NIFFF 2008 : Neuchatel International Fantastic Film Festival

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Eskalofrio, film espagnol de Isidro Ortiz de 2007

Un jeune garçon souffre d'une maladie qui l'empêche d'être au soleil. Donc il est toujours sous un capuchon et porte des lunettes de soleil. Ses potes de lycée (ce sont pas ses potes en fait) l'appellent Dracula et lui collent la tronche sur le photocopieur juste pour rire. On apprend même que des canines lui poussent, mais le médecin rassurant répond à la mère que c'est juste un effet secondaire sans importance ! Le même médecin conseille quand même à la mère d'aller vivre dans un village paumé au milieu des montagne là où il y a moins de lumière. Ils partent donc dans un village lointain et là c'est carrément pire puisqu'une "bestiole" dans les bois non contente de tuer les moutons s'attaque aux humains et boit leur sang. Evidemment, qui c'est qu'on accuse ? Forcément celui qui a les lunettes noires et qui supporte pas la lumière.

Le réalisateur Isidro Ortiz (Fausto 5.0 pour ceux qu'on vu) était présent avant la séance pour présenter le film et après pour répondre aux questions.
Il a indiqué avoir voulu faire un film de peur, d'où le titre (frousse, frisson). Effectivement pendant tout le film le héros a la trouille au ventre face à ce danger qui rode dans les bois et qui cherche à s'approcher de plus en plus près de lui, au point de le regarder "dormir", alors qu'il est pétrifié de peur sous ses couvertures !

J'ai voulu savoir pourquoi il avait créé ce personnage, celui du garçon qui a peur de la lumière. Je ne comprenais pas son intention, car son problème était sans rapport avec la "chose" qui hantait les bois. Au travers de plusieurs réponses j'ai compris que son intention était de montrer ce qui fabrique dans nos sociétés des monstres, montrer à partir de quel moment la société décide que ce qui est anormal devient monstrueux et engendre la peur. Au risque de spolier, je dois dire qu'il n'y a pas de fantastique dans le film. Il n'y pas à proprement parler de monstre, il n'y a que des victimes qui cherchent à se protéger. Il a donc mis en parallèle un être fragilisé par sa maladie que l'on compare à un vampire et que l'on accuse de tous les crimes et un autre dont la vie est devenue celle d'un monstre.
Et je confirme que cette dimension est vraiment bien traitée dans ce film. C'est d'ailleurs ce traitement qui rend le film original (le mélange de 2 mythes illustrés par la réalité) malgré une trame narrative ultra classique avec la révélation finale qui va bien. Mais cette réflexion sur l'anormalité est très finement traité et donne tout son intérêt au film.

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Demoni film italien de Lamberto Bava de 1986

Juste pour signaler que le NIFFF a proposé cette année une rétrospective sur l'age d'or du cinéma fantastique et du giallo italien, ainsi qu'une autre sur les films de fantômes japonais des années 60. Il est malheureusement techniquement impossible d'assister à la fois à la sélection en compétition et aux rétrospectives.

Mais j'ai pu aller à DEMONI 2 qui s'est avéré être ... DEMONI premier du nom ! Désolés, les organisateurs nous ont expliqué qu'on leur avait envoyé le mauvais film dans la bonne boite.

Mais le spectacle était avant la projection (le film s'est cassé au démarrage, donc il a fallu attendre) avec la présence de Mr Lamberto Bava en personne qui ne se rappelait de rien concernant DEMONI 2 sauf que DEMONI avait tellement bien marché qu'il en a fait tout naturellement un second ! C'est tout. Mais avec lui il y avait son vieux pote Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust et le "dernier monde cannibal" quand même !) qui passait lui aussi au NIFF pour présenter ses films de cannibales (à la nuit "cannibales" - 6 heures de projo, mettez les allumettes sous les paupières). Ils étaient tous les deux dans la salle, et Deodato a essayé de vendre un bout de pellicule de DEMONI 100$ la miette, mais sans succès.

