Test HCFR : Denon AVR-X3600H, processeur HC 11.2 canaux avec 9 amplis intégrés

Test HCFR : Denon AVR-X3600H, processeur HC 11.2 canaux avec 9 amplis intégrés

écoutes : Du Quatuor de Ravel à Dirk side of the moon

 

GrigorY Sokolov joue Beethoven et Brahms. Deutsche Grammophon. 2CD

J’ai commencé par l’écoute de ce disque que j’avais téléchargé la veille sur le site d’Universal et écouté deux fois très attentivement avec le Yamaha corrigé YPAO. Belles prises de son faites en public dans plusieurs lieux à l’acoustique assez réverbérée, mais bien maîtrisée.

Avec le Denon, le piano perd sa surcharge pondérale. Avec Audyssey enclenché toute graisse, sans pour autant être décharné : il est à sa place sur scène et l’on entend précisément placés dans l’espace une myriade de petits bruits remontant du public et de la scène elle-même. On sent la présence physique du pianiste et du piano entre les enceintes et l’image sonore s’étend loin derrière le mur. Ses accents dans le grave sont puissants et sans inertie, le piano résonne longuement comme les notes tenues dans le médium et le haut du clavier. Splendide. Meilleur qu’avec le Yamaha.

Je n’ai pas fait d’écoutes comparatives qu’il serait trop difficiles de conduire, mais me suis fié à ma mémoire auditive d’un phénomène sonore nouveau pour moi.

 

Eileen Farrel « I Gotta Right To Sing The Blues ». Sony 1 CD

Là, ça déménage. Eileen Farrel était une chanteuse d’opéra new yorkaise fameuse pour son franc parler, son absence de snobisme, sa voix invincible sur la scène du Metropolitan Opera et ses apparitions tard dans la nuit dans les boites de jazz. Une des rares chanteuses à l’aise dans les deux registres. Au tournant des années 1950 et 1960, elle a enregistré deux LP avec une formation de jazz.

Modèle de prise de son, comme CBS savait si bien les faire : la formation est étalée dans le studio dont on entend parfaitement bien la taille ; la chanteuse est devant bien centrée et si elle bouge aucun problème de déphasage ne se fait sentir comme parfois. La reproduction est sensationnelle par sa présence physique, son dynamisme, sa clarté – j’entends des petits détails instrumentaux que je n’avais jamais si bien entendus -, les timbres sont beaux, naturels, tout respire. Un soupçon de dureté sur les plus grands éclats de sa voix rappelle que la prise de son date du tournant des années 1950-1960 et que cette chanteuse était du genre à dépoussiérer les rideaux du Met : à l’opéra, on appelle ce type de voix un canon ! On entend, une petit halo sur les éclats de voix qui fait penser que le micro capte un écho flottant dans le studio.

 

Harry Connick Junior « Blue Light ». Sony 1 CD

Quarante ans plus tard, la même maison de disque n’a pas vraiment perdu la main et sait toujours produire ce type de disques prisés aux Etats-Unis et dont Sinatra laisse quelques grandioses exemples.

Le chanteur est devant un orchestre de studio, mais la prise de son est plus travaillée, plus mixée que celle de Farrel et ça s’entend très bien avec le Denon qui a la capacité de respecter les plans sonores, de détacher les instruments les uns des autres et de montrer ceux qui sont plaqués à la production sur les autres. La voix du chanteur est bien calée et parfaitement en place, précise, nuancés, chaleureuse.

 

Alexandre Tharaud « Barbara ». Warner 1 CD

Un disque de chansons de variétés acoustiques. Piano capté de près, derrière centré mais un peu décalé à droite, voix devant un peu décentrée vers la gauche, fusion remarquable des timbres pourtant la voix se détache bien du piano qui ne vient jamais la manger et même lui laisse la primeur. Quand un autre instrument se joint au chant-piano, c’est toujours dans le respect de l’espace sonore. C’est vraiment admirable de timbre, d’espace sonore, de densité, de lumière, de précision et de douceur. Les voix de Jean-Louis Aubert et de Camilia Jordana sont à tomber de beauté, de présence troublante quand le niveau est réglé pile poil à la bonne valeur.

Et il en va de même des autres invités du disque : Vanessa Paradis, Juliette, Albin de la Simone, Juliette Binoche, Dominique A ou encore Benabar. Magnifique et étonnant ce petit intégré Denon…

 

Jean-Sébastien Bach : Passion selon Saint Matthieu, par Herbert von Karajan, l’Orchestre philharmonique de Berlin. DGG écouté en streaming sur Qobuz.

Grande œuvre qui offre la particularité sonore d’alterner des airs  solistes accompagnés par un petit ensemble instrumental – le continuo -, et des passages avec tout l’orchestre et le choeur et un, deux ou trois chanteurs. J’ai écouté du no 73 à la fin de la partition. Le n° 73 fait intervenir d’abord un chanteur – l’Evangéliste – bien situé à gauche et les contrebasses et violoncelles qui raclent violemment leurs archets.

