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Les Lecteurs CD & SACD

Jitter de malheur !

Message » 01 Juin 2010 16:53

Fyper a écrit:Ce n'est pas le sujet de ce fils mais je ne comprends pas pourquoi une experience visuelle se partage plus qu'une experience sonore


Ben tout simplement parce que tu peux regarder à plusieurs la même photo ou le même DVD et la/le commenter ensemble (de manière tout aussi objective que subjective d'ailleurs). Même si bien évidemment chacun va recevoir la reproduction de l'image de façon différente selon sa culture et sa sensibilité, même si les personnes ne sont pas des pros de l'image, ils pourront malgré tout arriver à dialoguer de façon efficace sur un minimum de paramètres communs : trop de bleu, pas assez de rouge, arrières-plans ceci ou cela, de toutes façon j'aime pas les films de Jean-Luc Besson, le N&B c'est chi..., Tarantino à bien baissé ses derniers temps, je préfère le noir des plasma par rapport aux LCD, comment que dis-tu ! c'est pas possible, ben si regarde LA OU JE POSE MON DOIGT, TU VOIS LA DIFFÉRENCE ? Et bien je préfère ce type de noirs à ce type de noirs parce que l'un me semble plus crédible que l'autre ! :wink:

Sur la reproduction d'un message sonore, c'est beaucoup plus difficile de partager la construction intellectuelle personnelle qui résulte de l'écoute d'une suite au violoncelle de Bach ou d'un album des Eagles ! Tu entends le contrepoint de la partition fais l'un à l'autre ? J'espère que tu apprécies la rythmique du morceau répond l'autre ! Dialogue de sourd ! J'aime beaucoup la véracité des timbres du violoncelle et son volume physique crédible. Je ne sais pas, je n'ai jamais entendu un violoncelle de ma vie ; par contre tu entends la guitare électrique ? Ah oui, et c'est comment le son d'une guitare électrique en vrai ; il ne serait pas différent selon le type de HP sur lesquelles elle est branchée ? ... etc ...

On ne peut pas "poser son doigt" sur le violoncelle et sur la guitare électrique que l'on s'est construit dans sa tête, pour en montrer les détails à l'autre !

Ca me fait penser à ce mot d'enfant rapporté alors qu'il regardait un dessin animé de Tintin à la télévision : Le Capitaine Haddock n'a pas la même voix que dans les livres !

Enfin voilà c'que j'en dit, quoi ... :wink:
syber
 
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Message » 01 Juin 2010 19:58

NOIR a écrit:pour kari bremnes, pas de différence sonore entre l'extrait de la NRDS et le cd original. Même distorsion sur la voix aux mêmes endroits ......pour la plage n°5 ( musique médiévale) avec de la distorsion sur tout le morceau ( quasiment) , je ne pourrais le dire , je n'ai pas le cd original.


En fait, les morceaux de KB du disque de la NRDS sonnent assez différemment de l'original. C'est plus criard, avec des timbres plus artificiels, en donnant l'impression de plus de dynamique mais même côté dynamique, le CD original parait plus naturel et plus fouillé ... :wink:
FDRT
 
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Message » 01 Juin 2010 20:14

bof......J'ai fais la comparaison avec l'original, le cd de la NRDS, et une copie pour la voiture. Je vois pas de différence :roll:

mais bon, comme je suis sourd , c'est surement normal :mdr:
NOIR
 
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Message » 01 Juin 2010 20:46

syber a écrit:
Fyper a écrit:Ce n'est pas le sujet de ce fils mais je ne comprends pas pourquoi une experience visuelle se partage plus qu'une experience sonore


Ben tout simplement parce que tu peux regarder à plusieurs la même photo ou le même DVD et la/le commenter ensemble (de manière tout aussi objective que subjective d'ailleurs). Même si bien évidemment chacun va recevoir la reproduction de l'image de façon différente selon sa culture et sa sensibilité, même si les personnes ne sont pas des pros de l'image, ils pourront malgré tout arriver à dialoguer de façon efficace sur un minimum de paramètres communs : trop de bleu, pas assez de rouge, arrières-plans ceci ou cela, de toutes façon j'aime pas les films de Jean-Luc Besson, le N&B c'est chi..., Tarantino à bien baissé ses derniers temps, je préfère le noir des plasma par rapport aux LCD, comment que dis-tu ! c'est pas possible, ben si regarde LA OU JE POSE MON DOIGT, TU VOIS LA DIFFÉRENCE ? Et bien je préfère ce type de noirs à ce type de noirs parce que l'un me semble plus crédible que l'autre ! :wink:

Sur la reproduction d'un message sonore, c'est beaucoup plus difficile de partager la construction intellectuelle personnelle qui résulte de l'écoute d'une suite au violoncelle de Bach ou d'un album des Eagles ! Tu entends le contrepoint de la partition fais l'un à l'autre ? J'espère que tu apprécies la rythmique du morceau répond l'autre ! Dialogue de sourd ! J'aime beaucoup la véracité des timbres du violoncelle et son volume physique crédible. Je ne sais pas, je n'ai jamais entendu un violoncelle de ma vie ; par contre tu entends la guitare électrique ? Ah oui, et c'est comment le son d'une guitare électrique en vrai ; il ne serait pas différent selon le type de HP sur lesquelles elle est branchée ? ... etc ...

On ne peut pas "poser son doigt" sur le violoncelle et sur la guitare électrique que l'on s'est construit dans sa tête, pour en montrer les détails à l'autre !

Ca me fait penser à ce mot d'enfant rapporté alors qu'il regardait un dessin animé de Tintin à la télévision : Le Capitaine Haddock n'a pas la même voix que dans les livres !

Enfin voilà c'que j'en dit, quoi ... :wink:


Debut HS (quoique)

Tiens, il est peu fréquent que je ne sois plutôt pas trop d'accord avec toi mais peut être est une question d'éclairage.

Tu envisages deux choses en même temps : la qualité intrinsèque de l'oeuvre, sa valeur artistique si l'on veut, et les qualités ou les caractéristiques de sa reproduction. je crois que c'est une source de confusion mais, te connaissant, elle m'étonne et j'ai du ne pas bien comprendre.

Il n'y a aucune différence fondamentale, AMHA, entre échanger sur une oeuvre cinématographique, ou théatrale (qui conduit à apprécier conjointement l'oeuvre et son nterprétation) et une pièce musicale (et son interprétation). la subjectivité est de règle. la connaissance intime de la musique (au sens de : lire, composer, jouer etc) n'est nullement nécessaire. Elle ajoute tout au plus une grille dans l'analyse du j'aime/j'aime pas, moins accessible au profane. C'est de mon point de vue une expérience très partageable. mais ce n'est pas notre sujet qui est : la reproduction de l'oeuvre enregistrée.

La qualité de reproduction de l'image peut être partagée, chacun en convient a priori intuitivement...Et pourtant...Quoi de commun entre la photographie des films de plusieurs auteurs, quoi de commun aussi entre ceux d'un même metteur en scène, selon le chef op qu'il aura choisi. John Ford ou Mizoguchi sont restés assez fidèles à une esthétique toute leur carrière, mais pas Spielberg ou Coppola, pas même Kubrick pourtant si caractéristique en apparence. Là encore, où est la vérité ? Kubrick faisait vérifier la qualité de la projection de ses films un peu partout à travers le monde. il ne le faisait pas entièrement lui-même. Il se fiait d'abord aux caractéristiques de la salle et du matériel de projection et il faisait vérifier de visu par toutes sortes de personnes (jamais lui !), qui parfois étaient proche de lui, parfois beaucoup moins voire pas du tout. il se faisait décrire les sensations du quidam (au téléphone) à partir d'une grille de questions. il éliminait les salles où la projection posait une difficulté telle qu'il la percevait sur la base de ce questionnaire ou bien il faisait changer le matériel !

