Polonsky, c'etait en effet le mot subtil qui me genait, car si l'on se place dans l'optique d'une bande son cinema comme celles que l'on peut entendre dans les superproductions, je suis toujours fascine par... la subtilite du dosage des effets sonores quand bien meme il s'agit de melanger voix et bruit d'un propulseur de fusee au demarrage !
Dans les prises de son classique realisee en multimicros : le mixage en deux canaux est rarement plausible : des qu'un instrument a vent prend un solo, paf le voici qui se ramene au premier plan et sonne plus fort que les cordes... La harpe egrenne une gamme et la voila, elle aussi qui rapplique au premier plan... Les chanteurs sont enregistres en re recording dans un opera... mince, ils sonnent dans une ambiance differente du reste de l'orchestre et le collage ne se fait pas.
Un effet special est requis [machines a vent dans l'opera baroque, bruitages divers dans un opera, etc.]... mince et remince on entend que les acoustiques, les niveaux, le placement dans l'espace stereophonique ne sont pas convaincants du tout.
Pour ne rien dire des pianos dans les concertos qui sonnent ailleurs et avec un son decale du reste de l'orchestre d'un point de vue spatial... pianos sonnant comme des casseroles ou noyes dans la reverberation alors qu'ils sont captes de pres et un brin egalise [ parfois, c'est subtil
dans ce cas la, c'est pour masquer le son un peu creux et petit d'un pianiste, par exemple maria Joao Pires chez DGG qui au naturel a un son pointu et raide des qu'elle passe le mezzo forte].
J'en passe et des meilleurs, enfin pires.
Si j'ai cite le Ring par Solti, comme unique exemple de mise en scene sonore aussi subtile que celle de nombreuses bandes sons de l'ere multicanal au cinema, c'est qu'il y a une reelle mise en espace sonore, avec des chanteurs qui entrent et sortent, bougent sur le plateau, des bruits ajoutes [effondrement du wallahala a la fin du crepuscule : les LS 3/5 A ne supportent pas plus que la marche funebre de Siegfried sur le Rhin
] qui sont integres avec une... subtilite aussi confondante que celle des bandes sons du Seigneur des Anneaux, par exemple. Ca c'est une prise de son et un mixage prodigieusement subtil, a la cinematographique et voulu pense comme tel.
Que les preneurs de son classique enregistrent en revanche des musiques souvent plus subtiles que les musiques de films nous sommes d'accord, mais que leur travail soit subtil : la non, la majorite des disques classiques qui sortent [et professionnellement j'en entend beaucoup] sont d'une mediocrite affligeante en regard des possibilites offertes en theorie aux preneurs de son classique.
Car a la verite, si theoriquement ils ont des possibilites, le temps qui leur est imparti est tellement reduit qu'ils ne les mettent pas en oeuvre. Et cela depuis si longtemps que franchment je cherche et ne trouve pas.
Alors quand je dis qu'ils tireraient les cables, c'est une image pour dire qu'ils n'ont pas le metier necessaire pour venir a bout d'une bande son sophistiquee d'un film spectaculaire d'aujourdhui.
La reference au passe ? Il existe quelques films hollywoodiens des annees 40 et 50 qui racontent la vie des grands musiciens ou interpretes. Arthur Rubinstein doublant Katherine Hepburn dans la vie de Clara Schumann, Isaac Stern tenant le violon dans Rhapsodie, Effrem Zimbalist jouant tous les solos de violon mielleux des films sentimentaux de l'epoque, etc. ont un jeu qui sonne infiniment mieux que sur leurs disques de la meme epoque...
La pellicule contre le 78 tours et l'enregistrement magnetique naissant explique cela en partie... mais le talent des preneurs de son et la qualite des studios d'enregistrements explique aussi cela.
Et crois moi, en tant que melomane, ca m a toujours prodigieusement enerve...
En revanche, les prises en direct avec mixage des films de godard par exemple... dans ce cas la je ne parlerais pas de bande son... car le son et l'image sont indissociables. Et si la qualite en terme de definition, precision laisse a desirer c'est une volonte artistique et pas un aveu de faiblesse.
Quant a bresson : prefere pas en parler, c'est le cineaste qui me parle le plus. Au hasard balthazar, pickpocket et mouchette sont, pour moi, des chefs d'oeuvres de l'art occiental.
Au dela de tout ca : j'ai toujours plaide, depuis que je suis sur ce forum, l'idee qu'il ne devait y avoir aucune difference dans les appareils utilises pour ecouter du HC ou de la musique... Les appareils ne reconnaissent pas le genre de ce qu'ils diffusent...
Et pour bien reproduire un gros grave tonitruant ou baveux... il ne faut surtout pas que le caisson de basse soit tonitruant et baveux...
Alain