
Il s'agit du film d'animation de Mamoru Oshii de 1995, avec des séquences 3D refaites, musique remasterisée, nouvelle bande son pour les effets sonores, et nouveaux doublages pour les voix japonaises.
Image : 3/5
Difficile de donner une note, tant la qualité fait le grand écart d'une scène à l'autre. Les séquences 2D reprises du film original méritent de 1/5 pour les pires, floues, à 3/5 pour les meilleures, acceptables. Les séquences 3D méritent 5/5.
Le film original (version 1) ne brillait pas par la qualité d'image : pâle et bruitée. Probablement une volonté de l'auteur, car le problème était le même sur le DVD japonais et sur le film 35mm en salle (le DVD français avait une image corrigée en contraste, mais sale et entrelacée). Avalon, le film suivant d'Oshii, visionné sur DVD japonais, était un peu dans le même genre. Il n'y a plus ce problème ici, le contraste a été bien réglé et il n'y a plus guère de bruit... mais ce qu'il en reste manque terriblement de netteté.
Les séquences 3D concernent tous les passages vus dans le monde virtuel. Impeccable, un contraste assez fort, et pas la moindre postérisation. J'ai même utilisé une scène du générique pour illustrer l'option 8 bits + dither contre 8 bits tout court en HDMI sur mon lecteur, sur le forum AVS. Avec le contraste du lecteur à -3, on voit une postérisation sur l'échelle 8 bits sans dither, alors qu'avec le contraste à zéro ou avec dither, les dégradés sont parfaits.
Son : 4/5
Là aussi, c'est inégal, mais ça oscille entre 2/5 pour le thème principal de la musique, qui a malheureusement subi une RALC (1). Le grave des percussions est trop fort et trop lourd. On dirait qu'ils ont remplacé les percusionnistes par des éléphants... Et, je dirais 8/5 pour les bruitages et les dialogues

: une tuerie ! Bruitages hyper-réalistes, nouveaux doublages réalisés par de véritables artistes au sommet de leur art, et il reste la musique, toujours aussi magique malgré les percus du thème principal.
Film : 5/5
Un chef-d'oeuvre acclamé dès la sortie de sa première version. Un univers de science-fiction dans une mégalopole pas si futuriste que ça, ou les agents de la sécurité publique, nos héros, sont entièrement robotisés à l'exception d'une petite partie de leur cerveau où réside leur "Ghost", concept inventé pour l'occasion, équivalent à l'âme, mais sans connotation religieuse. Chaque personnage peut se connecter sur l'intranet / internet ou ce qui en tient lieu à cette époque par un branchement direct dans la nuque. Et même passer des coups de fil par la pensée, puisque les circuits nécessaires ont été implantés dans leur cerveau.
Le film comporte plusieurs séquences contemplatives accompagnées par la superbe musique de Kenji Kawai, qui a fait chanter une chorale japonaise dans le style des Voix Bulgares.
Scénario complexe. Compliqué, même, il manque certains éléments, présents dans la manga, pour tout comprendre (2), mais l'essentiel est simple et tourne autour du fameux pirate informatique, le Puppet Master.
Spoiler : cliquer pour lireLe Puppet Master était à l'origine une intelligence artificielle, mais le réseau informatique à cette époque s'est tellement développé que le Puppet Master y est devenu une nouvelle forme de vie. Le film traite de cette évolution, et du désir du Puppet Master d'acquérir les fonctions vitales qui lui manquent en fusionnant avec Motoko Kusanagi : la reproduction et la mort
La version 2.0 a en revanche reçu un acceuil glacial : remake inutile, voire laid pour certains fans. Je ne saurais être plus en désaccord avec cela.
Réglons le problème dès le départ, oui, le personnage de Motoko en 3D n'est pas terrible, mais il n'apparaît même pas deux minutes à l'écran, dans trois scènes : sur le toit de l'immeuble dans l'intro, devant les fenêtres à la fin de l'intro (et je le trouve réussi dans ces deux scènes), et en remontant de l'océan (raté effectivement). Ce n'est qu'un détail sur lequel il est inutile de s'attarder tant le reste du remake est intéressant.
Les scènes 2D ont été simplement remasterisées : plus contrastées, moins bruitées, avec parfois un changement dans l'équilibre des couleurs, plutôt brun-vert, alors que l'original était un peu bleu-rose en comparaison.