Pourquoi le partage d'une reproduction sonore ne serait pas tout aussi possible (et tout aussi difficile à la fois du fait de la subjectivité de chacun) que celui de l'image, l'un comme l'autre butant sur l'ignorance relative des choix artistiques qui ont conduit à la prise de son ou à celle de l'image (ou au hasard d'une luminosité captée par le metteur en scène et dont on ne saura jamais ce qu'elle était en réalité). Comme Fyper, je ne vois pas d'argument pour différencier les problématiques. Quoiqu'il en soit, la question de la reproduction de l'image suscite curieusement moins de débats enflammés que celle du son :-?

Fin HS (quoique...)
wald
 
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Message » 01 Juin 2010 23:51

Je suis, sans surprise, d'accord avec wald

wald a écrit:Quoiqu'il en soit, la question de la reproduction de l'image suscite curieusement moins de débats enflammés que celle du son :-?

Ça c'est intéressant.
Je crois que personne ne discute le fait que l'image soit une reproduction forcément lointaine de la réalité. Il est entendu que c'est une interprétation plus ou moins volontaire de la réalité, donc le débat sur la fidélité des images est sans objet. Ça c'est pour l'enregistrement de l'oeuvre.
En ce qui concerne le rendu, il y a bien un débat plasma/Lcd qui fait penser aux lampes/transistors et même les LED-OLED qui font penser aux classes D qui débarquent comme une nouvelle vague annoncée. Mais la différence est que l'image de référence est le cinéma, pas la réalité, et mine de rien ça change tout.

En fait , l'image est loin derrière le son en termes de capacité de reproduction réaliste, on ne parle pas de fidélité quand on a un poste radio. Peut-être que la définition grandissante et la 3D vont faire apparaître une volonté de comparaison avec la réalité. Si c'est le cas, le débat sera du même ordre que celui du son...

Toujours désolé pour le HS
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Message » 02 Juin 2010 0:38

Il est vrai qu'il y a moins de débats enflammés en image, mais je pense que la raison en est totalement inverse : c'est parce que la reproduction de l'image est beaucoup plus fidèle à la source que celle du son.
Il n'y a aucun débat chez les photographes, vidéastes et imprimeurs sur le juge de paix que constitue l'analyse des moyens de reproduction par spectro-colorimètre. Tout au plus critique-t-on la qualité des spectros eux-mêmes. Une minorité critique le système de gestion des couleurs ICC, ce qui ne les empèche pas de calibrer leurs écrans et projecteurs.
Une fois les moyens de reproduction calibrés, leurs limites sont connues (taux de contraste, saturation des couleurs...), et leur performances à l'intérieur de ces limites jugées sur mesure.

En hifi, la courbe de réponse en fréquence d'un local d'écoute quelconque est un tel fouillis abominable comportant des centaines et des centaines de pics de plus de 5 dB d'amplitude chacun, la réverbération est si complexe, le résultat mesurable si sensible à l'emplacement d'écoute, à tel point que les centaines de pics de la courbe de réponse sont totalement transformés par un simple déplacement de 15 centimètres du microphone, que toute caractérisation par la mesure échoue. On peut seulement caractériser le comportement d'une électronique, mais bizarrement, cette simple opération déchaîne d'interminables débats.
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Message » 02 Juin 2010 0:41

Note : la fidélité à la réalité est compromise par quelques limitations qui sont du même ordre en image et en son :
Perte de dynamique, lumineuse comme sonore.
Perte de relief, dû à la 2D en image, à la stéréophonie à deux canaux en audio.
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Message » 02 Juin 2010 1:06

