Un ami nous accueille dans un atelier chargé de victuailles, surmonté d'un douillet local d'écoute. Malgré une longue préparation, qui d'entre nous pouvait se douter de ce qui l'attendait à l'intérieur ?

Nous nous sommes fixés comme objectif de réaliser des comparaisons en double auveugle entre amplificateurs et câbles de modulation, grâce à un appareil très pratique : le switch ABX, de la marque QSC. C'est une sorte d'interrupteur piloté par télécommande, qui est capable de réaliser un tirage au sort d'une source ou d'un ampli qui lui est connecté, et de le faire écouter sans qu'on sache lequel c'est avant d'en demander l'affichage.
Dans ces fameux tests ABX, il s'agit de reconnaître quel est l'appareil qui joue à sa seule sonorité. On a tous les droits : on peut prendre les CD qu'on veut, écouter aussi longtemps qu'on veut, revenir à l'écoute non aveugle de A et B. La seule chose qu'on ne sait pas, c'est l'appareil que le switch a choisi d'appeler X et que l'on doit reconnaître.
Nous avons convenu qu'une seule erreur sur une série de 15 écoutes représenterait une preuve significative que les deux appareils peuvent être humainement reconnus à l'oreille, sur leur sonorité seule, sans que la moindre auto-suggestion soit possible.
On commence tout doucement. Le switch ABX est connecté. Tout les câbles audio passent par lui. Mais on écoute d'abord sans se poser la question de savoir ce qui est X. Le lecteur est un 3D Lab Master, les enceintes des JMR EMP2.
A est un ampli Atoll In 100, et B est un ampli Mimetism 15.2. Le but est tout d'abord de les comparer sans se placer dans des conditions de double aveugle. Comment sonnent-ils ? Quel est le disque le plus discriminant à leur égard ?

Le volume de chaque ampli est ajusté au jugé. Par curiosité, j'ai relevé les niveaux d'écoute. Variable selon les auditeurs. Cela oscille entre 75 et 90 dB(A).
fafa.dudu intervient. Pour lui, entre A et B, c'est déjà difficile de faire une différence, alors qu'est-ce que ça va être quand ce sera X !
Mais Syber et Grand X trouvent une différence. Pour Grand X, l'Atoll sature plus. Qui essaye un petit coup d'ABX ? C'est celui qui dit qui y est, on y colle Syber. Ce qui est bien avec le switch ABX, c'est qu'il suffit d'appuyer sur un bouton de la télécommande pour que l'appareil fasse un tirage au sort et bascule immédiatement sur l'ampli correspondant.
Il essaye trois fois de reconnaître X. "Es-tu sûr de toi ?" Lui dis-je avant que l'on ne dévoile les réponses en appuyant sur un autre bouton de l'appareil. "Plutôt pas mal", selon lui.
Résultat deux bonnes réponses sur trois.
En outre, pour Misterben, les deux amplis ne sont pas réglés au même volume. S'il y a différence de volume, cela peut très bien donner l'impression de plus d'ampleur ou de dynamique, suffisante pour réussir un ABX seulement sur ce critère, alors que le volume lui-même semble identique.
On ne se presse pas. C'est le matin et on a le temps d'apprivoiser un peu plus la pièce d'écoute et le matériel.
On écoute un disque de piano. Un grésillement apparaît sur certaines notes avec l'ampli Atoll. C'est flagrant. Je suis d'ailleurs assez inquiet. Et si c'était l'entrée A du switch ABX qui grésillait ?
Pour en avoir le coeur net, Ohl inverse le branchement du switch. A devient Mimetism et B devient Atoll. Le grésillement sur le piano passe alors sur B. Ouf ! Le switch fonctionne. Tout va bien.
Grand X, Misterben et fafa ne veulent pas attendre. Grand X tient la télécommande et lance un nouvel ABX.

