Il y a deux ans et demi on commençait à murmurer dans les salons hifi-HC la possible irruption de l'Atmos dans les foyers. Connaissant bien l'Atmos professsionnel et ne voyant pas par quel tour de passes-passe on pourrait faire entrer un tel éléphant chez madame tout-le-monde je répondais: "l'Atmos chez soi, c'est comme vouloir faire de la moto dans une salle de bains".
Aujourd'hui, je reviens d'un voyage professionnel de 3 semaines aux Etats-Unis. Au salon Cedia de Dallas, presque plus personne ne parle de l'Atmos. Sa présence est noyée dans la liste des caractéristiques des amplis, il n'y a plus de démonstrations spécifiques (contre 12 il y a 2 ans) ni d'annonce pour des enceintes qui pointent vers le plafond. Je ne sais pas quel miracle les home-cinéphiles attendaient mais de toute évidence l'enthousiasme est retombé.
Je ne suis resté qu'une journée au salon (bien suffisant dans un programme chargé). Les enceintes étaient à l'honneur avec un nombre impressionnant d'exposants. JBL Synthesis avait une salle cohérente avec 16 enceintes (15+1). Le son des 7 extraits présentés était précis, équilibré, percutant sans être fort. Côté surround, l'équilibre ambiances/objets est bien dosé, naturel, agréable à écouter. Cela n'a rien à voir avec le tintamarre tonitruant d'il y a 2 ans!
Même appréciation chez Wisdom Audio malgré un son plus brouillon, moins défini. Il est intéressant de noter le prix de l'installation Wisdom affiché à l'écran: 277.000 dollars (HT) pour les amplis-enceintes et 250.000 pour l'acoustique, la vidéo et les fauteuils. Traduit en euros on est pas loin de 600.000 TTC. Mon avis: un délire en regard du résultat.
J'ai passé plusieurs jours chez Warner à Burbank où j'ai pu discuter avec plusieurs ingénieurs au cours d'un diner. Leur position est claire: Il y a 2 cinémas: celui qu'on peut voir en salle et la télé.
Une salle de cinéma bénéficie du volume et de l'infrastructure qui permettent d'intégrer un système Atmos. Le travail de mixage auquel j'ai assisté quelques heures montre un recul une maturité de la part des opérateurs qui n'existaient pas il y a 3 ou 4 ans. Le son Atmos n'est plus la fête foraine avec des pétards dans tous les coins. Les sons objets sont moins nombreux.
Le sound designer de "Seventh son" (le 7e fils) m'a confié que dans le mix Atmos du film, il y a 5 objets, pas plus. Par contre, il y a un meilleur enveloppement et plus de réalisme dans les ambiances diffuses. Pour eux comme pour moi, cette approche est un progrès.
En revanche (si je puis dire), le son du BluRay reste masterisé pour que la ménagère puisse suivre l'histoire depuis sa télé posée sur le frigo pendant qu'elle fait la vaisselle et que les enfants jouent bruyamment. On écrase la dynamique, on baisse les basse et on remonte les surrounds. (choses qui n'existaient pas il y a 10-15 ans et que je découvre aujourd'hui). J'ai osé parler de le frustration des propriétaires de pièces dédiées, amateurs de qualité et de reproduction fidèle du son original. La réponse collective fut cinglante: ça ne représente rien sur le marché, c'est sans intérêt.
Le 4 k ? Pour les professionnels des studios c'est un vrai progrès. Progressivement la disposition des salles va changer. Plus larges que longues avec un grand écran. Chez Warner comme chez Universal et sans doute les autres aussi, on repeint les façades des décors car la haute-définition laisse voir les enduits, les joints et les fixations.
Le 4 k chez soi ? Soyons sérieux... l'UHD c'est la HD avec les pixels coupés en 4. de toute façon, sur une télé... Ah... bon, merci pour l'info.
Non, ce n'est pas une rue de Chicago ou de New-York. C'est la façade rénovée d'un décor de cinéma.
Bilan de ces conversations: la production a réellement fait des progrès ces dernières années grâce aux avancées technologiques (je ne parle pas des scénarios). La diffusion en salle ne suit pas, hormis quelques salles d'exception. Le cinéma chez soi est submergé par des innovations inadaptées qu'on présente comme indispensables pour compenser la crise qui touche tous les foyers modestes. Mais ça ne marche pas. Les produits inutilement chers n'apportent pas la satisfaction attendue (illusoire de toute façon), les clients se lassent et se tournent vers le multi-room, les enceintes de jardin et le dernier hi-phone.
Personnellement, je reste sur la même position depuis toujours. Un bon home cinéma n'a aucune raison de coûter une fortune. Le 5.1 (bien installé) est le meilleur format que j'ai entendu à ce jour dans un environnement domestique.
En ce qui concerne l'évolution technologique: il est urgent d'attendre. Quand les ardeurs seront retombées, que le résultat sera là avec des prix bas... on verra. A moins que le HC tombe dans l'oubli. Ce serait dommage.
JPL
Créé le 22 Nov 2021 16:54
