Keron a écrit:Ah oui, les anglo saxons et leur fameux modèle de fair play . Je citerais plus volontiers les allemands en parlant de respect des lois (sauf quand ils roulent chez nous). Il y a deux ans j'ai traversé l'angleterre et l'écosse en voiture. Ils sont comme nous.
Sur le "fair-play" des anglo-saxons : http://www.atlantico.fr/decryptage/lach ... 24961.html
Mais même avant d’arriver à ces maillons problématiques de la chaîne, doit se poser également la question, en amont, de la politique à mener. Celle-ci ferait bien en effet de puiser ses racines dans certains acquis de la criminologie qui ont largement fait leurs preuves à l’étranger : je veux ici parler de la fameuse théorie de « la vitre brisée ». Et puisque nous parlons des transports en commun, intéressons-nous un instant à la manière dont cette technique a pu permettre de pacifier le métro new-yorkais au tout début des années 1990. Une réussite qui a marqué le départ du recul spectaculaire de la criminalité à NYC. William Bratton, qui allait devenir plus tard le chef de la police de New-York, venait en effet alors d’être « simplement » nommé chef de la police des transports.
Rappelons que dans les années 1980, tous les New-yorkais qui le pouvaient évitaient de prendre le métro : les rames étaient sales, couvertes de graffiti, des centaines, puis, progressivement, des milliers de personnes avaient élu domicile dans les couloirs et les tunnels. Ils entraient dans les stations sans payer, dormaient sur les bancs et les quais, faisaient leurs besoins par terre, consommaient ouvertement de l’alcool et des stupéfiants, se battaient entre eux, mendiaient agressivement auprès des passagers. La police du métro décida finalement de s’attaquer au problème, en commençant par cibler en priorité les resquilleurs. Jusqu’alors la police des transports n’avait poursuivi qu’assez mollement ceux qui sautaient les portillons du métro. Ceux-ci, lorsqu’ils étaient contrôlés sans titre de transport, se voyaient remettre une citation à comparaitre devant le tribunal pour se voir infliger une amende. Les citations étaient ignorées et les amendes restaient impayées, la plupart du temps. Bratton changea donc de méthode et envoya des équipes de policiers en civil dans les stations les plus touchées. Ceux-ci y restaient jour et nuit et arrêtaient tous ceux qui rentraient sans payer. Lorsqu’ils en avaient arrêtés plusieurs dizaines, ils les faisaient sortir de la station, menottés les uns aux autres, et les conduisaient jusqu’au « Bust Bus » : un bus spécialement équipé, qui faisait le tour des stations de métro, et dans lequel quatre policiers relevaient les identités des contrevenants et recherchaient leurs antécédents judiciaires éventuels.
En procédant ainsi, les policiers découvrirent que nombre de resquilleurs, ainsi que nombre de soi-disant sans-abris ayant élu domicile dans le métro, avaient des antécédents criminels et transportaient des armes sur eux. Environ un fraudeur sur sept était recherché par la police. A l’intérieur du Bust Bus les agents faisaient le tri : ils gardaient les individus recherchés et libéraient au bout d’une heure ou deux les « simples » resquilleurs. Très rapidement la fraude diminua substantiellement, mais aussi les autres infractions et incivilités qui empoisonnaient la vie des voyageurs.
Pour les simples resquilleurs, sortir de la station menottés à une longue chaine d’autre contrevenants et perdre une heure ou deux pendant lesquelles les policiers les interrogeaient était une expérience suffisamment désagréable pour être dissuasive. Pour ceux qui avaient des faits plus sérieux à se reprocher, les stations de métro devinrent des endroits à éviter : le rapport coût-avantage avait changé. Voyant que le métro redevenait un endroit sûr, les New-yorkais se le réapproprièrent peu à peu, ce qui contribua à son tour à accentuer la disparition des éléments perturbateurs. En quelques années, la bataille du métro était ainsi gagnée.