Et bien, et bien mon installation évolue toujours et encore ; parfois à petits pas, parfois à grands pas mais à chaque fois vers le mirage d’un paradis audiophile dont jusqu’à présent l’enchantement se dérobait quand je croyais l’atteindre. Cette fois, ce serait un grand pas et je me demande si ce sera enfin le dernier, si j’aurai enfin trouver l’enchantement de la musique dans lequel je pourrais me sentir comblé.
Cette fois, je crois avoir franchi un pas de géant. J’ai acquis (une belle occasion venant de Suède) un ampli CAYIN SE 845 que je le destinais à la reproduction du haut du spectre dans mon installation (à partir de 700 c/s- moteur TAD 4001 sur pavillon ALTEC 1505 à 15 tuyères).
Les deux amplis mono de ma façon qui fonctionnaient jusqu’alors à cette place (et qui faisaient partie de la configuration de mon installation qui avait enthousiasmé mon ami Paul (jfacoustic) comme il l’a écrit dans ce sujet) avaient certes de grandes qualités, avec leur 300B EML MESH PLATE, un tube d’une vivacité et d’une musicalité exceptionnelles, mais ne pouvaient donner en revanche qu’une puissance limitée, ce qui pouvait engendrer une indéfinissable gêne malgré le haut-rendement du système, vraisemblablement une distorsion sous-jacente perceptible dans les grands forte d’orchestre ou sur les voix captées d’un peu près.
Mon nouvel ampli était d’abord une merveille à regarder avec ses deux hauts tubes 845 qui illuminent chaleureusement.
Mais ce fut ensuite un moment de déception. J’avais convoqué une nouvelle fois mes amis Paul et Robert pour leur présenter fièrement ma nouvelle acquisition et prendre leur avis. Je ne croyais recueillir que des louanges mais je ne reçus que des critiques. Ils ont jugé peu convaincant cet ampli, immédiatement dès le premier contact, et m’ont fait comprendre qu'il ne constituait en aucune façon un pas en avant mais bien plutôt plusieurs grands pas en arrière par rapport aux amplis 300B de ma façon qu’il remplaçait : mollesse congénitale, absence morbide de dynamique qui ôtait toute vie à la musique, mauvaise intégration avec les autres éléments de l’installation…Ils me disaient qu’ils ne retrouvaient pas la magie de leur audition précédente.
Leurs appréciations négatives, répétées sur plusieurs morceaux-tests, m’avaient désespéré et, le cœur gros, j’avais pris la décision de revendre l’appareil.
Mais avant d’en arriver à cette extrémité, j’ai voulu rechercher pour quelle raison ce CAYIN 845 présentait tant de défauts chez moi alors qu’il jouissait d’une excellente réputation. Je ne pouvais mettre en cause une absence de rodage puisque l’appareil m’avait été vendu comme étant un appareil de démonstration par un magasin de haute-fidélité.
La façon la plus évidente de modifier la sonorité d’un ampli à lampes est d’en changer les lampes.
Je me suis penché d’abord sur la première lampe dans la chaine d’amplification, celle qui amplifie en tension et sur laquelle repose en grande partie la qualité du résultat final, ici une demi 6SN7 (l’autre moitié étant destinée à la préamplification que je n’utilise pas). Il s’agit d’une lampe estampillé WE 6SN7 (probablement une SHUGUANG). Lors de l’audition avec mes amis, j’avais pu la remplacer par un tube 6SN7 RCA JAN. C’était un exemplaire NOS dans son emballage, daté des années 50 semble-t-il, que mon ami Robert avait reçu d’une voisine autrefois propriétaire d’un commerce d’électronique. Mon ami m’avait assuré qu’il avait déjà procédé préalablement à son rodage.
Il s’est révélé que ce remplacement ne se justifiait pas car, lors de mes essais subséquents, le tube RCA s’est révélé d’une qualité inférieure à la WE 6SN7 d’origine, cette dernière étant beaucoup plus dynamique, plus vivante, somme toute plus musicale. Il n’est donc pas exclu que ce tube NOS ait motivé en partie le jugement négatif de mes amis.
Restaient la 845 et la 300B qui drivait cette première. Je n’avais à ma disposition aucune 845 qui pût remplacer celle d’origine qui portait pour toute référence le simple sigle CAYIN (probablement un tube qualifié TAD en vente comme premier prix chez TUBE AMP DOCTOR dont la photo m’a permis de faire la comparaison). J’ai commandé une paire de 845 SHUGUANG WE REPLICA chez ce même fournisseur TUBE DOCTOR ; elles viennent d’arriver ; mais il faudra attendre qu’elles soient rodées avant de pouvoir effectuer une comparaison valable.
J’ai alors joué le tout pour le tout et j’ai remplacé la 300B fournie d’origine par CAYIN (sans aucune référence) par une de mes très précieuses 300B EML MESHPLATE en espérant que ce tube très délicat résisterait à son nouvel emploi.
Une photo de mon tube MESHPLATE avec son anode tressée à côté d'un tube KR à l'anode carénée:
- copie redimensionnée.JPG (21.55 Kio) Vu 347 fois
Le résultat fut époustouflant ! L’ampli s’était comme par magie transfiguré. Tout ce qui constituait ses points faibles était devenu une merveille d’harmonie. Le suivi de l’expression musicale y était devenu exemplaire. Sa faculté à vivifier la musique, qui était si piètrement absente précédemment, éclairait désormais chaque note (tant dans les impondérables accents dynamiques qui rythment la vie intime de la musique que dans les contrastes plus manifestes entre piano et forte qui lui créent son éclat), avec des timbres à la fois naturels et riches en couleur mais dépourvus d’une certaine dureté (surtout sur les forte de violons) que je ressentais parfois à l’écoute des amplis 300B de ma façon cependant équipés de ces mêmes tubes MESH (ce qui m’avait poussé à chercher mon bonheur dans un ampli 845).
J’ajouterai aussi (pour ceux qui auraient une opinion toute faite sur les tubes) sans une once de coloration mais avec la spontanéité des amplis sans contre-réaction (bien que l’ampli CAYIN permet en enfonçant un petit levier d’y introduire une contre-réaction modérée de 3db, modérée par rapport à la contre-réaction appliquée généralement dans les amplis à transistors. Je n'ai évidemment pas enfoncé ce levier).
Ainsi le tube 845 associé à un tube 300B de très grande qualité constitue un attelage puissant et harmonieux, pour lequel je ne trouve pas d’exemples dans ma mémoire d’audiophile qui lui soit comparable. La 300B MESH possède toutes les qualités musicales d’un tube exceptionnel mais pas la puissance suffisante (limitée à très peu de watts si on tient à le conserver longtemps) pour restituer sans crispation ni confusion les moments de grande amplitude sonore. Elle a trouvé dans la 845 la puissance qui lui manquait tout en conservant toutes sa splendeur native.
Ma conclusion est que le CAYIN 845 SE est bien un ampli qui offre un ensemble de qualités lui permettant d’être conforme à sa renommée, capable de restituer toute la musicalité des tubes d’exception qui pourraient le garnir. Il convient dans cette optique de veiller tout spécialement à la qualité des 300B qui constituent le cœur battant de l’appareil.
Ce n’est que mon avis.
Cordialement Olivier