en se moquant de ses congénères pour bien faire sentir qu'il voudrait ne pas leur ressembler. Je n'ai pas ce penchant masochiste.

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Message » 11 Juin 2023 13:25

Fabien.56 a écrit:Bonsoir Olivier
Je partage ton enthousiasme :bravo:
Deux versions sur Qobuz :
http://open.qobuz.com/album/0886443943544
http://open.qobuz.com/album/0886446120621

Et je propose celui ci chez living stéréo :
http://open.qobuz.com/album/0886443852648
Image


Le daim a écrit:Je possède également la version LIVING des Tableaux de Mussorgsky en SACD. Je vais l'écouter et je te donnerai mes impressions. Cordialement



Envisager une œuvre comme Les Tableaux d’une Exposition de Mussorgsky n’est pas une chose simple.

Comme son titre l’indique, il s’agit de la description musicale d’une série de tableaux qui furent exposés à la mémoire de l ’architecte-peintre Hartmann, un grand ami décédé de Mussorgsky, le geste d’un musicien qui a voulu pérenniser l’œuvre de son ami défunt.

L’approche de l’œuvre se complique par le fait que la version originale n’est pas celle pour orchestre qui l’a fait connaître universellement. La version originale, la seule que Mussorgsky ait écrite, est une œuvre composée pour le piano, très simplement sur deux portées. C’est à cette composition originale très sobre d’expression que d’autres compositeurs, et Ravel devant tous les autres, ont donné la couleur et l’éclat orchestral que nous lui connaissons aujourd’hui.

On ne peut donc pas à mon avis juger des enregistrements de l’œuvre sans écouter d’abord la version pour piano car c’est elle qui est l’expression de la pensée originale du compositeur. Pour entendre au mieux cette pensée, j’ai écouté la version du pianiste Richter qui fut captée lors d’un concert donné à Prague en 1956. Le piano est relativement bien enregistré mais le CD n’est pas sans bruits parasites de toute sorte ; donc pas pour les amoureux pointus des beaux sons.

les tableaux Richter.jpg
les tableaux Richter.jpg (8.1 Kio) Vu 813 fois


La notice qui accompagne le CD indique que Richter jouait sur un antique instrument de construction russe, un PETROFF soigneusement entretenu par les Tchèques. J’ai donc estimé que ce que j’entendais était fort proche des sonorités que le compositeur avait sorties de son propre piano en composant l’œuvre.

Ce qui m’a frappé d’amblée en écoutant Richter jouer, c’est l’extraordinaire pouvoir évocateur du mélange entre le timbre ancien du vieux piano et l’inspiration descriptive du compositeur.

Chacun peut avoir son explication devant la démarche artistique peu commune de Mussorgsky qui a transposé en musique des compositions faites de lignes et de couleurs. Pour moi, après avoir écouté longuement la version du pianiste Richter, Mussorgsky a non seulement voulu décrire avec des notes les sujets des tableaux exposés mais il a entendu également faire revivre un moment fugace d’amitié, celui où je l’imagine se promenant avec le peintre dans l’exposition, allant d’un tableau à l’autre. La visite faite ensemble est exprimée par le thème musical qui ouvre l’œuvre et qui s’est inséré ensuite à plusieurs reprises entre les évocations des différents tableaux, comme une sorte de refrain de l’amitié.

La question que je me suis posée est de savoir si l’orchestration de l’œuvre, celle de Ravel par exemple, pouvait reproduite à l’intact le pouvoir évocateur que chacun des tableaux porte dans son titre avec la richesse (ou malgré le déballage) de tout un orchestre.


J’ai donc mis sur le plateau de mon lecteur la version proposée par Fabien 56, celle des Tableaux dans l’orchestration de Ravel exécutée par l’Orchestre Philharmonique de Chicago dirigée par Reiner. Il s’agit de la version d’un enregistrement réalisé en 1957 pour RCA et rééditée en SACD dans la collection LIVING STEREO.

les tableaux Reiner.jpg
les tableaux Reiner.jpg (13.67 Kio) Vu 813 fois




Je comprends qu’on puisse être impressionné par cet orchestre de Chicago très bien enregistré, comme c’est le cas pour tous les disques de cette époque de la collection LIVING STEREO numérisés en SACD. J’ai en tout cas été conquis par cette belle démonstration de savoir-faire, une prise de son qui n’a pas son pareil malgré son ancienneté, au service d’un magnifique orchestre sous une baguette prestigieuse. Que me fallait-t-il de plus ?

Et pourtant, malgré un plaisir auditif séducteur que je confesse, je dois avouer que je n’y ai pas retrouvé le sentiment d’intimité fraternelle entre deux amis séparés par la mort que Richter avait si bien su éveiller chez moi.

Je crois que je peux faire avec raison le reproche à Reiner d’avoir fait jouer son orchestre comme s’il s’agissait d’une oeuvre purement symphonique, privilégiant avec une certaine délectation la somptuosité de son bel instrument dans une partition ravelienne qu’il estimait sans doute propre à le mettre en valeur ; mais c’est lent et c’est lourd tout au long d’une exécution engoncée dans son magnifique manteau orchestral, gommant ainsi les subtiles nuances expressives que Richter avait si bien su exprimer en peignant des notes sur son clavier.

