Test et CR utilisateur HCFR : Sony VPL-XW7000ES

Test et CR utilisateur HCFR : Sony VPL-XW7000ES

Compte-rendu Utilisateur HCFR par Jeff_jacko

 

Les performances colorimétriques

 

Note importante : toute mesure est relative au matériel mis en œuvre, l’environnement et l’état de performance du vidéoprojecteur. Entre deux machines et différents environnements, vous n’obtiendrez pas exactement les mêmes mesures. Les chiffres annoncés sont donc relatifs bien que significatifs. Toutes mesures différentes est donc très probable, l’analyse est valide « dans les grandes lignes ».

Depuis un moment déjà, tout afficheur, qu’il s’agisse d’un vidéoprojecteur ou d’une TV, respecte les normes ITU, SMPTE etc. et délivre une colorimétrie rigoureuse aboutissant à une très belle image. Ceci à condition de ne pas utiliser à outrance les modes dynamiques et les présélections trop flatteuses ayant un but purement marketing et commercial.

Mais libre à chacun de regarder l’image qui lui plaît.

Pour aboutir à une image équilibrée il faut de bonnes bases. C’est à dire des espaces colorimétriques capables de respecter au mieux la cible issue de la norme tant en terme de couverture que de structure interne (cibles à différentes saturations). C’est à dire qu’il ne faut pas simplement un rouge intense capable de saturer au maximum prévu par la norme, faut-il encore que toutes les nuances de rouge se placent aux bonnes coordonnées.

A l’heure actuelle nous retenons trois cas de figure dont deux sont réellement indispensables :

  • Le Rec.709 (UIT-R BT.709) dédié à la HDTV et à tous contenus diffusés en HD. Cela concerne donc les Blu-ray et la TVHD.
  • Le Rec.2020 (UIT-R BT.2020) qui concerne les contenus Ultra-HD, c’est dire la diffusion UHD et les Blu-ray UHD.
  • Le DCI-3P issu de l’industrie du cinéma numérique. Cet espace colorimétrique peut éventuellement être utile en résidentiel.
  • Le Rec.601 (CCIR 601, ITU-R BT.601) est relatif aux contenus basses définitions. Bien que cet espace devrait être intégré dans tout appareil ce n’est pas (plus) le cas. On peut comprendre que l’industrie le laisse de côté dans le cas des appareils résidentiels nouvelles générations car même si un contenu est SD à la source, il sera converti obligatoirement. Certes, en terme de colorimétrie il faudrait pouvoir respecter la chaine de production et l’afficher tel quel sans modification.

Parce que le SONY VPL-XW7000ES suit une logique traditionnelle, la performance colorimétrique sera très dépendante de la bonne gestion des transferts de luminance. Nous avons vu précédemment que les processings dynamiques de ce vidéoprojecteur visent essentiellement à en optimiser la modulation.

Ceci est aussi lié à l’équilibre RGB par niveau de gris. La machine propose donc une gestion du gamma par sélection de présélections ou par réglage fin à partir du logiciel Sony Projector Calibration Pro que l’on peut obtenir en en faisant la demande à son revendeur (ce logiciel n’est pas en libre distribution).

Nous allons donc mesurer ces trois éléments : gamma, l’histogramme de l’échelle de gris (CCT) et les espaces colorimétriques.

 

Gamma et le CCT

La gestion de gamma intégrée aux vidéoprojecteurs SONY est sommaire mais raisonnée.

Vous disposez du choix de gamma présélectionnés suivant :

  • 1.8
  • 2.0
  • 2.1
  • 2.2 / OFF
  • 2.4
  • 2.6

Il s’agit de gammas normés visant à respecter le mode de fonctionnement des afficheurs numériques. Ils s’agit donc des gammas à choisir. Si l’un d’eux démontre un transfert linéaire par valeur IRE, alors les autres suivront.

Sony propose également des gammas spécifiques ayant pour but de reproduire l’image cinéma de l’époque de l’analogique et des projections à lampe Xenon. Ou typique CRT (BT.1886) dont tous les principes de colorimétrie sont issus.

  • Gamma 7
  • Gamma 8
  • Gamma 9
  • Gamma 10

Vous trouverez des mesures de ces gammas dans nos tests de vidéoprojecteurs SONY. Etant donné qu’il s’agit encore des mêmes, nous ne les avons pas mesuré de nouveau. Par exemple, vous les trouverez sur le test du VPL-VW890ES en cliquant ici.