Au final je ne vais pas vous raconter DEMONI mais cela fait toujours plaisir de voir un bon vieux film gore à la "papa" avec du vrai latex et de la patte à modeler et garanti 100% sans CGI.

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An Empress and the Warriors, film Hong-Kong de Tony Ching Siu-tung de 2008

C'est la grosse production de cape et d'épée à la hong-kongaise. C'est du très gros mélo, très chargé en sucrerie et kitcheries en tout genre. Je pense que plus gros c'est bollywood. Mais comme il y a Donnie Yen faut s'attendre à du gros fight ! Et effectivement il y a des batailles homériques et un Donnie Yen qui se fait une armée à lui tout seul, à la Donnie Yen style !
L'histoire n'a aucun intérêt : c'est exactement GLADIATOR pour la partie trame historique et les romans Arlequin pour la partie romance, mais les combats sont biens foutus.

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Sleep Dealer, film américano-mexicain de Alex Rivera de 2008

Dans un future proche... nous vivrons dans une société totalitarisée par sa technologie, où toutes les ressources d'eau sont détenues par des corporations, où tous les chantiers et usines du monde riche seront équipés de robots pilotés à distance (donc chez eux) par des ouvriers du tiers monde pluggés dans le réseau mondial, et on assistera en direct à la télé à l'exécution sommaire par les drones du monde libre de tout ce qui peut être apparenté à un terroriste. Le héros du film, qui a le malheur d'écouter grâce à son antenne "made in tiers monde" des conversations entre pilotes de drone, se prend un drone direct dans la tronche. Enfin pas lui, son père qui lui avait demandé d'aller acheter de la bière. Et vous connaissez la technique de l'overkill à l'américaine, le père il se prend pas une balle, il se prend un missile à bout portant avec sa tête d'ahuri sur tous les écrans du monde ! Voilà le monde de demain d'après Alex Rivera.

C'est un petit film de science-fiction bien foutu et très malin. Cela rappelle un peu Matrix (c'est les mêmes trous dans le corps pour se plugger) et l'ensemble est assez crédible. La fin est un peu naïve et moins crédible mais ça reste un bon petit film de SF sympat.

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MANHUNT, film Norvégien de Patrick Syversen de 2008

Si vous aimez les survival, c’est ce qu’il vous faut !

2 couples de baba cool dans leur minibus Volkswagen, roulent sur une route au milieu de la forêt norvégienne. Lors d’un arrêt dans une station service où ils font tout de suite connaissance avec les très accueillants habitants du coin (genre gros chasseurs hirsutes qui sentent bon la bidoche faisandée et qui font des réflexions très fines sur les filles qui passent), ils prennent une auto-stoppeuse complètement flippée qui les exhortent à aller le plus loin possible sans s’arrêter. Mais comme ils se disputent tout le temps dans le minibus (pas si cool les babas) et que l’auto-stoppeuse se met à vomir partout quand une Land Rover type Daktari les double, ils s’arrêtent sur le bord de la route et là, c’est partie. On comprend vite que l’on a affaire à nos chasseurs du début qui, un peu lassés de ne tirer que des lapins, adoooorent capturer des touristes pour s’amuser avec eux le plus longtemps possible.
Ces chasseurs sont de vraies brutes sadiques et perverses qui ont une imagination débordante pour faire souffrir le plus longtemps possible leurs proies. C’est gore, c’est pervers, il n’y a aucun temps mort (par contre des morts il y en a), vous passez un super moment de gros stress.
Pour un premier film (à 25 ans !) c’est impressionnant.

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TOKYO !, France 2008

Il s’agit de 3 moyens métrages réalisés respectivement par Michel GONDRY, Léos CARAX et Bong Joon Ho (The Host)
L’idée est de faire 3 histoires qui se passent à Tokyo, ce qui est relativement ouvert comme sujet.