Tout commence par le thème de la promenade auquel Richter avait su donner dès les premières mesures un caractère de simplicité familière. La version orchestrale de Reiner l’a malheureusement travesti en une progression pesante où l’on avance avec des pieds de plomb, loin évidemment de cette complicité amicale que j’avais cru y déceler, entonné par une trompette péremptoire qui ressemble plus à celle de Jéricho qu’à celle de l’amitié. C’est peut-être agréable à entendre mais tout-à-fait à contre-sens.

Le n° 2 de la partition intitulé « Gnomus » est sans doute la représentation d’un être difforme et grimaçant auquel Richter avait donné malgré tout par la simplicité de son jeu un brin d’humanité. La transposition orchestrale en a fait une sorte de brute épaisse titubante, un monstre qui effraye en sortant du bois ; c’est du moins ainsi que je l’ai reçu.

Le n°4 de partition intitulé en Italien « Il Vecchio Castello » (quelques tableaux de l’exposition étaient des réminiscences d’un voyage que Hartmann avait effectué en Europe). Le tableau représentait, d’après ce que l’on sait un gentil troubadour avec une guitare et un château en arrière-plan. Le piano subtilement cadencé de Richter me laisse entendre les accents d’une mélodie à la vivacité italienne et dans le fonds du clavier des notes graves répétées évoquant la bâtisse seigneuriale. Avec l’orchestre, je n’aperçois rien d’autre qu’une mélopée un peu trop appuyée.

Le n° 6 de la partition « Les Tuileries », un lieu où les enfants de Paris viennent jouer. Avec Reiner, j’entends une partition d’orchestre colorée mais pas, comme chez Richter au piano, les cris joyeux de la marmaille.

Le n°9 de la partition est intitulé « des Poussins avec leur Coque ». Il s’agit, comme sans doute d’autres esquisses de Hartmann, de croquis destinés à une représentation de ballet donnée à l’opéra de Saint-Pétersbourg par Maurice Petitpas. Sous les doigts de Richter, je me suis représenté les poussins à moitié sortis de leur coque en train de s’égailler en picorant dans le rythme du piétinement des petits rats pour lesquels le costume de scène avait été dessiné. Rien de tout ça avec Reiner dont l’orchestre joue une belle partition qui a perdu son pouvoir évocateur.

Le n°10/11 de la partition dresse le portrait de deux juifs en train de se chamailler. En écoutant Richter au piano, j’entends d’abord la présence d’un personnage important avec le caractère grave de l’homme qui a réussi et qui, sur le ton condescendant, fait la leçon à l’autre personnage ; tandis que celui-ci, bien plus petit en taille et dans la hiérarchie sociale, tourne autour de son compère en lui envoyant ses reproches avec une voix perçante. Cela devient une page d’orchestre avec certes quelques couleurs mais qui a perdu beaucoup de sa signification.

Au piano, mais au piano seulement, le thème de la promenade est perméable avec ceux des sujets des tableaux comme une osmose entre les deux inspirations, musicale et picturale, osmose d’inspiration très russe qui trouve son achèvement dans le n°12/13 de la partition qui évoque avec le sous-titre latin « cum mortuis in lingua mortua » l’esquisse un peu floue de deux personnages parcourant les profondeurs des catacombes parisiennes. Les notes soutenues dans la partie grave du clavier puis la survenance du thème de la promenade dans un halo évanescent dans le haut du clavier m’ont fait immédiatement penser à un lieu souterrain dédié à la mort qui permette aux ombres des deux amis de se rencontrer, la musique étant alors la manifestation audible d’une langue devenue entre eux celle des morts (par extrapolation de lingua mortua, textuellement : langue morte).

Le n°14 de la partition « la Cabane sur Pattes de Poule ». Alors que Richter peint cette lourde cabane sur des pieds ridicules de gallinacée avec des accords, appuyés sans doute mais très rapidement répétés et différenciés avec légèreté, en évoquant au passage le bruit de l’horloge qui se trouve sur son toit ; la version orchestrale par contre me donne de cette cabane une vision trop grande, trop lourde, qui n’avance ni ne saute, tellement pesante qu’elle se confond par son ton emphatique avec le n°15 « La Grand Porte de Kiev », dont la description, ici avec raison magistrale, clôture l’œuvre.

Après de nombreuses écoutes des deux versions et en me relisant, je constate que la comparaison entre les deux versions a tourné à la confrontation et à la mise en question de la version orchestrale pour laquelle j’entendais initialement faire un commentaire élogieux. Cela vient probablement du fait que je ne connaissais pas la version pour piano et que celle de Richter m’a tellement séduit que j’ai peut-être été un peu injuste envers la version orchestrale. Celle-ci peut certainement s’écouter avec plaisir si on la prend pour ce qu’elle est, d’abord une métamorphose de l’œuvre originale, ensuite la démonstration magistrale des qualités de l’orchestration de Ravel par un magnifique orchestre, une version qui, somme toute, se suffit à elle-même.

Il existe beaucoup d’autres versions pour l’orchestre et aussi pour le piano mais en moins grand nombre ; si quelqu’un voulait faire le commentaire de l’une ou l’autre…...

Ce n’est évidemment que mon avis.

Cordialement Olivier

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Message » 11 Juin 2023 23:01

En piano, celle vers laquelle je reviens toujours est celle de Leif Ove Andsness.
Superbe enregistrement.
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roland_de_lassus
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