Je reprends le document de Syber et en particulier cet extrait :
Prenons un exemple : si vous prenez comme référence un signal à 1 KHz émis à un niveau de 60 dB, et que vous le comparez à un signal de 40 Hz, ce dernier devra être d’un niveau non plus de 60 dB mais de 80 dB pour que vous ayez une sensation sonore identique. Si vous comparez ensuite ce même signal à 1 KHz avec un autre à 8 KHz, ce dernier devra être émis à un niveau de 70 dB pour que vous ayez une sensation sonore identique pour les deux signaux.
Et on essaye de réembrayer utilement sur la question posée en tête du fil
.
Y a-t-il des caractéristiques pour l'ampli et les enceintes à favoriser pour garder une écoute homogène? Par ex, faut-il privilégier des enceintes de sensibilité faible avec un ampli couillu en courant ou à l'inverse des enceintes de sensibilité plus élevée?
60 dB (le niveau de l'exemple cité ci-dessus), c'est un niveau que l'on compare généralement à un "marché animé"ou une"fenêtre ouverte sur rue passante". Mais on parle de niveau moyen.
Selon les courbes isotoniques reproduites par Syber, pour une écoute subjectivement équilibrée avec 1000 Hz à 60 dB, il faudrait apporter une correction de + 20 dB à 40 Hz et + 10 décibels à 8 kHz (sans compter les corrections intermédiaires).
Pour apprécier quantitativement encore la question, cela signifie que pour conserver une sensation auditive de linéarité, la correction necessite à 40 Hz une puissance (de l'ampli) 100 fois supérieure à celle délivrée à 1000 Hz.
On voit donc bien le problème saillant de l'écoute à bas niveau, le son perçu étant fortement déséquilibré, ll faut rattraper ce déséqulibre. Le loudness apporte cette correction au signal en augmentant la puissance délivrée par l'ampli aux fréquences situées dans la zone de faible sensibilité de l'oreille (ou effectivement, comme l'a remarqué un forumeur s'agissant en tout cas de la correction progressive yamaha, en atténuant les fréquences situées dans la zone de haute sensibilité, ce qui revient au même).
Une enceinte de très faible sensibilité change-t-elle quoi que ce soit à l'affaire ? Non. C'est en réalité totalement indifférent au problème.
Une enceinte comme celle de Fargo (80 DB / 1 W / 1m à 1000 Hz, une sorte de record en la matière), n'a besoin que de 0.01 W pour produire 1000 Hz à 60 DB et il ne lui faudra que 1 W pour produire 80 DB à 40 Hz (calcul très théorique pour l'enceinte de Fargo qui ne doit pas descendre en dessous de 100 Hz
). En tout cas, pour l'écoute à bas niveau, malgré son très faible rendement, elle ne sollicite pas particulièrement l'ampli même après correction en fonction des courbes isotoniques.
Mais une enceinte de très bon rendement (94 dB) n'aura besoin que de 0.005 W pour produire 1000 Hz à 60 dB et 0,05 W pour produire 80 dB à 40 Hz, elle sollicite donc encore moins l'ampli.
En conséquence, à faible niveau, il y a assez peu de risques de solliciter l'ampli quel que soit la sensibilité de l'enceinte. On ne voit pas trop les précautions particulières à prendre.
Au passage, un message musical n'est pas linéaire et même à bas niveau, une impulsion peut dépasser largement les 60 dB de notre exemple. Sur un "forte" à 85 dB à 1000 Hz (ce qui n'est toujours pas bien fort), il faudrait une correction de de 12 dB à 40 Hz selon la courbe ci-dessus. L'enceinte de très faible sensibilité, l'enceinte de Fargo quoi !, devra désormais encaisser 50 W ce qui commence à être beaucoup pour cette petite chose fragile
. L'enceinte à forte sensibilité, se contentera de 2 W, ampli et haut-parleurs travailleront dans une zone de sécurité.
Quoi qu'il en soit, à faible niveau, dans l'immense majorité des situations, il n'y a pas de spécifications particulières des enceintes ou de l'ampli, il y a besoin d'une correction acoustique, par exemple grâce à un loudness variable. Bien sûr la correction se fait à l'oreille, demeure très subjective et de toute façon nécessairement imparfaite (comme l'avait bien montré Philipe Muller) mais de deux maux il faut choisir le moindre : mieux vaut une correction imparfaite qu'un déséquilibre définitif.
Il n'y a presque plus de loudness sur les amplis et seul Yamaha à ma connaissance en utilise qui sont progressifs. C'est bien dommage et surtout paradoxal. Leur disparition date des années 80/90 au prétexte de la simplification des circuits moyennant quoi on contraint l'auditeur à une écoute déséquilibrée à bas niveau : comprenne qui pourra.
Et puisqu'on n'y est, à l'époque (et maintenant encore....) , ça ne dérangeait personne qu'il y ait obligatoirement une correction RIIA à l'étage Phono qui rattrapait le déséquilibre du spectre inhérent à la gravure des vinyles. Comme l'audiophilie aime nourrir les paradoxes elle a supprimé les correcteurs de tonalité et le loudness et d'un même mouvement conservé vie au vinyle moyennant une magnifique correction RIIA (certes normée, mais répondant à une problématique comparable).