Le segment de Gondry est un peu bavard, un poil ennuyeux mais a une jolie conclusion poétique. Cela parle d’un jeune couple sans le sous dont le garçon vient à Tokyo pour présenter son premier film (devant lequel tout le monde s’endort). On suit leur recherche d’appartement (ou plutôt de cagibis compte tenu de leur finances), les atermoiements de la fille qui se sent inutile mais qui trouvera finalement un sens à sa vie. On s’ennuie un peu mais ce n’est pas assez long pour lasser vraiment.

Le segment de CARAX est absolument génial. Ce sont les aventures de Monsieur M.ER.DE à Tokyo [désolé pour la modération mais c'est exactement le titre du film]. Il montre une espèce de type à tête de diable, vêtu d’un costume vert pomme, avec un œil glauque, une barbe rousse en forme de flamme et des cheveux hirsutes, semer la panique dans Tokyo. Il ne mange que des fleurs, vit dans les égouts et parle une langue que seul un avocat français (qui a la même tête que lui) peut comprendre et traduire. C’est délirant à souhait et très bien joué. Ce segment me réconcilie avec CARAX que j’ai toujours considéré comme un auteur chiant.

Le segment de Bong Joon Ho traite quant à lui d’un phénomène social qui existe au japon, les hikikomori, des individus retirés de toute vie sociale, enfermés chez eux et qui ne survivent que grâce au téléphone et aux livraisons à domicile. Le personnage principal vit chez lui seul et reclus, chie la porte des toilettes ouverte, dort en chiant (c’est la qu’il fait les plus beaux rêves) et ne regarde jamais dans les yeux ceux qui lui livrent ses commandes. C’est très lent, il faut dire que le héros ne fait pas grand-chose, et il faudra un tremblement de terre et une livreuse de pizzas qui s’évanouie chez lui pour l’éveiller. Mais il sera trop tard. C’est plutôt bien fait mais un peu ennuyeux, surtout après les excès du segment de CARAX.

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THE COTTAGE, film UK de Paul Andrew Williams de 2008

Deux pieds nickelés (vite rejoint par un 3ème), enlève la fille d’un patron de la pègre pour obtenir une rançon. Il se réfugie dans un petit cottage en attendant de recevoir l’argent, mais non seulement ils sont très bêtes et très mal organisés, mais en plus aux alentours rodent une espèce de "jason", il a pas de visage, a toujours un objet tranchant à la main et adore collectionner les têtes.
C’est hilarant, super bien joué, on passe un grand moment à regarder ce jeu de massacre bien rigolo.

En plus Paul Andrew Williams était là et après nous avoir dit que cela faisait 2 jours qu’il picolait et se masturbait à mort (j’ai vraiment entendu « masturbate to death ») dans sa chambre d’hôtel en regardant des pornos, il nous a introduit THE COTTAGE qui est très différent de son précédent film, London To Brighton et de son suivant qui est déjà en route. Il explique qu’il n’a pas du tout envie de s’enfermer dans un genre mais plutôt d’en explorer plusieurs.
Et pour finir il a proposé 5 francs suisse à qui le reconnaitrait dans le film et qui saurait apprécier sa performance. Plusieurs ont trouvé mais personne n'a eu les 5 francs suisse.

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Snif ! Le NIFFF se termine. C’est la remise des prix et tous les remerciements.

On a vu défiler le jury présidé par Joe DANTE, où il y avait entre autre Xavier GENS (Frontières, HITMAN). Les invités d’honneur ont défilé, Hideo NAKATA (Ring, Dark Water), Syd MEAD (grande figure du design futuriste) mais aussi (qui n'était pas invité d'honneur mais là quand même) ROMERO, le père du zombie flick en chair et en os. Vous je ne sais pas, mais rencontrer une légende vivante du cinéma de genre cela m’émeut toujours. Jess FRANCO était aussi venu au NIFFF cette année mais je ne l’ai pas vu.

