haskil a écrit:
je crois l'inverse, resolument l'inverse. Et souvent je suis epate par la bien plus grande subtilite des prises de son cinema que celles generalement devolues a la musique classique qui tres souvent sont grossieres et ne maitrisent pas du tout le multipiste et la simple dispostion des instruments dans l'espace stereo. Je dis ca du haut de milliers de disques ecoutes et possedes depuis 35 ans et du haut d'une collection d'enregistrements classiques dont les plus anciens enregistrements remontent au XIXe siecle.
Nous divergeons alors sur ce point. Le terme que j'employais, subtilité, n'était sans doute pas le plus heureux et je me rendis compte qu'il ouvrait matière à différentes interprétations. Je plaide coupable sur ce point, l'adjectif "subtil" étant trop ambigü. Strictement, je pense que les prises de son cinématographiques sont plus grossières que les prises de son d'enregistrements de musique classique. L'affirmation est douteuse dans sa formulation initiale, je le concède. Il est aisé de trouve un contre-exemple, cela dit l'enjeu ne se situe pas en termes singuliers, mais dans une logique de considération du son dans un médium ou dans l'autre.
Je m'explique. Le cinéma sonore (qui a inventé le silence au cinéma comme le rappelait Bresson) souffre d'une incohérence vis à vis du son liée à son dispositif quotidien. D'abord, il faudrait s'entendre sur le mode opératoire pratiqué au cinéma. Parlons-nous d'un cinéma "classique" post-synchronisé entièrement ou du cinéma plus contemporain qui pratique le mélange entre une prise de son en direct (sur le plateau) et des raccords? Ce qui trompe l'oreille au cinéma (et je ne mets pas en doute ton oreille), c'est l'illusion que procure le visuel. Je doute que tu réitères cette affirmation à l'écoute d'une bande-son isolée: raccords grossiers, détimbrages brutaux, éloignement ou rapprochement intempestif des voix, corrections hasardeuses et surtout des sons mal traduits. La plupart du temps les voix souffrent ou bien de la mauvaise prise de son en direct ou bien de la difficulté de "raccorder" le son et l'image à la post-synchro. Donc j'aimerais quelques clarifications sur les expériences d'auditeur que tu décris, à la fois sur les technologies employées et par le lieu de cette supériorité. Je précise: pour moi la faiblesse du son au cinéma vient d'abord de la prise de son en direct et de ses trop nombreuses contraintes économiques, et ensuite de l'accord entre les sons directs et les sons ajoutés ensuite. Par contre, je ne reproche rien à la qualité globale du travail du mixage (qui fait des choses remarquables avec ce qu'il a à disposition). Peut-être suis je dans l'erreur, car il est vrai que j'ai tendance à ne conserver en mémoire que le meilleur des enregistrements classiques et à m'attarder sur les ratés au cinéma, et comme tu connais mieux que moi les enregistrements classique, je m'interroge. C'est une déformation subjective qu'il n'est pas aisé d'éviter. Et le compliment que tu adresses aux prises de son cinéma ferait bien plaisir à beaucoup dans la profession.
Je te rejoins j'imagine sur un point, la prise de son d'un film est une affaire délicate et les difficultés techniques sont très nombreuses. Il est possible également que j'accorde a priori une trop grande qualité aux prises de son des enregistrements musicaux au détriment du cinéma. Chaque métier envie un peu les qualités de l'autre. Mais la fréquentation des tournages me conduit à m'interroger, notamment pour la prise de son en direct. Quand je vois les approximations dans la disposition des micros, le placement de la perche là où on peut, l'utilisation indue des micros hf et autres joyeusetés, cela refroidit. Le son n'est pas mon métier, mais je l'ai pratiqué un peu comme perchman notamment (simplement dans ma formation, pas professionnellement). Et ma fréquentation des meilleurs ingénieurs du son français (ou étrangers) qui parlent des enregistrements d'opéra Decca avec des trémolos dans la voix m'est restée. Mais tu as piqué ma curiosité, et je crois qu'il serait amusant de faire l'expérience d'écoutes de prises de son cinéma en aveugle (sans image). Je peux avoir sans difficulté des repiquages, des bandes...Si l'expérience te tente.
Je vais meme plus loin, La plupart des preneurs de son classiques seraient utilises comme tireurs de cables dans les equipes qui travaillent le son pour le cinema.
L'un des seules prises de son classique qui approche la subtilite de celles courantes au cinema ce serait le Ring de Wagner par Solti chez Decca...
Et cette avance qualitative du cinema remonte aux annees 1930...
Tu exagères. Une équipe son sur un film est réduite: le plus souvent deux personnes au tournage (ingé son et perche) et un mixeur pour la post-production. Tu peux me croire quand je te dis qu'aucun preneur de son classique ne serait utilisé comme "tireur de câble", c'est à dire un machiniste ou un éléctro! Ils n'ont pas les compétences, là c'est un fait. Mais pour remplacer au pied levé l'ingénieur du son et mixer en direct une prise de son multi-micros, ils s'en sortiraient très bien. Je l'espère en tout cas, parce que sinon tu ferais vaciller mes certitudes de mélomane!
Pour le reste, ta contribution est remarquable, vraiment remarquable... mais un poil hors sujet.
Car Quelle que soit la diffrence entre cinema et video [l'une est que le cinema est un spectacle collectif, pas le HC], le marche, la manipulation des consommateurs, etc., la qualite que l'on demande a un systeme de reproduction sonore est le meme pour la musique et pour le cinema : il faut qu'il altere le moins possible le signal qu'il restitue. Et une electronique ne fait pas la difference entre une bande son type Seigneur des Anneaux et la Grande fugue de Beethoven ou la Symphonie avec orgue de Saint Saens.
Je me rends compte du hors-sujet et je prie pour qu'on m'en excuse. Mais je suis parfaitement d'accord avec ta conclusion. Un système de reproduction du son est là pour restituer le plus fidèlement possible ce qui a été enregistré. Je ne crois pas d'ailleurs avoir voulu dire autre chose à ce sujet, et j'essayais de souligner que les différences n'étaient justement pas si importantes que ça entre les enjeux du cinéma (ou de la vidéo à domicile) et de la musique enregistrée. La suite en privé, si mon message est vraiment trop hors-sujet, je ne veux pas polluer le forum.
Très cordialement.