Toutes les séquences 3D, lors des connexions dans le monde virtuel, sont nouvelles. Plutôt réussies, mais rien d'extraordinaire. Au moins, la qualité du Blu-ray est exploitée à fond.
Spoiler : cliquer pour lireLa silouhette de l'ange, à la fin, a été remplacée par une belle animation abstraite, moins explicite.
La musique était un peu mieux dans la version originale. Le thème principal n'ayant pas été remasterisé avec beaucoup de subtilité ! Cette musique est d'ailleurs maudite : choeurs en mono sur la VF du DVD français, reprise finale remplacée par un morceau de Passengers dans la version anglaise, et horrible compression de dynamique sur la piste japonaise du DVD français (la chorale recule de 10 mètres à chaque percussion), voilà maintenant qu'elle se fait remasteriser pour la version 2.0. La seule piste vraiment impeccable est la piste japonaise du DVD japonais de la version originale du film, qui coûte un bras et une jambe (9800 yens l'édition DVD standard, prix imposé imprimé sur la jaquette, comme sur les livres en France. Je vous laisse calculer l'équivalent en euros, vous ne me croiriez pas).
Les autres pistes musicales sont correctes.
On arrive au reste du son, grand gagnant de cette version 2.0. Les bruitages sont entièrement nouveaux, hallucinants de réalisme. A tel point que c'en est choquant. Ma première réaction a été de me dire "c'est dingue, on entend tout ce qu'ils font" ! Et puis je me suis dit que sur l'original aussi on entend ce qu'ils font, alors qu'est-ce qu'il y a de plus ? Il a fallu que je compare scène à scène pour me rendre compte. Exemples : lorsque Motoko saute sur le toit de l'immeuble en poursuivant le hacker, on l'entend atterir sur une première tringle, on l'entend déboîter une deuxième qui fait son bruit métallique en tombant, et on l'entend atterir sur le toit. Quoi de plus normal ? Voyons la version 1, pour comparer. Mort de rire ! Boinnng ! Boinnng ! Les veux bruitages à la Goldorak ! Trop kitch ! Et les plus petits détails animés sont sonorisés : le bruit des gants de l'éboueur lorsqu'il saisit le volant, le bruit des gouttes d'eau sur le canon du tank...
Bon, ce sont des détails relativement techniques. Par contre, artistiquement, toute l'ambiance est transformée à deux niveaux : ambiances sonores générales et dialogues.
Le principal changement d'ambiance a lieu lors du dialogue entre Batou et Motoko sur leur navire. Probablement refaite par Kenji Kawai. Elle évoque de lugubres plaintes, qui s'effacent petit à petit devant des bourrasques de vent. Avec les bruitages de l'eau autour du bateau, on s'y croirait. Le tout accompagne parfaitement l'angoisse de Motoko et la mystérieuse intervention de la Voix à la fin du dialogue. D'autres scènes sont bien "mises en son" : quand Batou repart avec la voiture et laisse Togusa demander des renforts pour Motoko, c'est tout simple : le bruit de la pluie et une sirène, police ou pompiers, au loin. Tellement simple que ça fait inhabituellement vrai comme ambiance urbaine, sans le remplissage sonore habituhel, d'autant que pour une fois, ce n'est pas une sirène de police californienne.
Quand aux dialogues, japonais, ce sont les mêmes acteurs, sauf pour le puppet master, qui prend ici une voix de femme. Ils sont parfaits. Tellement parfaits que je n'envisage même plus de pouvoir regarder une version doublée en langue étrangère (alors que je ne parle pas un mot de japonais !). Chaque voix reflète l'état d'esprit du personnage : intériorisé, mais tout en conservant un ton réaliste, sans pour autant faire trop plat. Et des dialogues, il y en a un paquet, dans ce film ! La nouvelle voix du puppet master est très téhâtrale, elle me donne des frissons.
Il n'y a que deux pistes japonaises sur le BD : DTHD 5.1 (désigné comme 6.1 dans le menu, mais reconnu comme 5.1 par le lecteur), et LPCM stereo Dolby surround. Et les sous-titres sont en anglais seulement.
Pour moi cette version 2.0 est une réussite, et même un chef-d'oeuvre sonore.
Système : Lecteur Oppo BDP-83, son DolbyTHD downmixé stéréo, casque Sennheiser HD600, écran LCD Eizo HD2442W.(1) RALC = Remasterisation A La Con
(2) L'identité du colonel Malles, qu'on voit à l'écran, et la raison pour laquelle le ministre veut signer avec la république de Gavel : il veut acheter leur platine.