A gauche, Grand X, concentré. MisterBen, et au fond, fafa.dudu.
Au bout de cinq essais, nos auditeurs sont d'accord. Il y a une différence de spatialisation. Ils sont confiants. Résultat 4 bonnes réponses sur 5. Ohl rappelle que pour l'instant, on n'a rien validé scientifiquement. On ne fait que s'entraîner.
Misterben repère un passage où le piano sature de façon tout-à-fait flagrante et se lance dans 15 essais. Résultat : 12/15. Cela ne suffit toujours pas. Nous avions convenu que 14/15 serait le minimum.
Un problème apparaît lorsqu'on veut ajuster le volume des amplis à 0.1 dB près à l'aide du voltmètre interne au switch ABX. On ne parvient pas à le mettre en route !
Il faut coûte que coûte y parvenir. Pendant que nous nous régalons de jambon tranché sur place, chips, tomates, quatre-quarts et même foie gras, Ohl entreprend de développer un voltmètre en temps réel sur son PC portable.

Ca bosse dur et le temps est compté ! Ohl, le programmeur, nous concocte sur le pouce un de ces programmes de mesure dont il a le secret.
J'essaye de mon côté de voir si en posant le sonomètre sur la table, sans bouger et sans faire de bruit, l'aiguille ne pourrait pas, malgré l'imprécision de ce genre de mesures, nous indiquer une différence de niveau sonore sur une sinusoïde. Hélas, bien que la graduation du cadran permette en principe d'observer des écarts de 0.2 dB, le comportement de l'appareil est complètement erratique.
Ohl a beau alterner A et B sur le switch, au lieu de faire un va et vient entre deux niveaux sonores distincts, l'aiguille se contente de mollement s'affaisser un peu plus à chaque bascule, en me regardant d'un air narquois !
En attendant de pouvoir aligner précisément les niveaux, Alpacou, qui doit nous quitter en début d'après-midi, souhaite faire la comparaison entre deux extrêmes. Il a amené à cet effet l'ampli le plus minable dont il a pu disposer : un ampli de sono à 200 euros. Non ! 200 euros, c'est encore un prix exagéré pour ça !

Syber tient la télécommande tandis qu'Alpacou s'interroge
Nous avons écouté sur des enceintes JMR Euterpe, et JMR Concorde Signature, mais je ne me rappelle plus trop à partir de quel moment.
Ohl, qui tente toujours de trouver une solution à l'ajustement précis des volumes, sombre sous une montagne de problèmes informatiques avec son portable. Après deux heures d'efforts, il faut se rendre à l'évidence : les connexions mini-jack ne sont pas fiables, et il serait trop dangereux de les utiliser sur des sorties HP. Si jamais un court-circuit se produit, ce qui semble arriver une douzaine de fois par minute si on en croit le programme de mesure, les précieux transistors peuvent partir en fumée !
Idée : un multimètre pourrait nous tirer d'affaire ! Combien font 0.1 dB en % ? Il faut une précision de 1% dans la mesure de tension. Flûte ! Une aiguille ne pourra jamais afficher cela. Mais un multimètre numérique oui. Sauvés ! Grand X nous en dégotte un vite fait de sa caverne d'Ali Baba !
Pourquoi cette mine sombre sur nos visages ? Je regarde fixement les deux amplis que nous devons aligner avec les yeux qui me sortent de la tête. Les DEUX appareils, le Mimetism comme l'ampli de sono, ont des règlages de volume par paliers de 1dB ! Trahison !
Ohl m'achève en me rappelant qu'une sinusoïde est un signal alternatif, n'est-ce pas, et qu'en courant alternatif, notre multimètre à deux balles est à peine bon à mesurer le 230 volts d'une prise de courant. On essaye tout de même avec une sinusoïde qui nous vrille les tympans : 0 volts mesurés, evidemment.
Le switch refuse obstinément de délivrer son propre signal test. C'est un coup dur : on ne pourra faire aucun ABX d'amplis rigoureux.
Pourtant, je suis certain que je pourrais faire un sans faute sur l'Atoll à cause de cette saturation. Pour moi, l'ampli est défectueux. J'espère qu'Ohl aura l'occasion de mesurer la distorsion harmonique, mais au pif, je l'évalue entre 5 et 30 % ! C'est flagrant sur la sinusoïde pure. L'ampli est probablement abîmé.