Il m'est arrivé quelques fois (très rarement c'est vrai) de croire en fermant les yeux que le(s) musicien(s) étai(en)t dans la pièce
Il ne m'est jamais arrivé de voir une vidéo et de croire que c'était la réalité, c'est beaucoup plus complexe et ne se limite pas à la reproduction fidèle des couleurs et en plus ce n'est même pas le but (peut-être parce qu'il n'est pas encore envisageable)
Je persiste à dire que l'illusion du son est plus avancée (sans doute parce plus simple) que l'illusion de l'image.
Fyper
 
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Message » 02 Juin 2010 6:47

wald a écrit:
syber a écrit:
Fyper a écrit:Ce n'est pas le sujet de ce fils mais je ne comprends pas pourquoi une experience visuelle se partage plus qu'une experience sonore


Ben tout simplement parce que tu peux regarder à plusieurs la même photo ou le même DVD et la/le commenter ensemble (de manière tout aussi objective que subjective d'ailleurs). Même si bien évidemment chacun va recevoir la reproduction de l'image de façon différente selon sa culture et sa sensibilité, même si les personnes ne sont pas des pros de l'image, ils pourront malgré tout arriver à dialoguer de façon efficace sur un minimum de paramètres communs : trop de bleu, pas assez de rouge, arrières-plans ceci ou cela, de toutes façon j'aime pas les films de Jean-Luc Besson, le N&B c'est chi..., Tarantino à bien baissé ses derniers temps, je préfère le noir des plasma par rapport aux LCD, comment que dis-tu ! c'est pas possible, ben si regarde LA OU JE POSE MON DOIGT, TU VOIS LA DIFFÉRENCE ? Et bien je préfère ce type de noirs à ce type de noirs parce que l'un me semble plus crédible que l'autre ! :wink:

Sur la reproduction d'un message sonore, c'est beaucoup plus difficile de partager la construction intellectuelle personnelle qui résulte de l'écoute d'une suite au violoncelle de Bach ou d'un album des Eagles ! Tu entends le contrepoint de la partition fais l'un à l'autre ? J'espère que tu apprécies la rythmique du morceau répond l'autre ! Dialogue de sourd ! J'aime beaucoup la véracité des timbres du violoncelle et son volume physique crédible. Je ne sais pas, je n'ai jamais entendu un violoncelle de ma vie ; par contre tu entends la guitare électrique ? Ah oui, et c'est comment le son d'une guitare électrique en vrai ; il ne serait pas différent selon le type de HP sur lesquelles elle est branchée ? ... etc ...

On ne peut pas "poser son doigt" sur le violoncelle et sur la guitare électrique que l'on s'est construit dans sa tête, pour en montrer les détails à l'autre !

Ca me fait penser à ce mot d'enfant rapporté alors qu'il regardait un dessin animé de Tintin à la télévision : Le Capitaine Haddock n'a pas la même voix que dans les livres !

Enfin voilà c'que j'en dit, quoi ... :wink:


Debut HS (quoique)

Tiens, il est peu fréquent que je ne sois plutôt pas trop d'accord avec toi mais peut être est une question d'éclairage.

Tu envisages deux choses en même temps : la qualité intrinsèque de l'oeuvre, sa valeur artistique si l'on veut, et les qualités ou les caractéristiques de sa reproduction. je crois que c'est une source de confusion mais, te connaissant, elle m'étonne et j'ai du ne pas bien comprendre.

Il n'y a aucune différence fondamentale, AMHA, entre échanger sur une oeuvre cinématographique, ou théatrale (qui conduit à apprécier conjointement l'oeuvre et son nterprétation) et une pièce musicale (et son interprétation). la subjectivité est de règle. la connaissance intime de la musique (au sens de : lire, composer, jouer etc) n'est nullement nécessaire. Elle ajoute tout au plus une grille dans l'analyse du j'aime/j'aime pas, moins accessible au profane. C'est de mon point de vue une expérience très partageable. mais ce n'est pas notre sujet qui est : la reproduction de l'oeuvre enregistrée.

