dinococus a écrit:JACBRU a écrit:- Courbe standardisée difficile à interpréter en régime musical
Subjectivité quand cesseras-tu ta pollution

Je reviens sur cette remarque qui est jetée dans les discussions sans trop d'argumentation. Dans mon cas j'avance rarement sans argument, je les ai donnés concernant les courbes de Fletcher, en particulier quand on étudie le contenu fréquentiel d'un extrait musical en continuel évolution, cela va de soi.
Sur le fond, je trouve cette remarque incompréhensible. Quel est notre but à tous ? Capter des ondes sonores qui soient perçues par notre système neuro-auditif comme des sons plus ou moins complexes, si possible, ressemblants à de la musique, chose éminemment subjective. Les mesures et les modélisations ne sont là que pour contrôle, pour aider à développer nos systèmes électro-acoustiques de restitution et à les adapter à leur environnement. Ils doivent respecter au plus près l'onde sonore captée par les micros, document source. Le son est une réalité purement individuelle construite par notre cerveau. Comment l'évaluer autrement que par l'étude, ce qui est possible, des sensations subjectives liées par la perception de l'onde ? Loin d'être une pollution, le ressenti subjectif est l'alpha et l'oméga de notre discussion, sur ce forum. On lui doit d'ailleurs quelques ''empoignades littéraires'', mais comment l'éviter ?
Cela n'enlève en rien de l'intérêt de l'approche objective. Pour y voir un peu plus clair, faisons la part des choses. D'un côté une chaîne de restitution électro-acoustique doit créer des ondes de type sonore, si possible identiques aux phénomènes ondulatoires perçus par le ou les micros de capture, les transférer dans les meilleures conditions à la masse d'air du local d'écoute et leur permettre d'atteindre nos capteurs, nos deux tympans, avec un minimum de perte d'énergie.
De l'autre, il y a notre système de perception, de conversion, de traitement et de contrôle d'un signal prenant la forme d'un influx nerveux. En fait, l'approche de ces deux ''mondes'' ne peut-être identique :
Tout ce qui concerne la restitution du message, du lecteur au tympan répond aux lois mathématiques, algèbre, géométrie ou calcul vectoriel. Tout est, en principe prévisible, modélisable et mesurable. La marge d'erreur correspond à la précision des capteurs et de nos outils de mesure. Rien de subjectif dans tout cela, c'est le domaine de l'ingénieur, qui pourrait le remettre en cause ?
Après le tympan, la situation se gâte un peu... la Vie reprend le dessus, la variabilité aussi. L'onde sonore ''récupérée'' va d'une part subir des traitements physiques, mécaniques et même chimiques pour aboutir à un influx nerveux, sorte de courant électrique, capable de transporter et de traiter un code forcément de nature binaire, les neurones laissent ou pas passer l'influx, mais cela vous connaissez ailleurs...
Ces phénomènes répondent bien, individuellement, aux lois de la physique, chimie ou mécanique, on peut les mesurer. Oui mais, les mesures réalisées chez un grand nombre d'individus sont variables, elles sont le reflet de nos différences physiques, structurelles. En moyenne, environ quatre-vingt pour cent d'une population est proche pour le facteur mesuré, mais vingt pour cent donne des résultats différents et même très différents du reste de la population. Finalement il faut travailler sur des probabilités, valeurs moyennes et écart-types pour être dans le vrai (le fameux petit ''p'').
On ne peut appréhender les sciences de la vie, même si elles mettent en jeu des phénomènes physiques et chimiques, comme si elles concernaient de la simple matière. Les biologistes et physiologistes sont aussi des bio-physiciens et bio-chimistes. Ils utilisent des outils d'investigation et d'imagerie tout à fait exacts et performants pour investiguer les phénomènes qu'ils observent. Seule particularité, les mesures doivent-être répétées un nombre suffisant de fois chez un nombre duffisant d'humanoïdes pour juger de résultats généralement différents, parfois très discordants... !
Le but final est de conclure sur des résultats crédibles... Pas facile si, en plus, le critère étudié est sensitif, image, son, goût, perception tactile, douleur. Il est possible, par exemple d'étudier les potentiels évoqués en audiométrie, ou d'autres critères physiques ou électriques, mais il faut, à un moment ou à un autre, avoir une idée globale de la perception. Seules des méthodes, forcément liées aux statistiques et probabilités, sont crédibles. 2+2 font, en moyenne 4 mais aussi 1, 2, 3, 5, 6... ou 0,... ou l'infini, voilà la différence avec l'arithmétique et son invariable et invariant quatre.
Les méthodes d'évaluation subjectives pour les perceptions sensorielles existent et donnent des résultats renouvelables et fiables (au moins à 95% pour pouvoir être prises en compte. Prenons l'exemple de la douleur, l'effet antalgique d'un placébo, sans aucun effet pharmacologique démontré, peut-être recherché chez nos semblables. Il diminue réellement, significativement, la douleur chez, environ, 1/3 des sujets testés. Plus fort encore, un phénomène objectivement observable comme la pression artérielle, est significativement diminuée dans, comme par hasard,... le tiers des cas...
Pour revenir au son, réponse cérébrale à un phénomène physique, une onde dépendant de la température et de l'hygrométrie. Perçue par l'appareil auditif puis, fruit de pas mal de transformations en passant de milieux solides, gazeux et liquides, pour certaines sous contrôle cortical, elle est quantifiée et transformée en code binaire. Les structures nerveuses supérieures qui le reçoivent en donnent leur interprétation. ''Surgit'' enfin à notre conscience une sensation, un son, un bruit, une voix, une mélodie qui peuvent profondément ébranler notre sensualité par une sensation secondaire, nouvelle, appelée émotion. Tout se passe dans notre tête, à notre insu, et à l'insu de nos appareils de mesure (pas totalement toutefois avec les progrès de l'imagerie).
Je sais bien que les ingénieurs aimeraient tout mesurer, calculer, prévoir, mais nous en sommes loin. De toutes façons le seul moyen d'évaluer globalement, subjectivement, notre perception sonore est une probabilité-statistique. La méthode et les tests existent. Bien sûr, cliniquement, il est possible de mesurer les paramètres de l'audition, mais ces mesures, individuelles, n'ont en aucun cas de signification universelle. Par contre, les mesures de l'onde sonore sont, elles, précises et reproductibles, généralisables. Par contre, en aucun cas, elles n'évaluent le son perçu...
Pour l'optimisation du studio d'Igor, je ne pense pas me tromper, JL Ohl recherche des corrélations fiables entre mesure de l'onde sonore et perception du son correspondant. Plusieurs réglages peuvent être comparés . Finalement, l'écoute décide de la corrélation la plus pertinente. C'est une démarche logique, sinon pourquoi tant de forumeurs se déplaceraient-ils (parfois de loin) pour entendre un son totalement défini par les mesures ? La subjectivité a encore de la place...