fafa.dudu et Misterben
Mais rien n'arrête l'enthousiasme de nos testeurs, et on ajuste les niveaux à l'oreille entre le Mimetism et l'ampli d'Alpacou sur un bruit rose. Tant pis pour les résultats scientifiques.
Divers CD passent à l'écoute, et la télécommande A/B tourne à plein rendement. C'est assez ahurissant : entre un ampli de sono à 150 euros et un ampli audiophile à 4000 euros, la différence n'est pas vraiment flagrante ! La transparence du switch a pourtant été testée par Grand X et Ohl sur de bons appareils, et ils n'ont pas pu mettre en évidence, à l'écoute, d'altération de la qualité.
Un débat s'élève sur la pertinence de payer dix fois plus, non, vingt fois plus un ampli audiophile pour CA ! Doit-on en faire un problème d'éthique ou de liberté de choix ?
On lance de nouveau le tirage au sort ABX. Une nouvelle variable vient s'ajouter : l'ampli de sono a deux boutons de volume séparés. Un pour le canal gauche et un pour le droit. Et ils sont fort peu précis, les bougres ! Lorsqu'Alpacou fait remarquer que la scène sonore n'a pas la même ampleur, je précise qu'en raison de ce problème de boutons, il se peut très bien qu'un instrument apparaisse tout à fait au centre sur l'ampli Mimetism, et un poil de schtroumpf à droite du centre sur l'ampli de sono. On conclut qu'il vaut mieux comparer sur une seule enceinte.
Ainsi fut fait, et Grand X a commencé une belle performance en aveugle. Mais au bout d'un moment, il est apparu de plus en plus clair que le volume sonore était en fait assez différent sur les deux amplis.
Mais tout de même ! Pourquoi n'y a-t-il pas plus de différence de sonorité entre ces deux appareils ?

Alpacou
Il est malheureusement temps de rentrer pour Alpacou, avec son si étrange ampli.
Eh ben... Qu'est-ce que ça va être avec les câbles de modulation ! Tout le monde redoute la suite, mais personne n'est contrarié. L'ambiance est bonne, et pour nous placer dans d'excellentes conditions, Grand X connecte directement les enceintes sur un ampli Audiomat Récital. Le lecteur devait être un 3D Lab Millénium, ou un Atoll DVD 200.
Moi je trouve que c'est une bonne façon de procéder, car autant il m'apparaît correct d'utiliser un switch pour connecter des amplis, autant cela me semble être une mauvaise démarche pour étudier des câbles de modulation. Le switch lui-même comporte d'ailleurs en interne des fils très courts qui relient les bornes aux relais. Ces fils vont donc s'ajouter aux câbles de modulation testés.
Il est vrai que la perturbation apportée par ces fils sera de toutes façons identique sur les deux câbles. Mais si elle masquait des différences qui seraient audible autrement ? Et puis nous savons que la sonorité des câbles ne peut pas s'expliquer par leur paramètres RLC. Si nous voulons tester l'hypothèse qu'il existe autre chose qui explique leur sonorité, nous ne savons pas ce dont il s'agit et nous ne pouvons donc pas supposer que c'est un paramètre cumulatif qui s'ajoute simplement lorsque les câbles sont en série.

