tovarich007 a écrit:Je reviens à la question actif vs passif : tu as très souvent défendu les systèmes actifs et depuis quelques posts, tu sembles au contraire alerter sur le phénomène de mode de l'actif. Peux-tu développer un peu plus ton point de vue ? Bien sûr, on fait encore de bonnes enceintes passives (j'en ai d'ailleurs) mais je pense qu'une même enceinte sera meilleure en full actif qu'en passif, même si c'est loin d'être le jour et la nuit entre les deux, quand l'actif est bien réalisé avec de bonnes électroniques. Et avoir une possibilité de connexion internet pour faire du streaming avec les enceintes, c'est très pratique.
L'actif a un avantage certain sur le passif, surtout lors des phases de mise au point !
Sans DSP, sans égaliseur, c'est une galère d'égaliser les HP et de les optimiser au mieux dans leurs plage d'utilisation lorsque le choix et la conception en filtrage passif est fait.
Il existe fort heureusement des simulateurs qui permettent d'optimiser tout ça, LspCap
http://www.justdiyit.com/lspcad-6-partie-1/ pour commencer, mais ça progresse sans arret, en particulier avec l'incroyable VituixCad.
Ces softs sont dédiés à la conception d'enceintes, comme les autres simulateurs électroniques, on a donc un visuel sur la courbe de réponse, la réponse en puissance, la directivité, mais ce n'est que de la prédiction dont les déviations avec les mesures de l'enceinte terminée, dépendent de la précision des mesures des HP (on / off axis), impédance etc... et de la performance du soft, ça fonctionne pas mal, mais il y a encore des différences et il faut corriger à l'ancienne.
A l'ancienne... et sans ces softs, le filtrage passif demandait beaucoup d'expériences, la mise au point d'une enceinte pouvait évoluer sur une décennie entière !
Les instruments de mesures étaient assez limités, il n'y avait pas de connaissance et de prédiction sur PIR, de réponse en puissance, etc...
Pas mal de constructeurs avaient une chambre sourde pour les mesures et la mise au point, le résultat dépendait de l'expérience et de la patience du concepteur dans le fait de changer les composants, mesurer, changer encore, pour voir l'évolution de la réponse de l'enceinte et bien l'optimiser.
En actif, ça a toujours été plus simple, surtout depuis l'arrivée des filtres actifs avec DSP, qui intègrent les filtres cibles et l'égalisation simultanée.
Avec eux, on peut prendre un HP, l'égaliser pour le mettre à plat sur sa réponse en fréquence, puis lui appliquer la pente de filtrage cible voulue pour correction électrique, en résulte une réponse acoustique identique à la cible électrique car le HP est déjà linéaire avant filtrage !
Avec ces moyens en faveur du filtrage actif, il était, des les années 90... possible d'atteindre une précision évidente.
En passif, les derniers développements des softs de prédictions le montre, on arrive rapidement à une précision proche de l'actif car les softs de prédiction incluent dans les valeurs de filtrages, l'égalisation des composants (c'est fou...
) ainsi, on peut concevoir un filtrage acoustique parfait, et... gérer comme en actif, la réponse en puissance, voir l'impédance etc... on peut calmer un pic de fractionnement d'un HP, très largement hors plage d'utilisation, mais dont le profil de distorsion subit en bande audible les effets néfastes, c'est le jeux des harmoniques et ça demande à être expliqué :
Par exemple, le fractionnement sur un woofer qui couvre le médium jusque 2,5kHz et qui affiche à la mesure, un pic de fractionnement à 5kHz, aura sa disto paire impacté par ce phénomène sur son profil de disto avec le même pic sur l'harmonique 2 à 2,5kHz, l'harmonique 3 à 1,66kHz...
La H3 est très néfaste car ce n'est pas une harmonique paire qui s'additionne agréablement à la fondamentale, avec la H2, ça monte seulement un peu plus dans l'aigu quand le HP "tord", ce n'est pas hyper grave...
Les harmoniques impaires, ça fait un son vraiment pourri... et H3 de 5kHz, c'est 1,66kHz et c'est en pleine bande audible... H5, c'est pile 1kHz, très très mauvais...
En passif, on peut "casser le pic" à 5kHz et améliorer le profil de disto de la H3 à 1,66kHz et H5, en améliorant ainsi la clareté et la perf du HP.
Une bonne performance, pour une enceinte ou une électronique, consiste à rejeter le plus bas possible les distorsions de la fondamentale (avec une attention toute particulières sur les H3 et H5.)
Actif ou passif font aujourd'hui jeu égal, le soucis, c'est que pour y arriver, en fonction des HP à filtrer, souvent, le simulateur montre des possibilités de très bonnes perfs avec des ordres de filtrage élevés.
Un filtrage à pente raide permet de pousser plus loin le HP dans sa plage d'utilisation en fréquence (mode piston, plage de disto exploitable)
Le filtrage raide permet aussi moin de recouvrement entre HP, donc moins de réponse en peigne aux raccords entre les 2 haut parleurs.
En passif, un ordre 4 (type LR24), c'est 2 condo et 2 selfs du côté passe haut et idem côté passe bas, donc 4 condo mini et 4 selfs pour un filtrage entre un tweeter et un médium)
Si la fréquence de coupure est élevée, les valeurs sont faibles, le coût restreint...
