Merci Precigou pour votre intervention. J'avais commencé la rédaction d'une réponse pour pinlelala, mais vous l'avez très bien fait à ma place.
Rappelons tout de même que dans un film, chaque son est pensé, décrit, évalué, débattu avant d'être formaté sur la piste. Le son est le moteur de l'émotion, les cinéastes le savent bien et rien n'est laissé au hasard.
De longues discussions ont lieu dans la salle montage ou dans l'auditorium de mixage entre le monteur son, le mixeur, le sound-designer, le réalisateur et parfois le chef opérateur pour savoir si tel son sera conservé ou pas, où sera-t-il placé, quelle sera son intensité, sa couleur, sa résonance, etc.
Lundi dernier Arte a rediffusé le film de Robert Bresson "Un condamné à mort s'est échappé", moultes fois récompensé. L'action se passe pendant l'occupation Allemande. On y entend à plusieurs reprises, le sifflement d'une sirène et le "ding-ding" de la sonnette d'un tramway. J'imagine que vous auriez placés ces bruits comme des objets sonores dans l'espace Atmos. Et bien non, surtout pas! Ils sont en mono au centre de l'image car ils se passent dans la tête du héro du film comme l'image de la liberté. Upmixer une spatialisation différente serait stupide.
Si les oiseaux ne crient pas quand ils attaquent Mélanie dans "Les oiseaux" d'Alfred Hitchcock, c'est voulu.
Chez Jacques Tati, quand le claquement d'une porte n'émet aucun son, c'est voulu aussi.
On pourrait multiplier les exemples à l'infini.
Le cinéma n'est pas un parc d'attraction ni une fête foraine. L'effet Doppler suffit à traduire le déplacement d'un véhicule, il n'est pas nécessaire de balayer toute une rangée d'enceintes pour montrer le mouvement. Même le silence est un art. Placé au coeur d'un dialogue, il va soulever des sous-entendus. Les spectateurs vont scruter les regards des acteurs cherchant à découvrir ce qui est dissimulé.
Michel Chion, auteur de nombreux ouvrages sur le son au cinéma, enseigné dans les écoles aux élèves cinéastes dans le monde entier, souligne qu’il n’existe pas de lien direct entre la technologie et l’effet expressif du cinéma
(ref: Un art sonore : le cinéma).Notez bien que je n'émet aucun avis personnel car cela ne regarde que moi. Je préfère laisser la parole aux experts comme Walter Murch, Ben Burtt, Randy Thom, Gary Rydtrom ou Christopher Nolan
(qui déclare vouloir ne jamais mixer en Atmos - choix personnel) quand ils prétendent que les systèmes multicanaux sont moins immersifs qu'un effet monophonique bien pensé, dosé et placé au bon moment.
Maintenant, chacun est libre de pêcher son plaisir où il veut. Ceux qui préfèrent le spectaculaire et remplir l'espace au lieu d'apprécier les subtilités du travail natif peuvent toujours upmixer.
Ecouter le cinéma s'apprend. Quelques lectures conseillées: