Salut à tous ! Et bien, mon installation continue à se construire malgré le très grand-âge de son maçon.
Après avoir écrit et cru que jamais je ne le ferais, je me suis tout récemment penché sur la question du manque de contre-grave qui affectait mon installation. Je pensais que la restitution du contre-grave n’était qu'une question purement audiophile et qu’il n’était pas nécessaire de descendre dans les abysses du son pour obtenir une restitution fidèle de la musique enregistrée. Je pensais même qu’une coupure du contre-grave par un filtre passe-haut était de nature à rendre plus net le contour du grave et à faire disparaître toute trace de trainage.
Je rappelle à ceux qui n’ont pas suivi mon sujet que l’acoustique de mon grenier souffre d’un court-circuit qui provoque un trou fréquentiel entre 50 et 25 c/s. On m’a expliqué qu’il s’agissait d’un phénomène normal dû au fait que la position d’écoute se trouvait à égale distance entre les deux murs parallèles formant les côtés de mon grenier (la distance étant de +/- 7m).
Pour permettre une compréhension plus aisée de l’exposé qui va suivre, je reproduis pour ceux qui tombent dans le sujet sans peut-être l’avoir suivi pas à pas la photographie de l’ensemble de mon installation :

Ce qui va être en question, c’est le rendu des deux RCF de 18’’ montés en basse-réflexe que l’on voit aux deux extrémités de l’alignement des baffles dans leur enceinte de +/- 250 l. Ces deux haut-parleurs couvraient jusqu’à présent une plage de fréquences entre 200 et 50 c/s ; pas plus bas, non à cause d’une incapacité naturelle à reproduire du contre-grave mais à cause du court-circuit acoustique.
Voici l’état brut, sans correctif donc, de la réponse des RCF en fréquence glissante avec la réponse des deux canaux stéréophoniques entremêlées:

On remarque immédiatement le trou acoustique dont je viens de faire état. C’est lui qu’il s’agira de combler, si possible sans rien ajouter à l’installation, sans y adjoindre un ou plusieurs caissons comme l’a fait Igor et comme il est courant de le faire en home cinéma. Donc à l’économie de moyens.
La seule manière d’y parvenir est celle qui consistait à tenter de combler le creux en créant électroniquement une bosse en miroir avec lui au moyen de mes deux égaliseurs BEHRINGER DCX 96/24(un pour chaque canal stéréophonique). Jusqu’ici, j’avais bien essayé cette manière de faire mais trop timidement pour avoir un résultat. J’étais déterminé maintenant à aller jusqu’où il faudrait, jusqu’à la limite des possibilités des égaliseurs (comme il y en a deux, les possibilités numériques d’intervention sont doublées).
Pour combler le trou fréquentiel, il fallait nécessairement utiliser des filtres positifs et, avant tout, déterminer la fréquence à laquelle les centrer. J’ai fait appel pour ce faire à une courbe de réponse en bruit-rose (PINK RT sur REW) plus explicite pour cette recherche que la courbe en fréquence glissante.
En cheminant, je me suis posé la question de savoir s’il fallait utiliser une résolution avec des créneaux au pas du 1/3 d’octave (comme je l’avais toujours fait jusqu’à présent) ou au pas du 1/6ème d’octave (comme le préconisent Igor et L’indien). Après avoir tâtonné et expérimenté l’un et l’autre, je suis arrivé à la conclusion qu’une courbe au pas du sixième d’octave était préférable pour déterminer avec précision la fréquence de centrage du filtre mais qu’une courbe en tiers d’octave était bien plus proche par sa simplicité de ce que le filtre laissera entendre quand on oubliera les courbes de réponse pour simplement écouter de la musique.
J’ai donc commencé mon intervention sur une courbe en bruit-rose au pas d’1/6ème d’octave que voici :
La courbe de droite stéréo

La courbe de gauche stéréo

Ces courbes m’indiquaient que la fréquence d’intervention pour combler le court-circuit acoustique se situait aux alentours de 35 c/s. sur les deux canaux stéréophoniques. J’ai donc programmé sur mes BEHRINGER des filtres à cette fréquence. Il s’agissait de filtres avec l’extension positive la plus élevée pour mieux combler le creux et avec le plus grand coefficient de qualité disponible pour ne pas déborder sur les fréquences voisines: soit une excursion +15 db avec un coefficient de qualité de 10.
Comme un filtre de +15 db s’était avéré insuffisant, j’en ai programmé deux, à la même fréquence de 35 c/s à droite et aux fréquences de 34 et 37 c/s à gauche. Il a fallu aussi réaménager légèrement d’autres filtres de moindre efficacité pour parfaire autant que possible la linéarité de la réponse.
Les corrections utilisées sont les suivantes, sur le canal de gauche et de droite, toutes avec un coefficient de qualité de 10:
A gauche:
- 35h +15db
- 35h +15db
- 40h +05db
- 50h -07db
- 121h -06db
A droite:
- 34h +15db
- 37h +15db
- 40h +04db
- 50h -07db
- 121h -06db
Voici la réponse finalement obtenue avec en-dessous les canaux gauche et droite entremêlés et, au-dessus, la sommation des deux canaux :
Une pareille courbe en 1/6ème d’octave demeurait, malgré les corrections électroniques, trop accidentée pour me faire une opinion sur ce que je pourrais entendre dans la vraie vie d’une œuvre musicale.
Aussi, pour m’approcher davantage de la réalité sonore, j’ai transposé la courbe selon le pas de 1/16ème d’octave en une autre selon le pas de 1/3ème d’octave que voici :

C’est la courbe qui conjugue des deux canaux qui est surtout intéressante aux très basses- fréquences. Elle montre une réponse très homogène, même en dessous de 50 c/s ce qui était le but, et légèrement descendante vers les 20 c/s qui paraissent avoir été atteints sans accident. On peut cependant se poser légitimement la question de savoir si elle laisse présager une écoute qui, à la regarder, devrait se révéler magnifiquement présente dans le contre-grave.
Faire appel à des filtres positifs créant une bosse de 30 db d’amplitude avec un coefficient de 10 était évidemment une gageure déconseillée par tous les prophètes de la haute-fidélité. Alors, ça marche-t-il ? La réponse est : Et bien, ça marche même très bien !
Les premières auditions avec des œuvres riches en grave et contre-grave ont montré une intégration réussie de ces fréquences dans l’ensemble du tissu sonore de l’installation et ont surtout révélé que le traînage que je redoutais vu l’importance du filtrage positif et de sa pente ne s’est absolument pas manifesté. Au contraire, les attaques des notes graves sont peut-être même meilleures qu’avant car elles sont plus nuancées.
Je ferai part dans une communication future de mes résultats d’écoute en prenant pour point d’appui de mes constatations audiophiles les œuvres musicales qui les ont suscitées. Car il serait illogique de décrire les barres de métal et les boulons qui, mises ensembles, constituent des béquilles sans s’inquiété du blessé (la musique enregistrée) dont elles facilitent la marche. Une telle réflexion est une constante chez moi.
Cordialement Olivier