syber a écrit:Wald concluant son post sur la multiplicité des causes qui ont peu à peu fait que Cabasse a perdu de son aura, je voudrais porter à l'attention des lecteurs ces éléments d'analyse.
- une incapacité d'exporter le "concept Cabasse" qui a fait que Cabasse ne fut à l'époque de sa splendeur qu'un constructeur franco-français. Lorsque je parle de splendeur, les plus jeunes d'entre nous ne peuvent pas imaginer l'état de révérence qu'une partie de la clientèle d'alors - dont je faisais partie - portait à cette marque et à son discours. Cabasse, c'était le Vatican. Aucune marque actuelle, même B&W, même les plus puissantes commercialement, n'a le même impact.
- des investissements hasardeux, particulièrement dans un outil de production qu'il fut difficile de rentabiliser.
- une perte progressive de présence dans le secteur audio professionnel qui a - en ce qui me concerne - rendu moins audible et crédible le discours de la marque.
Néanmoins, pour avoir écouter une très grande partie des Cabasse actives et passives de la Brigantin III des années 70 jusqu'aux Sphère, il est indéniable que la qualité sonore des gammes actuelles est toujours dans la lignée des anciennes. Quand à la faible qualité de certaines ébénisteries de la période 90/2000 (on pense aux gammes MT 200), c'est aujourd'hui du passé. Les dernières Murano présentent une qualité perçue absolument hors de tout critique (en échange d'un certain prix, il est vrai).
En voilà un post qui ouvre des sujets dans le sujet.
J'avais remarqué l'absence quasi totale de Cabasse en Grande Bretagne dans les années 80 (si ce n'est vaguement cité dans quelques revues) et la marque était inconnue aux États Unis. Mais j'ai l'impression que c'était propre aux marques françaises, sauf Focal dans les années 90-2000 je crois. Je ne sais pas pourquoi Cabasse est demeurée sur son seul marché national quand les anglais - massivement dès les années 70 - , et même les allemands sortaient de leurs frontières (en plus bien sûr des japonais, relativrment présents en accompagnement de leurs électroniques, et évidement des américains - JBL, Bose, Acoustic Research, Infinity ou Martin pour les premiers qui me viennent à l'espri, mais ces deux pays industriels avaient de longue date une ambition mondiale).
La rigueur de Cabasse, nous la devinions d'abord à travers ses "livrets", distribués dans les salons et, on y revient, abec les démonstrations en live (L'anglais QUAD avait une approche similaire d'ailleurs). J'ai lu plus tard des interviews de Georges Cabasse, qui racontaient son indifférence aux modes, et bien plus tard encore ce que décrit par exemple Philippe Muller, collaborateur d'une période enchantée, lequel tient toujours à citer aussi les ingénieurs François Bellec et Joël Richard, ou Bernard Neveu qui n'appartenait pas à l'entreprise mais qui complétait une approche, je dirais éthique, en ce que la recherche de la fidélité était le seul dogme.
On est aux antipodes des conceptions plus ou moins exotiques qui ont pignon sur rue depuis plus de 20 ans
et je crois que ce qui rapproche les "fidèles," qui se reconnaîssent sur ce fil (Scytale, Syber, Robert64 ou Igor et j'en oublie, mille excuses), c'est cet ancrage là, et aussi le refus des allégations sans preuve qui ont oxydé notre objet commun de passion(s).
Pas de hasard, les cabassistes vieillissants (ou non), mais biberonnés aux leçons du maître, se sont aussi rencontrés bien des années après sur l'ABX. Je ne crois pas que G.Cabasse en ait jamais parlé, mais l'esprit est là, à mon avis.
J'ai découvert il y a peu, sur le forum consacré à la marque, cette interview :
https://www.forumcabasse.org/wiki/Inter ... es_CabasseÉvidement, on comprend, après l'avoir lue, pourquoi les principes d'alors peuvent, après le départ de son créateur, avoir donné l'impression de se diluer, sans doute injustement, dans une autre conception, plus soumise au marché. Je note toutefois que Syber rappelle souvent que, selon lui, qui pratique en quelque sorte des verticales millésimées, la qualité ne s'est pas dégradée avec les annéees.
Édit : en 2006, Philippe Muller avait observé que le successeur de Francois Bellec ne partageait "pas du tout" les principes de Georges Cabasse et aussi que, dans les années 90, le labo aurait déjà perdu progressivement la fin de ses effectifs.