SONY propose plusieurs températures de couleur. :

  • D93 / Custom 1
  • D75 / Custom 2
  • D65 / Custom 3
  • D55 / Custom 4
  • Custom 5

Les présélections vont par paire ce qui sera utile lorsqu’il faudra calibrer deux D65 dans des contextes différents. D65 pour le SDR et Custom 3 pour le HDR par exemple.

Custom 5 est totalement hors des normes et ne sert qu’à aboutir à la pleine puissance lumineuse du VPL-XW7000ES, cf l’analyse préliminaire des puissances lumineuses et des contrastes de ce test.

De mon point de vue il manquerait le D63 qui est encore rattaché à la norme DCI cinéma et cela pour des raisons historiques de l’époque des lampes Xenon dont la température de couleur est D63 et non D65 comme celles des lampes UHP et des premiers éclairages de TV numériques. Ceci dit, avec le laser le D63 devrait disparaître et laisser place au D65. Ce qui permettrait plus d’uniformité entre le mode pro et le monde résidentiel.

Nous ne nous sommes intéressé qu’au D65 vu qu’il s’agit de la température de couleur recommandée et utilisée dans la chaîne production destinée aux contenus résidentiels, mais vous pouvez consulter les mesures des autres CCT ici.

La combinaison gamma 2.2 et CCT D65 donne les mesures suivantes :

Nous avons un excellent gamma ayant une moyenne de 2.21 avec peu d’irrégularité. C’est un bon point de départ

Le CCT affiche une 6900K avec un delta E de 4.4 (ce qui assez important) soit une couleur froide avant calibrage (vérifié sur plusieurs VPL-XW7000ES) alors que les vidéoprojecteurs laser SONY de la génération précédente étaient plus exacte sur ce point. Nouvelle matrice ? Nouvelle optique ? Puissance laser importante jouant un rôle ? En tout cas ceci se corrige par calibrage.

 

Les Espaces de couleur

SONY propose différents espaces de couleur. Pour y accéder à tous il faut aller dans le menu avancé et mettre le mode HDR sur OFF.

  • BT.709 / Custom : il s’agit du Rec.709
  • BT.2020 : il s’agit du Rec.2020
  • Espace 1 : il s’agit d’un espace compris entre le rec.7090 et le DCI 3P
  • Espace 2 : il s’agit d’un espace au plus proche du DCI-3P
  • Espace 3 : il s’agit d’un espace compris entre le rec.7090 et le DCI 3P

Nous ne nous intéresserons qu’aux espaces utiles, c’est à dire BT.709 et BT.2020. Vous pouvez trouver des informations sur les autres espaces dans nos tests précédents, par exemple ici et ici.

 

BT.709

La couverture du Rec.709 n’est pas intégrale, il faudra y remédier durant un calibrage. D’un VPL-XW7000ES à un autre, ce constat sera différent.

Des mesures plus précises permettent de constater que la composition du BT.709 est bonne et qu’à l’extrême on pourrait se passer de le réajuster. En effet le Delta E moyen de 1.8 est très en dessous du seuil de sensibilité chromatique de l’œil humain.

Le ColorChecker est également très bon. Il affiche un Delta E moyen de 1.5 et de seulement 1.0 sur les skin tones (couleurs chaire). Ceci conduit à une image perçue très naturelle et authentique.

Il faut reconnaitre que d’une manière générale le BT.709 est très bien maîtrisé et cela sur tous les afficheurs quel qu’en soit la marque.

 

BT.2020

Le BT.2020 est l’espace qui présente le plus de difficultés et aussi le plus de disparités.

Voici ce que l’on mesure sur mon exemplaire sans édition du BT.2020 :

Soit seulement 61,9% du BT.2020 et seulement 86,2% du DCI-3P alors que SONY annonce 95% du DCI-3P.

Sur aucun des VPL-XW7000ES que j’ai mesuré ce score n’a jamais été atteint même après édition du gamut. En revanche le petit frère peut y arriver, j’ai même mesuré un exemplaire du VPL-XW5000ES à 95,8% après édition donc plus que la performance annoncée (sur la base de BT.2020 et non de Espace 2).

D’autres VPL-XW7000ES peuvent afficher différents scores, l’exemplaire du prétest affichait 62,7% avant édition.

