Merci à Haskil pour cette synthèse que je partage intégralement; je me permets de quoter la conclusion car c'est la réponse à la question posée par cette filière:
Mais si l'on en revient à Cabasse : quoi qu'on puisse penser du leurre que peut être cette comparaison instruments jouant en direct et reproduits par des enceintes, il y a celles qui peuvent créer cette illusion et toutes celles qui ne le peuvent pas... Et Cabasse le pouvait assurément pour certains modèles, ce qui d'ailleurs faisait l'admiration des autres constructeurs qui se pressaient au festival du son à ses démonstrations... et me semble bien un minimum requis à partir duquel on peut commencer à parler de fidélité.
J'hésitais à revenir poster sur ce fil car j'ai l'impression que les arguments en faveur de la démonstration de Haute Fidélité par le protocole de Live Musique sous balayés par des affirmations péremptoires. Par ailleurs, et au risque de me répéter, je pense qu'une discussion sur la recherche de fidélité ne peut se dérouler tant que l'objectif n'est pas caractérisé, et que les contrôles qui permettent de vérifier que l'on s'approche ou non de l'objectif ne sont pas établis.
En effet, comme plusieurs d'entre nous l'ont déjà expliqué (notamment Scytales et Cleriensis), la chaine de reproduction n'est pas la même selon que l'on cherche à restituer fidèlement un front d'onde (objectif de Cabasse), ou que l'on cherche à reproduire un enregistrement fabriqué électroniquement par mélange. Les références ne sont pas les mêmes, les contrôles non plus.
Dans le premier cas, le meilleur contrôle permettant de valider les développements, c'est la comparaison entre un son mécaniquement émis, et sa reproduction: c'est la seule façon de réduire autant que possible l'influence du gout de l'auditeur, du concepteur d'enceinte et de "l'ingé-son".
Dans le second, il suffit de s'équiper des mêmes enceintes de contrôle que l'ingé-son qui a créé ce mixage.
Malheureusement, la question des objectifs et des contrôles est noyée par l'argument des progrès techniques des moyens de mesure. Dans un labo de recherche, l'utilisation des outils les plus en pointe ne peut jamais servir de justification à un projet. Ce ne sont que des moyens. A quoi sert un résultat de mesure sans référence établie? D'autre part, et même si les moyens de mesures se sont considérablement affinés, je pense qu'il n'existe pas encore de modèle accepté par tous pour prédire le résultat à l'écoute. Les contrôles demeurent nécessaires.
Pour répondre à quelques points:
Igor suggère que le protocole de comparaison cher à Cabasse a bloqué tout progrès. C'est oublier les points suivants:
En plus de la chambre sourde dont tout le monde a entendu parler, on peut citer:
- la construction dès les années 80 d'une chambre réverbérante et d'une chambre semi-réverbérante à acoustique variable
pour étudier le lien entre la réponse dans l'axe et la puissance rayonnée. Ceci a permis non seulement d'améliorer le comportement des modèles existants dans divers types d'acoustiques, mais aussi de proposer dans les années 90, des gammes d'enceintes dont la directivité était adaptée à des acoustiques différentes rencontrées chez les particuliers;
on peut mentionner également la gamme nid d'abeille dont la puissance rayonnée dans le grave était réglable en fonction de la salle d'écoute; les amplis Cabasse d'ailleurs ensuite intégré ces correcteurs semi-paramétriques pour adapter la puissance rayonnée au local. Ces technologies ont été incorporées aux moniteurs mis au point pour Radio France: Reportage 242, Galiote, Goélette MC, Mistral.
- la Mise au point d'un étalon multi-coaxial 4 voies (MC001) devenu l'Atlantis pour répondre à une question restée jusque là sans réponse: comment une source quasi ponctuelle large bande (le fameux micro à l'envers) se comporte-t-elle dans un environnement semi-réverbérant ? Cette exclusivité a permis d'améliorer encore les enceintes traditionnelles en terme de cohérence de réponse dans différents types d'environnement.
Dans les années 90, Philippe Muller a proposé des démonstrations de comparaisons en musique vivant avec l'Orchestre de la Flotte de Brest utilisant 5 enceintes: ces expériences indiquent ainsi la voie du progrès en Haute Fidélité par l'augmentation de l'échantillonnage du front d'onde en 5.0 (ce qui permet d'ailleurs de réduire d'autant la taille des enceintes pour atteindre la même pression au point d'écoute, et de diminuer l'influence des "défauts de pièces" qui ne se limitent plus à 2 enceintes, mais "s'éparpillent" de façon aléatoire avec 5 sources secondaires). Imaginez ce que cela pourrait donner aujourd'hui avec la technologie embarquée par les mini modèles d'enceintes survitaminés qui sortent chez tous les grands fabriquants....
(Je glisse une boutade en forme de question: que faisiez vous Indien29 pendant ce temps là?
)
Au moins tous les progrès techniques réalisés par Cabasse ont-ils été confrontés au test de comparaison musique vivante/reproduite: ceci a permis de retenir un certain nombre de faisceaux de mesures significatifs du point de vue de la fidélité.
J'en profite pour glisser une remarque au sujet du coaxial Cabasse: la sortie de ces modèles à coïncidé avec le départ de G. Cabasse et l'abandon progressif de la Live music pour mettre au point les enceintes, non sans frictions internes (les enceintes compatibles avec la Live Music étant moins séductrices sur des enregistrements lambda, c'était moins facile à vendre). On a pu voir certains modèles avec HP coaxial mis au point selon la philosophie d'origine (Catalane, Brick500, Goélette 500) et d'autres avec les idées émergentes (gammes avec le "nez" coaxial comme l'Iroise). Les metteurs au point n'étaient pas les mêmes, et c'était un peu chaotique: il ne faut pas considérer ce nouveau type de HP comme une avancée monolithique.
Selon P. Muller, Radio France avait rejeté l'Iroise au profit d'un gros Galion traditionnel (Mistral); Par contre, l'Eider, devenu trop cher pour Radio France a été remplacé par la Goélette MC. Bernard Neveu, fidèle collaborateur de G. Cabasse, a utilisé en même temps des Catalane et des Goéland, mais n'a pas voulu de l'Iroise. Les filières proposées par Wuwei ne prennent pas en compte cet aspect, et sont un peu à charge. Il est préférable de retrouver les témoignage de P. Muller à ce sujet.
Pour revenir au post d'Haskil: Bernard Neveu a trouvé l’équivalent de ses Goéland des années 80 (multi-amplifié 4 voies, asservi, avec un 30 cm, hors de prix car réglées à l'unité) avec des Atohm GT3, un modèle 3 voies passif de série équipé de petits HP (et de filtres d'ordre...1 d'ailleurs: va comprendre
). Ce modèle a d'ailleurs passé haut la main le test de comparaison cher à Cabasse.
C'est ça c'est le progrès!