La qualité de reproduction de l'image peut être partagée, chacun en convient a priori intuitivement...Et pourtant...Quoi de commun entre la photographie des films de plusieurs auteurs, quoi de commun aussi entre ceux d'un même metteur en scène, selon le chef op qu'il aura choisi. John Ford ou Mizoguchi sont restés assez fidèles à une esthétique toute leur carrière, mais pas Spielberg ou Coppola, pas même Kubrick pourtant si caractéristique en apparence. Là encore, où est la vérité ? Kubrick faisait vérifier la qualité de la projection de ses films un peu partout à travers le monde. il ne le faisait pas entièrement lui-même. Il se fiait d'abord aux caractéristiques de la salle et du matériel de projection et il faisait vérifier de visu par toutes sortes de personnes (jamais lui !), qui parfois étaient proche de lui, parfois beaucoup moins voire pas du tout. il se faisait décrire les sensations du quidam (au téléphone) à partir d'une grille de questions. il éliminait les salles où la projection posait une difficulté telle qu'il la percevait sur la base de ce questionnaire ou bien il faisait changer le matériel !

Pourquoi le partage d'une reproduction sonore ne serait pas tout aussi possible (et tout aussi difficile à la fois du fait de la subjectivité de chacun) que celui de l'image, l'un comme l'autre butant sur l'ignorance relative des choix artistiques qui ont conduit à la prise de son ou à celle de l'image (ou au hasard d'une luminosité captée par le metteur en scène et dont on ne saura jamais ce qu'elle était en réalité). Comme Fyper, je ne vois pas d'argument pour différencier les problématiques. Quoiqu'il en soit, la question de la reproduction de l'image suscite curieusement moins de débats enflammés que celle du son :-?

Fin HS (quoique...)


Sans doute dans un large mouvement visant à embrasser à la fois les aspects objectifs et subjectifs d'une expérience auditive ou visuelle - car les deux sont indissociables quand on regarde un film ou que l'on écoute un disque - , ai-je été trop elliptique dans mon explication. Mon métier m'amène à plutôt développer mes capacités orales et auditive. Je ne pratique les échanges épistolaires qu'à titre de loisirs, contrairement à toi qui excelle dans ce domaine Image


Mais trêve de flatteries :wink: !


Ma phrase initiale était :

L'écoute à ceci de particulier, qu'elle est une expérience non partageable avec ses semblables ; à l'inverse de l'expérience visuelle, par exemple.


Je parle bien de la possibilité plus ou moins aisée de partager avec autrui une expérience visuelle ou sonore. Expérience qui comporte à la fois des aspects subjectifs et objectifs.

Soyons concrets :

a - La fin de "Vacances Romaines" avec Audrey Hepburn et Gregory Peck me provoque un sanglot (film que j'ai du voir il y a une vingtaine d'année mais que j'ai à l'esprit car je viens de faire un post sur Audrey Hepburn sur le forum cinéma).
b - "Strange Fruits" interprété par Nina Simone, m'émeut particulièrement.
c - La Chaconne n°5 de Bach par Nathan Milstein me tire une larme des yeux.

Comment partager cette expérience avec quelqu'un d'autre ?

a - c'est relativement facile d'en parler, à la fois objectivement et subjectivement. Le film raconte une histoire - celle d'une altesse royale et d'un journaliste qui vivent une folle virée romantique dans les rues de Rome, déjouant et défiant tout protocole et notion de rang social ; mais à la fin les convenances reprennent le dessus et les séparent ; c'est poignant - , possède un scénario et des dialogues écrits en langage articulé. Les décors, des palais impériaux aux piazza romaines, les ambiances peuvent être décrits précisément. Les interprètes jouent des actions que l'on peut décrire également avec détail, expriment des émotions que l'on peut aisément nommer. Sans être un spécialiste, je peux également critiquer avec des mots simple la qualité de l'image que je regarde. Afin de mieux me faire comprendre, je peux éventuellement faire une capture d'écran ou un arrêt sur image pour le montrer à mes interlocuteurs, soit pour expliquer pourquoi une scène ou pourquoi la beauté ou l'expressivité de Audrey Hepburn me touchent, soit pour expliquer tel défaut ou telle qualité du DVD ou du BR que je viens de regarder. Je possède ainsi à ma disposition d'un certain nombre d'outils et un langage commun avec mes interlocuteurs pour leur faire comprendre pourquoi j'ai eu les yeux humides à la fin du film et pourquoi telle édition en DVD ou en BR possèderait une image de plus ou moins bonne qualité.