Dans tous les cas, afin d »arriver au maximum de couverture des gamuts BT.2020 et DCI-3P il faudra les éditer et procéder à une extension la plus élevée possible. Nous aborderons ce sujet dans le chapitre suivant consacré aux calibrages du VPL-XW7000ES.

Parce que le gamut BT.2020 est partiel et simulé, on constate forcément des delta E plus important que sur le BT.709. Le delta E moyen des saturations est de 3.8. Un score logique compte tenu des particularités et qui reste sous la valeur de 4. Seuil de la sensibilité chromatique de l’œil humain.

Le résultat sans être extraordinaire est donc acceptable.

Le ColorChecker est également correcte avec un score de delta E moyen de 2.8 et de 2.9 sur les skin tones.

Tout ceci avant toute sorte de calibrage, ici le VPL-XW7000ES est brute de décoffrage. Les choses sont finalement correctes dans l’ensemble sachant que le BT.2020 est actuellement affiché à seulement 61.9%.

 

Bilan 

Sans calibrage, le VPL-XW7000ES présente un Rec.709 très satisfaisant sur lequel on pourrait ne rien faire. Evidemment, aussi parce que le calibrage me passionne, il faudrait effectuer une correction pour aller encore plus loin. De mon point de vue calibrer est une obligation, surtout en ce qui concerne les vidéoprojecteurs.

Le BT.2020 sans calibrage est moyen, mais OK et fonctionnel. Sachant que l’on peut faire beaucoup mieux suite à un calibrage, dans ce cas là il faut obligatoirement l’envisager.

Le DCI-P3 peut faire beaucoup mieux également, je n’en parle pas car « test utilisateur » oblige, je ne m’en sers pas (plus) et je ne m’en préoccupe plus. Pourquoi cela me direz vous ? Car l’usage du DCI-P3 est aléatoire.

En effet il faudrait savoir ce qui a été fait côté production afin d’en déterminer la pertinence. Pour rappel, calibrer et optimiser un vidéoprojecteur se fait dans le but premier de respecter le travail fait par la chaîne de production. Mais évidemment nous sommes chez nous ; nous faisons alors comme bon nous semble et en phase avec nos préférences.

Néanmoins, dans les grandes lignes et du seul point de vue colorimétrique et manipulation des LUT qui définissent les gamuts :

Si le film issu d’un DCI-P3 est une conversion simple par compression de gamut (relocalisation des cibles) dans un BT.709, la conversion inverse peut se faire.

Si le film issu d’un DCI-P3 est retravaillé par la production lors de la conversion BT.709, alors il faut rester en BT.709 car les changements de colorimétrie seront propre au BT.709 et n’auront pas de correspondance logique en DCI-P3.

Si le matériel qui lit le film UHD BT.2020, ou qui le traite, ou qui l’affiche, est en mesure, via les métadonnées ou analyse d’en extraire le DCI-P3 (suppression de la côte part inutilisée de la LUT par clipping), alors on peut paramétrer et calibrer l’afficheur en DCI-P3.

Si le système est primitif et se contente de repositionner les cibles natives BT.2020 sur celle du DCI-P3, cela revient à une compression de gamut avec une perte de pertinence du ColorChecker et c’est le risque d’avoir du color shift. Dans ce cas il faut rester en BT.2020.

Le VPL-XW7000ES ne tenant pas compte des métadonnées HDR je doute qu’il soit en mesure de s’adapter à une conversion source BT.2020 vers un affichage DCI-P3. Il faut donc un appareil en amont qui réalise cette opération pour le vidéoprojecteur. La gestion Dolby Vision le permet à priori. Vous pouvez vous informer sur le topic de notre forum qui aborde les solution Dolby Vision LLDV.

Et comme le DCI-P3 est partiellement pris en charge via l’Espace 2 (donc une compatibilité officieuse) et qu’il faut y apporter beaucoup de travail à l’instar du BT.2020, à chacun d’y voir une utilité. Rassurez-vous, son optimisation et son calibrage est assez proche en méthode que celle du BT.2020. Le chapitre suivant et nos autres tests vous diront donc quoi faire.

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au videoprojecteur Sony vpl-xw7000es : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/PROJECTEURS-UHD-4K/2022-SONY-VPL-XW7000ES-PROJ-LASER-4K-MAJ-T30120939.HTML

 

 

 

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