Wald
Grand X commence à remplacer les câbles de modulation. On passe du câble JMR à un spaghetti standard.
La différence est immédiate : c'est comme si on avait placé des étouffoirs sur les cordes du piano ! Grand X le perçoit instantanément. Les autres sont d'accord. Et moi aussi, j'ai perçu la différence ! Mais je ne dis rien, car je me demande si ce n'est pas simplement en revenant au début de la plage qu'on est tombés sur un passage où le piano sonne moins clair. On s'était faits piéger en beauté par un effet semblable dans le test de câbles de Lyon.
On remet le câble JMR. Impression confirmée : c'est plus brillant, il y a plus d'harmoniques.
On revient encore au câble standard. De nouveau, tout est étouffé. Moi je ne dis rien. Car ce n'est pas l'impression que j'ai eue, mais comme je sais à quel point on peut s'embrouiller et perdre confiance lorsque plusieurs avis contradictoires sont émis (voir notre test en aveugle de Lyon), je préfère laisser les auditeurs écouter tranquillement. Pour une fois que des différences sont clairement entendues, ce n'est pas le moment de saboter leur concentration.
Le Mogami 2497 + Fiches Neutrik de Syber est essayé. Il apporte un peu moins que le JMR par rapport au standard. Puis le QED Qnex Silver Spiral. Sur ce dernier, les attaques ne sont pas franches et les extinctions de notes sont métalliques.
Syber se propose de reconnaître le câble branché en aveugle. Grand X connecte donc l'un d'eux sans nous le montrer.
Pour Syber, ça, c'est l'ordinaire. Il est catégorique. Et en effet. C'est bien l'ordinaire !
Second tirage. C'est le JMR.
Et en effet, c'est bien le JMR.
Troisième tirage. C'est le JMR.
Et en effet, c'est bien le JMR.
Quatrième tirage. C'est le JMR.
Faux, c'est le spaghetti.
Et Grand X, qui se trouve à côté de l'enceinte, lui aussi, aurait répondu à tort JMR ! Ses impressions d'écoute sont en phase avec celles de Syber.

Syber
On remet le spaghetti pour mieux écouter : Ben c'est proche du JMR, constate-t-on avec des yeux ronds !
On compare encore, en partageant nos impressions d'écoute afin de mieux cerner les différences.
Pour Grand X, ce sont les attaques des notes du piano qui changent.
Wald reconnaît que pour lui, qui est normalement "anti-câbles", là, il entend la différence.
On écoute toujours le même morceau de piano, pendant quelques dizaines de secondes. En alternant JMR et câble ordinaire.
fafa.dudu réagit : pour lui aussi, la différence est très nette. Sur les attaques notamment.
A ce moment, on remarque un phénomène finalement très étrange : pourquoi les différences entre câbles de modulation nous paraissent-elles si grandes alors que nous étions auparavant si perplexes en comparant un ampli audiophile haut de gamme avec un bas de gamme ?
Grand X refait donc un tirage au sort. Il connecte à chaque fois les quatre câbles, mais sans nous dire lequel va sur l'entrée sélectionnée. Syber reconnaît le câble JMR. Grand X lui rappelle qu'à tout moment, il peut demander à réécouter normalement les deux câbles pour bien vérifier.
"Tu insinues qu'il a faux ?", fais-je remarquer. Effectivement c'était une erreur.
Nouveau tirage au sort. Syber est moins sûr : "on ne compte pas la réponse, mais je dirais que c'est le JMR."
Erreur, c'était le Mogami.
De nouveau, on écoute les câbles normalement, et Grand X déconnecte les trois autres. Après tout, ce sont peut-être eux qui perturbent.
Grand X est maintenant perdu. fafa aussi. Pour Grand X, le son est mou sur le câble standard, mais on le sait, que c'est le standard.
-Normal, réponds-je, les prises sont en plastique !
-Tu fais de l'anthropomorphisme ? plaisante Wald.
-Ben oui, tout-à-l'heure on a bien trouvé que le câble "silver" était "métallique" !
-On n'a pas le cul sorti des ronces, conclut Grand X, amusé.
Je livre mes précédentes impressions d'écoute. J'ai souvent des impressions contradictoires avec les auditeurs présents.
Lorsque le JMR, au début, a été remplacé par le standard, j'ai entendu comme tout le monde des notes de piano très étouffées.
Mais lorsqu'on a remis le JMR, moi, j'entendais toujours un son aussi étouffé, contrairement aux autres auditeurs.
Et lorsqu'on est passés du Mogami au standard, je n'ai jamais entendu autant de richesse dans les harmoniques !

Grand X
Nouveaux tirages au sort. fafa et Syber reconnaissent deux fois de suite le bon câble ! Cette fois, on va faire un vrai ABX !
On vérifie que les câbles ne sont pas visibles. Ohl se propose d'effectuer les changements de câbles après tirage au sort avec une pièce de monnaie afin de permettre à Grand X de participer. On choisit le standard et le JMR, qui semblent être les plus différents, et on passe directement de la source à l'ampli sans utiliser le switch ABX.
On convient qu'il faudra ne rien dire. On a vu tout-à-l'heure avec la remarque de Grand X à Syber comment on pouvait influencer le choix des auditeurs.
Moi je ne participe pas, car je suis absolument incapable de reconnaître le son de ces câbles, et puis de toutes façons, comme je ne peux rien faire comme tout le monde, il se trouve que le piano est à mon oreille l'instrument le moins discriminant pour une écoute hifi, alors que l'ensemble des auditeurs présents trouvent que c'est au contraire le plus discriminant.
Cinq auditeurs vont passer le test ensemble : Grand X, fafa.dudu, Wald, Syber et Misterben. On convient que chacun lève la main lorsque l'écoute de X lui suffit. Ainsi chacun peut écouter aussi longtemps qu'il le souhaite. Et on peut à tout moment demander de réécouter des câbles de référence.
On réécoute le spaghetti pour être bien calés sur le son.
Quoi ?? C'est le spaghetti, ça ? Dit Grand X, stupéfait, ben on est pas sortis de l'auberge !
Grand X a le trac ! fafa a une boule dans le ventre. La tension est au maximum. Wald est au contraire tout-à-fait détendu.
Doit-on dévoiler les réponses au fur et à mesure ? Personnellement, je le conseille, car cela permet de réajuster son écoute au fur et à mesure. Mais Syber ne préfère pas. Pour lui, le fait de savoir qu'on s'est trompé augmente le stress. On décide donc de lancer une série de sept tirages, au terme desquels on donnera les résultats, et s'il y a une personne qui a fait moins de deux erreurs, on continuera jusqu'en 15.
"Peut-on omettre de répondre ?" demande Wald. Statistiquement, il peut tout-à-fait ne rien répondre sur certains tirages, puis, à la fin, faire des tirages supplémentaires pour arriver au total de 15.
Mais pourquoi ne pas tout simplement demander de réécouter, dans ce cas ? demande Grand X. C'est l'inconvénient d'écouter à cinq à la fois, dis-je. Il faut s'adapter.
Si on réussit, ce sera la première fois au monde, non ? Demande Wald pour bien mettre la pression. Oui, dis-je, mais à ma connaissance, ce n'est que la deuxième fois que ce genre d'essai est fait dans le monde [en fait, je me rappelle de deux autres tests similaires, par David Carlstrom et par le forum Hifiwigwam, il me semble. Il faut vérifier dans l'annuaire des tests ABX de chaud7.]
Dès l'écoute du premier tirage de X terminée, Grand X demande de réécouter le spaghetti.
Après la seconde, fafa demande à réécouter le spaghetti. Puis de revenir au câble X du deuxième tirage.
Les écoutes se succèdent de façon assez complexe : X1, standard, X2, standard, X2, JMR, X2, standard, JMR, X3.
C'en est trop pour fafa. "J'abandonne !" déclare-t-il.
Après une écoute du standard et de X3 de nouveau, Syber abandonne aussi !
Tout de même, la tentation est grande d'aller jusqu'en sept. Seulement voilà, comme je connais un peu la façon dont se déroule les ABX (j'en avais fait 48 de huit essais chacun dans les deux jours précédents pour le test mp3 de Sebastian Mares !), je met en garde contre la précipitation. "Si vous essayez de commencer à répondre à l'intuition quand vous perdez vos reprères, c'est le meilleur moyen de tout rater. Et ensuite, recommencer est difficile à cause des statistiques. Il vaut mieux faire des pauses et se reconcentrer à chaque fois".
Ohl est d'accord : on continue, mais il faut répondre aussi sérieusement qu'au début !
X4, JMR, X5, Standard, X6...
Certains visages se décomposent lors des réécoutes des câbles de référence.
Wald : "ca me rend fou !!"
JMR, X6 de nouveau, et là c'est le drame ! Vu les réactions, je ne peux m'empècher de remarquer que certains ont entendu tout-à-fait autre chose que lors de la première présentation du X6 !
En effet, Grand X et fafa corrigent, la mort dans l'âme, leur réponse 6, qui leur paraissait pourtant très bien (comment ça se fait qu'on ait le droit sur le papier et pas dans le testeur ABX automatique ? -C'est une limitation de l'appareil, reponds-je, en fait, vous avez tout-à-fait le droit tant que vous ignorez la bonne réponse). Wald aussi a entendu l'inverse, mais il préfère se fier à sa première impression. Misterben et Syber ne semblent pas décontenancés.