L’effet de terreur voulue est parfaitement respecté et l’acoustique du lieu d’enregistrement est d’une largeur et profondeur qui débordent très largement du cadre des enceintes, grande lisibilité et timbres pleins, sans aspérités. Le récitatif qui suit est splendide, la voix de la basse se détache d’une tapis de cordes dont on entend bien étalés derrière lui les entrelacs jusque dans la nuance pianissimo.

Le récitatif qui suit fait entrer les bois qui se mêlent aux cordes : malgré un effectif orchestral important, la scène sonore reste précise. Le numéro 77 de la partition fait intervenir ténor, basse, soprano et alto, en plus des cordes jouées souvent pianissimo et du choeur : beaucoup de monde… donc. C’est plein, aéré, déborde là encore largement des enceintes. Quand le choeur final commence, il est mezzo forte pour devenir fortissimo à la reprise de la phrase, l’ampli ne bronche pas et le son est toujours aussi généreux, largement étalé entre les enceintes et la lisibilité des plans sonores est assurée. Ce qui n’est pas une mince affaire vu que l’enregistrement convoque beaucoup de monde, dans une acoustique généreusement réverbérée.

A ce moment là de l’écoute, je me suis demandé ce qu’un ampli plus puissant apporterait.

 

Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps, par Lorin Maazel, l’Orchestre de Cleveland. 1 CD Telarc (hors catalogue)

Prise de son de référence pour une œuvre exigeante, allant du pianissimo joué par un instrument seul au quintuple fortissimo de tout l’orchestre rejoint par la grosse caisse… Les timbres sont opulents, la clarté des différents pupitres ne souffrent pas le reproche, les écarts de dynamique sont tenus. L’orchestre ne bronche pas et l’on entend très bien l’acoustique du lieu où le disque a été enregistré et les bruits de pupitres (!) voire un archet qui tombe.

En cherchant bien, on pourra se dire que la grosse caisse a plus d’attaques que de profondeur, mais dans le même temps, on entend si bien la peau qu’il se peut que nos écoutes habituelles et anciennes de ce disque sur moult chaînes de haut niveau nous avaient habitué à un grave plus gros.

Que dira l’ampli de puissance ajouté ?

 

Marian Anderson : He’s Got The Whole Word in his Hand. 1 CD RCA

Enregistrée au début des années 1960, la grande contralto américaine est une héroïne de l’histoire du pays : elle a chanté à l’intronisation de Kennedy et le jour de son enterrement et avant guerre donné un récital filmé par la télévision nationale devant une foule réunie pour elle sous la statue de Lincoln à Washington. Quand elle a visité le compositeur Jean Sibelius chez lui en Finlande, il lui a dit « ma maison est trop petite pour vous accueillir ». Immense chanteuse à la voix sublime de contralto.

Prise de son stéréo faite avec un micro et des magnétophones à tubes… Il y a un léger souffle. Mais cette captation est exceptionnelle : la voix est au premier plan à gauche et le piano juste derrière mais parfaitement bien défini. Dans la plage intitulée « Introduction » elle chante à bouche fermée et le piano va de l’extrême grave à l’aigu : sa sonorité est longue, les fameuses fins de notes durent longtemps et l’on peut les suivre jusqu’à l’extinction. Les sons les plus graves du piano sont troublants de véracité.

 

Frédéric Chopin : Nocturne pour piano n° 16. Claudio Arrau (piano). 2 CD Decca

Enregistré par Philips qui lui a donné un son  royal dont la plénitude, la lumière, la rondeur sont ici reproduits de façon magnifique au sein d’une acoustique très large qui fait disparaître les enceintes là encore. On se tait et on écoute la bouche ouverte et les oreilles grandes ouvertes : son ouvert, aigu lumineux, pleins sans dureté, médium charnu, grave flou…

… mais c’est écrit comme ça.

 

Pink Floyd : The Dark side of the moon. 1 CD Pink Floyd Records

Bien produits pour l’époque, les disques du Pink Floyd ont très bien traversé le temps d’un point de vue technique. Le son est un peu directif et ne déborde pas beaucoup des enceintes, mais on distingue nettement toutes les strates sonores de l’enregistrement et les voix ne sont pas noyées. C’est à la fois dense et précis : les petits détails sont là, les pas, la voix de l’annonce dans l’aéroport, et même on les place dans l’espace et les effets sonores passant d’une enceinte à l’autre.

Que manque-t-il ? Difficile à dire. Ça sonne un peu patiné. Et ce n’est pas un mal.

 

The Who : Who’s next. 1 CD Decca

« Baba o Riley » est alerte, clair, et chaque son reste à sa place quand la batterie entre : les trois discours musicaux superposés sont là et quand la voix arrive rien ne bronche. C’est clair, dynamique. Et le son dépasse – un peu – du cadre des enceintes. « Love Ain’t for Keeping » ne bronche pas non plus : on entend bien chaque instrument, mais l’ancienneté du mixage fait que l’on a un droite-gauche un peu exagéré, avec une batterie est un chanteur à gauche, une guitare à droite qui ignore un peu ce que la voix gauche raconte.