b - c'est un peu plus compliqué. Je comprend assez mal l'anglais chanté. Tout au plus comprend-je le premier couplet et de quoi il en retourne ! La métaphore du "Strange Fruit" fonctionne bien et m'émeut. Mais ne serait-ce pas aussi le talent d'interprète de Nina Simone et ce que je sais de sa vie qui m'émouvrai ? Mais comment partager avec autrui sur le talent d'interpète de Nina Simone ? Une photo ? Cela n'a pas de sens ! A part bien sûr si on prêche un convaincu, mais dans ce cas, les mots sont inutiles et le partage se limite à de la connivence. Que dire du son ? Sa qualité date un peu, les timbres sont bien peu véridique, la scène sonore est mal reproduite ; mais comment mon interlocuteur va recevoir ce genre d'affirmations ? ... En vérité même si la tâche n'est pas impossible, je manque d'outils et de support commun pour échanger sur la façon dont j'ai vécu objectivement et subjectivement cette expérience d'écoute.

c - la tâche se complique encore plus. Je ne sais pratiquement rien de la vie de Bach et de Milstein. Je ne sais pas lire la musique. Je ne sais pas reconnaître la structure d'une Chaconne. Tout au plus puis-je nommer quelque-unes des émotions qui sont nées en moi lors du développement de ce morceau. Que faire partager sur la prise de son d'un violon solo ? Ma foi, la prise de son date un peu en matière de timbre - mais combien de personnes connaissent les timbres d'un violon ? - mais la spatialisation du violon est excellente car on visualise bien les déplacements de l'instrument au gré des mouvements de l'interprète face au micro d'enregistrement et on se représente bien le rayonnement du violon dans différentes directions en fonction des harmoniques jouée. Combien de personnes peuvent comprendre la phrase que j'ai mis en italique :oops: ?

Le constat est là, cette interprétation me touche au point de m'humecter les yeux mais il m'est très difficile de faire partager l'émotion qu'elle suscite en moi ni l'appréciation technique que je porte sur elle. Quand j'écoute Bach par Milstein, je me construit mentalement une représentation d'un monde qui m'est personnel et qui est très difficile, voire impossible à décrire pour le faire partager. Avec une image, un scénario, des dialogues, on à une base à partager qui est plus tangible.

"Un petit dessin vaut mieux qu'un long discour" disait l'autre. Cette force, cette évidence de l'image et cette relative incommunicabilité au sujet de l'évènement sonore est sans aucun doute pour moi une des raisons qui font que :

Quoiqu'il en soit, la question de la reproduction de l'image suscite curieusement moins de débats enflammés que celle du son :-?
syber
 
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Message » 02 Juin 2010 9:56

@ Syber : Je comprend et partage jusqu'à un certain point. On peut discuter du "pourquoi" de son émotion plus facilement sur un film ou un livre parce qu'il y a une histoire ou des thématiques auxquelles ont est plus ou moins sensibles , du moins généralement (Mulholland drive ? :wink: ) et que par sa nature le cinéma nous apparaît techniquement plus accessible a priori (en fait et pour avoir fait un peu de techniques du cinéma durant mes études et pour le plaisir ensuite, je pense que c'est en partie un leurre. La technique du montage, par exemple, est un sujet quasi indiscutable entre profanes). La musique ou les arts plastiques résistent à l'exercice quoique l'on puisse échanger sur la nature et le degré de son émotion. Mais je ne discute pas, il y a une différence.