Mais si on passe en 3 voies passif et que l'on veut filtrer un woofer/subwoofer à 200Hz, si on veut une drc basse (pour conserver un bon rendement) et un filtre d'ordre 4, il faut compter 4 selfs à air à 50 euros pièce à cause du coût du cuivre + les gros condensateurs.
En production, un filtrage bas ne passe pas en passif en terme de couts, c'est pour cette raison que l'on voit partout des enceintes en 2.5 ou 3.5...
2.5, c'est 2 woofers et 1 tweeter.
3.5, c'est 3 woofer et 1 tweeter.
1 des 2 woofer à un passe bas (généralement premier ordre, soit une self unique et pas trop cher), le volume de la caisse est partagé par les 2 woofers, mais il n'y a création de lobe de directivité qu'a partir de la fréquence ou les 2 HP jouent ensemble (dans les basses fréquences à cause du pass bas 1 ordre)
L'inconvénient à fort SPL, c'est que le HP qui couvre le médium doit aussi fournir le grave, dont la reproduction demande une longue course de la bobine dans l'aimant, avec les difficultés de linéarité et d'entrainement que ça comporte, ça impose vite des limites de SPL...
De plus, le HP médium ne peut pas etre trop gros, 5", au grand grand max, si grand guide d'onde sur le tweeter.
Pour un HP de 6", le raccord doit etre encore plus bas en fréquence, plus le HP est grand, plus il fractionne tot en fréquence et plus il est directif (la directivité est conditionnée par la taille du piston devant lambda, soit le diamètre du HP devant la longueur d'onde maxi qui génère).
On vient de toucher les limites SPL des 2.5 et 3.5... elles sont limitées par la taille des HP et... avec une courses de HP doit etre importantes dans l'aimant, pour garder une bonne motricité / linéarité des moteurs.
Au dela d'un certain niveau SPL, il faut séparer dans un volume dédié le médium et couper bas le woofer, c'est une enceinte 3 voies pure... et le prix des composants explose si on reste en passif, là, l'actif prends tout son sens.
En restant en 2.5 ou 3.5, actif ou passif feront jeu égal et un ampli seul sera à l'aise dans une 2.5 (à condition, comme toutes les enceintes, que la courbe d'impédance ne soit pas torturée, par une volonté marketing et le mauvais chant des sirènes qui impose d'afficher un fort rendement, dont on se moque un peu en fait...)
Le rendement dépends du choix d'impédance des HP et du choix du montage en série ou // ... alors que le SPL est un ratio entre le rendement, l'impédance et le nombre de watts, mais la charge de l'ampli reste la même (U=RI...) alors que son comportement devient mauvais si l'impédance devient particulièrement basse...
Tout dépends donc de la taille de la salle, du SPL cible voulu et du taux de distortion admissible.
Une enceinte très performante (haut de gamme au vrai sens du terme) affichera un profil de disto bas, meme à fort SPL car sa capacité SPL est très forte, donc gros HP, donc 3 voies ou plus, donc filtrage actif.
Autre point côté amplification :
Sur une grosse enceinte avec Subwoofer, l'ampli est mis à mal pas les appels de courant, un subwoofer est un HP peu amorti pour qu'il résonne (c'est pour ça qu'il fait du grave).
Pour cette raison, son rendement est faible et il génère bcps de contre réaction, ce n'est donc pas conseillé d'amplifier les fréquences sensibles à fort SPL avec ce meme ampli, la bi amplification à là tout son sens.
Reste l'alignement temporel entre HP (gestion et respect de la phase), il se gère au 1/100ème de seconde en actif, au 1/50ème en passif, car en mesurant temporellement les centres émissifs, le positionnement du tweeter peut etre mécaniquement aligné sur le woofer (c'est juste une question de volonté de bien faire à la conception)
Conclusions :Il ne faut donc pas tout mélanger et bien comprendre le pourquoi de l'actif, sa supériorité était évidente il y a 10 ans, par manque de précision dans les calculs des valeurs de filtrages d'un filtre passif.
Avec l'arrivée de la Class D, on trouve des amplis qui ne coutent rien, des DSP qui ne coutent rien.
On a aucune idée des composants embarqués et du vieillissement dans le temps, est ce que ça marchera encore dans 5 ans ?
Ca coute tellement peu cher que bientot, faire de l'actif coutera moins cher que le prix du cuivre nécéssaire à la parfaite conception du filtrage d'une enceinte passive en 3 voies...
Mais quid de la qualité et perf de ces amplis et autres composants premiers prix ?
Quid de la disponibilité du bloc Class D + DSP et software dans 5 ou 10 ans ?
Perso, le tout intégré me fait peur, faut bien peser aussi ces problèmes.
Pour un SPL peu élevé, au moins on sait que le filtrage passif ne bougera pas, même dans 10 ou 15 ans (condo polypropylène only.. pas de chimiques...
)
Pour un SPL élevé et 3 voies réelle avec sub, le montage full actif ou hybrid est idéal, actif pour couper bas le ou les Subs, passif pour la section mid / aigu, pas cher, fiable et qui en plus protège les composants, permet de gérer les résonances des HP...
Excusez moi d'avoir été un peu long