» 08 Jan 2008 12:45
Bonjour, l'exemple donné de l'Hélikopter quartett est typique, mais je le définirai presque à l'opposé : je ne trouve pas du tout que ça ressemble à du "n'importe quoi", à du pianotage d'un enfant de 6 mois ;
il y a d'abord la dimension expérimentale : on en pense ce qu'on veut du décollage en hélico, c'est comme Duchamp, mais en musique : personnellement j'adore, et surtout je trouve que ça se marie parfaitement avec le contenu " à corde" du quatuor ; et c'est là que réside le génie de Stockhausen : sa composition est en l'occurence complexe, et en même temps à mon gout elle coule de source, elle est fluide : il ne se contente pas de plaquer des notes par dessus le vrombissement de l'animal volant : celui-ci est un "partenaire" : je considère cette oeuvre comme une sorte de quintette (ou d'octuor) pour quatuor à cordes et hélicoptères.
Après il y a une part d'irrationnel dans la sensibilité à la musique "vraiment" contemporaine :
à l'âge de 14, 15 ou 16 ans, je raillais mon père qui en écoutait, ces bruits infames qu'on pouvait reproduire en rossant un piano par exemple..
et puis le temps a passé, ma sensibilité a changé, et maintenant j'adore..
mais pas n'importe quoi ; je ne saurais l'expliquer, mais certaines musiques contemporaines me semblent insipides, snas génie aucun, sans imagination ; bref, ennuyeuses.. pour d'autres, c'est le contraire, avec toutes les nuances, du correct au génial comme pour n'importe quelle musique.. alors que extérieurement, on peut dire que tout ça c'est le même bruit..
maintenant j'aime entre autre la musique contemporaine précisément pour son absence de repères rassurants, pour ses surpises dues souvent à chaque mesure différente de la précédente, pour son vertige..et finalement par exemple le "thrène" d'Hiroshima de penderecki agit sur moi comme un massage ! j'aime ce côté sombre, agressif, acéré ;
cette musique qui est tout sauf de salon, mais qui, en dehors de ses rugissements, se renouvelle sans cesse dans la création, bien au-delà de la succession de notes..
mais certes pour apprécier ses musiques, il faut laisser ces préjugés, et se laisser envahir par une musique à l'état d'esprit qui ne laisse aucun répit, intense, le contraire d'un fond sonore.
C'est une musique pour moi très spirituelle, essentielle, rarement ludique, qui questionne sans arrêt, lourde de sens, en quelque sorte.
Et je jubile en écoutant les arditti décoller dans la stratosphère musicale, ou la virtuosité de H.Holliger dans le fabuleux Spiral pour hautbois solo (ou autre instrument).
Evidemment, beaucoup d'amateurs de classique huent la musique contemporaine...
C'était déjà le cas avec Beethoven.. rien ne change.