Néanmoins, malgré ça, ça sonne très bien, ça remue et l’on peut monter le niveau sans que l’image sonore bouge. « My Wife » est plus dynamique, plus ouvert de son… Bon signe, cet ampli ne masque pas les différences de mixage et de prises de son dans le même disque.

 

Roger Waters : Amused to death, 1 CD Columbia

Des petits bruits nocturnes et voix lointaines du début, en passant par les nappes sonores splendidement mixées avec la guitare tout baigne dans une ambiance sonore raffinée qui efface les enceintes qui deviennent impossibles à localiser dans les événements sonores de cette bande son quasi cinématographique s’étale en largeur et profondeur.

C’est splendide. Mais que la première plage. Les autres également sont un régal pour qui voudrait suivre chaque détail sonore de ce discours foisonnant ici idéalement placé dans l’espace parfois à des grandes distances les uns des autres. Quand la guitare entre, puis la guitare et les cordes, les petits gazouillis lointains à droite restent parfaitement audibles bien que reproduits pianissimos… il faut attendre qu’ils soient remplacés par une voix parlée lointaines et un avion qui traverse la scène sonore  pour qu’ils disparaissent…

Ce Denon AVR-3600H est transparent, aucun doute à ce sujet.

 

Richard Wagner : Le Crépuscule des dieux, Georg Solti, Wiener Philharmoniker. 1 coffret Decca

Enregistré en studio avec une mise en scène sonore qui fait déplacer les chanteurs sur scène, comme si l’on était à l’Opéra et ne les laisse pas statiquement debout derrière leur micro, le dernier opéra de la « Tétralogie » de Wagner est un monstre sonore qui va du pianissimo ténu au cataclysme de fin du monde quand celui des dieux s’effondre.

Les enceintes s’effacent totalement, et les chanteurs se déplacent largement en dehors du cadre physique qu’elles forment : la scène sonore s’étale largement derrière les Divatech quand le niveau sonore monte. Sinon l’intimité des monologues est préservée et jamais orchestre et voix ne se mélangent, bien que le son soit fusionné de façon idéale.

C’est du très grand niveau sur le plan de l’écoute musicale : on est happé par un tel alliage de transparence, de respect des plans sonores, de densité des timbres, de raffinement sonore, et aussi de puissance et de nervosité quand les cordes écrasent l’archet pour des attaques fulgurantes.

 

Richard Strauss : Le Chevalier à la rose, Sylvio Varviso, Wiener Philharmoniker. 1CD Decca

La scène finale de cet opéra de Strauss convoque deux soprano et une mezzo qui chantent en même temps sur un accompagnement orchestral fourni. Ces trois voix sont très difficiles à reproduire, car les notes qui sortent de leur gosier sont proches et créent souvent une distorsion d’intermodulation pénible.

Là, chaque voix est à sa place et quand celle de la Maréchale va quasi jusqu’au cri, elle se détache parfaitement des deux autres. C’est impeccable à tout point de vue. Et sans stress.

 

Maurice Ravel : Quatuor à cordes. Quartetto Italiano. 1CD Decca

Enregistré par Philips, repris par Decca, cet enregistrement est d’une beauté sonore et d’une précision exemplaires – Eric aka Dub ne me contredira pas -. On entend chaque phrase de chaque instrument distinctement et toutes fusionnent pour une image sonore globale qui efface les enceintes.

C’est somptueux, soyeux, plein et clair à la fois, doux et vif quand la passion emporte les quatre musiciens.

 

Blandine Verlet : Froberger ou L’INTRANQUILLITÉ. 1 CD Naïve

Il faut se faire à l’accord non tempéré de ce clavecin qui donne l’impression d’être désaccordé en maints endroits. Le son est d’une beauté, d’une richesse de tapis oriental, jusque dans l’aigu qui est raffiné, jamais pétillant. Le clavecin est là, avec ses basses rondes et sans pesanteur, son médium chantant.

La fluidité du jeu de Blandine Verlet, la façon qu’elle a de tenir les sons pour les enchaîner juste avant qu’ils ne meurent, ce merveilleux legato sont ici restitués d’une façon qui fait totalement oublier qu’on a affaire à une reproduction mécanique.

 

 

Conclusion

A la question : un amplificateur Home Cinéma peut-il écouter de la musique avec une qualité qui ne souffre pas le reproche ?

La réponse est oui. Ce Denon AVR-X3600H le démontre sans ambiguïté.

On trouvera sans doute mieux encore, toujours est-il qu’écouté en stéréophonie, avec des enceintes de monitoring de grande qualité valant un certain nombre de fois son prix (!), il a comblé mes attentes de mélomane amoureux du beau son.

Alain_haskil
HCFR – Mai 2020

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au Denon AVR-X3600H : https://www.homecinema-fr.com/forum/son-audio-amplificateurs-integres-homecinema/2019-2020-denon-avr-x3600h-proc-11-2-ampli-9-canaux-t30102335.html

 

 

 

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