Mais dans tes exemples, nous nous situons au niveau de l'oeuvre et non de sa reproduction. La reproduction de l'image, par exemple comparer la photographie d'un tableau à l'original, ou plus complexe la qualité de reproduction d'un film sur sa télé ou son vidéoprojecteur, sont des expériences tout aussi partageables que la reproduction du CD sur son système il me semble. Si j'écoute un CD de Bach par Milstein, et que je veux envisager et discuter de la qualité du système, Bach et Milstein n'ont pas d'importance (ou du moins c'est inconscient). J'ai effectivement remarqué que, lors de tes écoutes comparatives, puisque nous en avons fait ensemble, tu écoutes volontiers la musique (tous les spectateurs se souviendrons de ta main qui suis la musique :wink:) alors que de mon coté, je m'efforce de m'en détacher. Comme je te l'avais dit d'ailleurs, j'ai ainsi et depuis des années pris l'habitude de réaliser mes écoutes comparatives sur des disques dont j'apprécie l'enregistrement, que je connais bien, mais qui sont choisis pour le peu d'émotion qu'ils me procurent comme mélomane. Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire, juste ma pratique.

Mais on s'éloigne du Jitter. on pourra poursuivre ailleurs peut être.
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Message » 02 Juin 2010 12:59

Je parle bien depuis le début de mon argumentaire de "partage de l'expérience auditive et visuelle", pas uniquement du degré de fidélité de reproduction de l'une ou de l'autre. Tout simplement parce que c'est le niveau d'analyse communément pratiquée sur ce forum ou bien peu de pros interviennent ; et il n'y a aucun jugement de valeurs dans mes propos. Il est certain que des personnes ayant un niveau d'expertise plus poussé que la moyenne, que ce soit en histoire de l'art, en capacité à lire la musique ou à l'interpréter, en connaissance des techniques de prise de son ou du montage, etc ... auront de plus grandes facilités pour exprimer et partager les expériences auditives et visuelles qu'ils auront vécu (et cela m'empêchera d'aucune manière qu'ils se prennent le bec et ne soient pas d'accord entre eux). Mais c'est loin d'être le cas général sur ce forum, ce qui est bien normal pour un forum à vocation généraliste. Dans ce contexte, "l'image" est plus facile à commenter, plus facile à partager : personne ne sait comment je reçoit "Sunset Boulevard", personne ne sait quel monde intérieur je construit quand j'écoute Horowitz, mais il m'est plus facile de partager sur "Sunset Boulevard" car j'ai au minimum le support de l'image et le support de l'histoire qui facilitent le dialogue. Et puis je crois également que du fait même de la présence d'une image (et surtout du montage qui va avec ; à la différence du théâtre où le spectateur réalise en temps réel son propre montage en focalisant son attention sur telle ou telle partie de la scène), notre propre imaginaire est moins sollicité, disons qu'il est plus encadré à la vision d'un film, ce qui élargit le socle commun partageable par le plus grand nombre de spectateur.


Pour en revenir à la fidélité, si on veut être honnête avec les lecteurs de ce post, il faut rappeler que la meilleure façon de juger si un vidéoprojecteur, un plasma ou une paire d'enceintes sont fidèles, c'est de les mesurer et de les calibrer in situ en fonction de la luminosité et des caractéristiques acoustiques du local. Ce n'est surtout pas en utilisant un DVD ou un CD qu'il faut pratiquer ! On peut apprécier le rendu de la calibration avec un DVD ou un CD et éventuellement y apporter quelques adaptations qui rendent le résultat plaisant à notre propre goût (légères, les modifs ...), mais c'est la dernière étape du processus.
syber
 
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