Misterben
Pause. Syber trouve l'exercice très intéressant, car cela l'oblige, dit-il, à étudier sa propre psychologie. C'est son métier. Il nous explique qu'en tant que commercial, son métier est d'être conscient de sa psychologie et de la psychologie de la personne en face de lui.
-Eh bien tu vas pouvoir vendre des câbles, maintenant ! lui-dis-je en plaisantant.
On termine avec X7. Tout le monde a donné ses réponses.
Ohl récite les câbles tirés au sort pour chaque essai : standard, standard, JMR, JMR, JMR, JMR, JMR. Chacun compare avec ses réponses.
Je conseille de vérifier s'ils ont les trois premières bonnes, car c'est vers ce moment qu'ils ont commencé à douter.
Scores finaux : 3, 4, 3, 4, et 5, le champion étant Syber. Personne n'a fait moins de deux erreurs. Le test a donc échoué.
Je calcule brillament que la moitié de 7 est égale à 3.5, et que par conséquent la plupart des scores est dans une moyenne aléatoire complète. Ohl rappelle que bien sûr, 5/7 est aussi un score que l'on peut obtenir tout-à-fait par hasard.
C'est intéressant de voir que le JMR a été tiré au sort cinq fois de suite. Cela peut parfois perturber, car au fond de soi-même, on se dit que c'est invraisemblable, et qu'on doit se tromper quelque part dans l'écoute.
Cela montre surtout pourquoi il est important pour l'opérateur de faire vraiment des tirages au sort dans un ABX, et non des choix conscients.
Le bilan statistique est nul, mais je pense que nous avons tous grandement apprécié l'expérience. C'était agréable, et très amusant. Dommage pour les tests d'amplis, car j'aurais voulu écouter des CD bien spéciaux que j'avais préparés, mais sans aligner les niveaux, ce n'est pas la peine. Alors j'ai préféré laisser faire les auditeurs, qui ont moins l'occasion que moi de faire de l'ABX.
Personnellement, ce que je retire de cette expérience, c'est l'impression que la musique acoustique pourrait favoriser l'illusion de différences d'écoutes inexistantes, car sur un instrument comme le piano ou la guitare, jamais deux notes ne sont jouées de la même façon. On entend donc toujours quelque chose de différent. Alors qu'en musique électronique, toutes les notes sont identiques. Je me demande si le côté réputé peu discriminant de la musique électronique ne vient pas tout simplement du fait que, chaque son étant rigoureusement émis de la même façon, cela mettrait en évidence la similarité qui existe au fond entre la plupart des électroniques et câbles. Tandis que les instruments acoustiques donneraient une impression de changement continuel.
Cela n'engage que moi, et je sais que la plupart des audiophiles ont une bien plus grande culture sonore en musique acoustique qu'en musique électronique, contrairement à moi.
Cela pourrait constituer un sujet pour une autre écoute comparative.
Je réitère mes remerciements à tous pour l'organisation, l'accueil, la participation, et le bon moment que nous avons passé ensemble !