lavocat a écrit:L’utopie ce serait qu’un jour des « audiophiles » acceptent une analyse factuelle et/ou scientifique; et non pas ésotérique ou simplement totalement subjectif.
En tant que professionnel (retraité
) de l'évaluation psycho-physiologique, très motivé par la restitution sonore, je suis partant.
Le problème est que beaucoup parlent d'évaluation des écoutes électro-acoustiques de restitution, mais peu de passionnés de restitution sonore ont la moindre idée des contraintes méthodologiques de la tâche. Par exemple, beaucoup discutent les conséquences des tests ABX négatifs ! J'ai bien essayé d'expliquer que seul un test positif à un sens, il implique une différence perçue, validée, entre deux chaînes comparées subjectivement. Par contre un résultat négatif ne peut être interprété, impossible de dire, dans ce cas, qu'il n'y a effectivement pas de différence de perception. On peut rendre plus performant un test ABX en prévoyant, dans le protocole, des pré-requis sur la sélection des auditeurs testés et/ou sur les contraintes de réalisation des tests. On peut alors espérer une meilleure discrimination des positivités aux tests.
La réalisation de tests ABX valides n'est donc pas si simple alors qu'il ne s'agit que de discriminer une simple différence. Alors, comparer la qualité subjective de restitution de deux chaînes électro-acoustiques n'est pas impossible, mais aussi beaucoup plus complexe... Ce genre d'activité me semble devoir être encadré, organisé, suivi et analysé par des professionnels expérimentés.
Ceci ne concerne pas uniquement la perception sonore, mais aussi toutes les autres perceptions sensorielles. Nous parlons audio-visuel, la lumière, donc l'image, est aussi une perception subjective... Rappelons aussi qu'une perception comprend plusieurs phases psycho-physiologiques :
- Capture du phénomène physique porteur de l'information (transfert de messages via des ondes, sonores ou lumineuses, transfert d'énergie par impact de particules);
- Transformation des phénomènes physiques ondulatoires en supports physiologiques de signal compatibles avec les structures nerveuses (influx);
- Transmission du message porté par l'influx nerveux au sein de centres nerveux spécialisés cérébraux;
- Reconnaissance, traitement et décryptage des messages portés;
- Compréhension des messages sous forme de perceptions conscientes (sons, images, etc...) et de ressenti émotionnel individuel.
Je sais que, pour beaucoup, cette présentation est difficile à concevoir et accepter. Elle différencie les phénomènes physiques ondes/énergie, sonores ou lumineux, et les phénomènes physiologiques conscients, sons ou images, "créations virtuelles". Ils portent des messages, dits "immatériels" compréhensibles par la grande majorité de la population, associés à des réactions subjectives individuelles, des émotions. Cette conception, mal expliquée, correspond pourtant aux avancées actuelles des neurosciences.
Les stratégies d'évaluations subjectives contrôlées des perceptions doivent tenir compte de ces données scientifiques. La première conséquence est la nécessité d'évaluer indépendamment la qualité des sons perçus par la majorité des spectateurs/auditeurs et les émotion individuelles ressenties. Il n'est pas question de développer ici le sujet...
Il serait cependant intéressant d'établir des stratégies d'évaluations simplifiées utilisables en "audiphilie" (par exemple créer des programme d'écoute ou de visionnage, constitués de courts échantillons pour limiter les réactions émotionnelles, associés à une stratégie d'évaluation simple et standardisée). Sans être trop complexes, elle donnerait un peu de rigueur à la démarche et faciliterait les comparaisons.