En faisant des recherches personnelles sur la pianiste Magda Tagliaferro, je suis tombé là-dessus qui m'a bien amusé et rappelle que ces expériences instruments/reproduction ne sont pas récentes. En plus des séances organisées par les Phonographes Pathé dans les deux premières décennies du XXe siècle, que j'ai rapportées plusieurs fois sur HCFR, j'ai trouvé celle-ci organisée par la Société Charles-Cros à Paris... en 1932... A noter qu'on était déjà dans le domaine de l'enregistrement électrique : il semble d'après d'autres recherches que j'ai effectuées en leur temps que le premier disque commercial enregistré de façon électrique, l'ait été à New York, par le pianiste français Alfred Cortot pour RCA. Mais le procédé s'est répandu vitesse Grand V à une époque où l'amélioration objective des performances technique était une évidence :
Recorded in memory of the Faure and Mozart session on May 12, 1932 in the Sorbonne with
contralto Alice Raveau and a lecture by M. Donnay. The sound quality of the recording was considered so high that a confrontation was organized by the Charles Cros Society in Paris the same year with the "talking machine" and the artist playing the Turkish March successively!
Ce qui est toujours aussi intriguant, c'est de constater qu'aujourd'hui personne ne songerait à organiser la comparaison entre un piano à queue de concert joué par un pianiste et l'enregistrement sur 78 tours correspondant... tant le bruit de fond, la bande passante limitée, la distorsion du 78 tours rendrait inenvisageable cette comparaison...
En 1932, la magie de l'enregistrement pour des personnes nourries à 90 % de musique acoustique jouée dans l'instant et seulement 10 % de musique enregistrée pouvait faire encore prendre des vessies pour des lanternes, ce qui en dit long sur les phénomènes complexes et psychologiques de l'audition que certains refusent pourtant d'admettre sur HCFR et bien d'autres lieux d'échanges...
Et en dit long également sur l'entraînement qui fait que celui qui assisterait 50 fois aux démonstrations de Cabasse entendrait vraisemblablement des différences entre musique en direct et musique enregistrée qu'il n'avait pas entendues lors des premières séances...
Petit rappel d'une histoire qui se passait chaque année dans la classe du professeur Tomatis et de Michèle Castellengo, à la fac de Jussieu, haut lieu d'études sur l'acoustique : Tomatis faisait prendre en dictée phonétique une bande magnétique d'un propos dit par un Bushman d'Afrique du sud... Les étudiants donc retranscrivaient tout ce qu'ils entendaient : c'est la consigne qui leur était donnée... tout ce qu'ils entendaient...
Jamais aucun pendant toutes les années que Tomatis et Castellengo ont fait cette expérience, jamais, jamais, jamais un seul étudiant n'a noté les bruits de bouche, claquements de langues sur le palais et autres sons très sonores parfois faisant partie intrinsèque du langage de ces Africains en plus des consonnes et des voyelles... jamais.... pourtant ils sont très audibles... Les étudiants les éliminaient de leur audition, les reléguant en arrière plan, comme étant des défauts insignifiants ne sachant ni ne comprenant leur signification.
L'audition est un phénomène très très complexe qui repose sur des données objectives pour ce qui est de la réalité physique du phénomène et culturelles et contingentes pour ce qui est de la compréhension et de l'analyse en temps réel par l'auditeur..