Le 1er prix a été remis à SLEEP DEALER. Apparemment être ambitieux et avoir un message politique et écologique fait partie des critères d’attribution du prix. C’est évidemment le cas pour ce film, mais c’est aussi le défaut que je lui trouvais, de se prendre un peu trop au sérieux tout en étant très naïf dans le traitement de son sujet. Mais il méritait de toute façon quelque chose.

Le 2ème prix a été attribué à « Let The Right One In » ex-equo avec TOKYO ! D’ailleurs « let the right One in » a aussi eu le prix de la jeunesse et le Méliès d’argent du meilleur long-métrage européen ! Quand je vous disais que cette bluette préadolescente avait ému tout le monde ! Je suis plus surpris pour TOKYO ! qui pour moi n’est pas un film et dont les 3 segments sont inégaux.

Méliès d’argent du meilleur long-métrage européen et prix de la jeunesse « LET THE RIGHT ONE IN » donc. Personnellement, une histoire d’amour voué à un destin tragique, je ne sais pas si je présenterai cela à des enfants trop jeunes, surtout que le film est assez violent.

Le prix MAD MOVIES a été remis à OM SHANTI OM, du bon cinéma bollywood. Tiens c’est bizarre l’année dernière MAD MOVIES a aussi récompensé du cinéma bollywood. Je n’ai pas vu ce film car bien que j’apprécie beaucoup MAD MOVIES je ne partage pas leur engouement pour le cinéma bollywood.

Et pour finir, il n’y a qu’en Suisse où l’on fait conclure la cérémonie par le directeur financier du festival ! Il était là surtout pour remercier tous les sponsors et indiquer qu’il y eu cette année 20.000 places de vendues, un nouveau record. Pour sa 8ème année consécutive, ce festival est un vrai succès.

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L CHANGE THE WORLD, film japonais de Hideo NAKATA de 2008

La cérémonie a été suivie du 3ème volet de la série des « DEATH NOTE » cette fois réalisé par Hideo NAKATA.
J’ai beaucoup apprécié certaines de ses œuvres (Ring, dark water) mais là, je n'ai pas trouvé ça bien du tout.
En plus, sans vouloir dévoiler quoi que ce soit, il aurait voulu régler une bonne fois pour toutes son compte à la franchise qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

C’est une bête histoire de gens très méchants qui veulent utiliser un virus très méchant lui aussi pour éradiquer l’humanité de la planète.
L va donc tenter de sauver le monde. Et j’ai trouvé ce film absolument nul. Ou alors un niveau de lecture m'a échappé et je suis complètement passé à côté...

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Zombie from Banana Village, film malaisien de Mamat Khalid de 2007

Pour terminer ce festival en beauté je me suis fais un film de zombies malaisien.

C’est absolument inracontable, mais en gros cela se résume à un village malais envahi par des zombies qui ont décidé de prendre le pouvoir. Oui, les zombies malais sont super organisés, et ils font la révolution.
C’est du pur délire au niveau de la mise en scène et des dialogues. Les zombies ont des perruques de cheveux hirsutes et le visage couvert d’une pâte blanche desséchée. Super les effets spéciaux : c’est simple, il n’y en a pas ! Tout est fait à la main ! On a droit à une scène de métamorphose où le visage se couvre… de pâte blanche, tout simplement.
On a de temps en temps des messages à l’attention de la jeunesse où l’acteur se retourne pour parler directement à la caméra, donc au spectateur, pour lui rappeler de ne pas fumer ou se droguer, ne pas vandaliser le matériel public (en l’occurrence un téléphone public dont le fil était coupé). C’est tellement délirant et naïf, qu’on ne sait pas ce qui est du comique involontaire, de la parodie ou du 1er degré ! C’est vraiment le film qui vient « d’un autre monde » pour nous occidentaux et qu’on ne peut voir qu’à l’occasion d’un festival.